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Au regard de la grave crise que connaît le monde aujourd’hui, on ne peut ne pas soulever ce questionnement lourd de sens : comment se fait-il que ce monde, qui est à un niveau de développement scientifique et technologique jamais atteint, soit si désorienté et si vulnérabilisé face à la pandémie générée par le Covid-19 ? Questionnement qui n’est pas sans receler en fait une profonde inquiétude partagée aux niveaux national et régional. La Méditerranée, dont on connaît la grande fragilité, n’est-elle pas en train de devenir l’épicentre amplifié de ce virus ? Certes l’humanité, faut-il le rappeler, en a connu pire. Mais en quoi cela peut-il être d’un quelconque secours dans le face-à-face qui nous oppose à un virus d’autant plus invisible, imprévisible et perturbateur qu’il n’arrête pas de muter ?
On sait que d’expériences en expériences, toutes malheureusement aussi tragiques que planétaires, l’humanité n’a eu de cesse de s’interroger sur elle-même, de redécouvrir l’extrême complexité de l’environnement où elle vit et, du même coup, son impuissance à dépister à l’avance les menaces susceptibles de remettre en question ses systèmes de vie et de survie, de gouvernance aux plans social, politique, économique et sanitaire. Avons-nous là l’illustration parmi tant d’autres de notre faiblesse, comme dirait Heidegger, à « habiter la terre » en cohérence avec elle et avec nous-mêmes ? Ou est-ce là tout simplement et en dernière analyse, selon les propos du poète Salah Stétié, la preuve d’une « infirmité secrète » de l’Homme ?
Le débat ne sera sûrement jamais clos quand il ne prendra pas des résonnances encore plus aiguës, chaque fois que l’Homme est frappé au cœur de son être par une nouvelle catastrophe. Le surgissement violent du Covid- 19, depuis déjà le mois de janvier, vient en effet montrer à quel point est long et périlleux le chemin qui reste à faire pour réduire la marge de l’imprévu, éclaircir autant que possible les pans d’opacité et d’inconnu auxquels l’Homme est cycliquement confronté. Quelle leçon tirer maintenant de l’état d’expectative où l’on se trouve et pour quel parti pris ? Les réponses, on conviendra, ne peuvent être que multiples, voire hétérogènes et contradictoires. Mais face au chaos, l’on ne doit pas malgré tout oublier que s’il y a un pic de l’épidémie, il y a aussi un pic de l’angoisse, et reconnaître qu’in fine la conquête sur l’immaîtrisable est toujours possible. N’est-il pas juste en effet de penser avec Hölderlin que « là où croît le péril croît aussi ce qui sauve » ? Force est d’admettre toutefois que ce principe d’espoir n’a d’intérêt que s’il engage un réel travail d’investigation sur des questions restées depuis longtemps sans réponse systématique et approfondie. Elles ont trait, en ce qui concerne notre région méditerranéenne, à tout un ensemble de défis qu’on tarde à relever dans les domaines de la promotion des ressources humaines, du partenariat économique, de la coopération scientifique, de la gestion des innovations technologiques, des transformations des écosystèmes, etc. Comment a-t-on accepté de troquer l’immunité collective contre l’immunité individuelle alors que nous sommes une Région où les valeurs de partage remontent à la nuit du temps ? La réponse n’est pas à chercher ailleurs que dans la crise que nous vivons. Avec le Covid-19, on prend désormais conscience, à notre corps défendant, que le projet d’une Méditerranée unie est encore un rêve hors de portée. Cette pandémie a révélé, en effet, à la fois son caractère stochastique et l’inexistence d’un système de prise de décision parfaitement concerté, maîtrisé et intégré. Aussi est-il compréhensible de lire ou d’entendre ici et là que : « Jamais ne sera plus comme avant » ! Il y aura certainement un avant et un après Covid-19.
Mais cela n’est-il pas sans ajouter au désarroi que le confinement est en train d’amplifier ? N’est-ce pas tomber dans l’excès d’un scepticisme généralisé qui risque d’être stérilisant ? Il importe plutôt de savoir raison garder. Nietzche avait très vite compris, après La Naissance de la tragédie, qu’il ne fallait plus compter sur « le tragique » pour partir à la quête d’un nouvel idéal humain. Certes les crises de grande ampleur, comme celle que nous vivons, sont de véritables catalyseurs de changement. Il faut croire, comme le pensait Hegel, au Travail du négatif. Beaucoup de structures comme beaucoup de métiers et de professions vont sûrement voir le jour dans les mois à venir. Beaucoup d’autres vont imploser ou exploser. De nombreux mécanismes de fonctionnement seront davantage privilégiés que d’autres. De nouvelles valeurs vont progressivement prendre forme. Mais les doctrines fondamentales vont-elles pour autant connaître le changement espéré ?
L’histoire nous donne en fait très peu d’exemples de crises mondiales ayant entraîné dans leur mouvement une véritable et profonde transformation des sociétés. Car ainsi que le disent certains spécialistes de la théorie du chaos, on a souvent tendance à « remettre à flot ce qui peut être sauvé du passé, plutôt qu’à construire l’avenir ». D’où pourrait alors venir le changement salvateur et de l’Homme et de son environnement ? Personne n’a sans doute la recette miracle, mais il y a tout lieu de croire que le recours à la science, à l’art et à la pensée aiderait pour beaucoup à l’impulser. Les préoccupations essentielles de ceux-ci, cela mérite d’être souligné, s’inscrivent au-delà des contingences de quelle que nature qu’elles soient. Ainsi, ils contribuent à émanciper la société de ses pesanteurs. Ainsi, ils la libèrent de ses démons (égoïsme, individualisme, ethnocentrisme) pour la conduire dans le bon sens de l’Histoire. A l’Université euro-méditerranéenne, on y croit dur comme fer. Car ce travail de synergie entre les grandes disciplines, où le souci du progrès est intimement lié à celui de l’homme, elle l’a commencé depuis déjà quelques années. Aujourd’hui, elle s’attèle à le redimensionner, comme pour repousser les limites du possible, en totale harmonie avec ses valeurs méditerranéennes. Ainsi, elle contribue aux efforts visant à doter le Maroc et sa région de dispositifs fiables de résilience, d’adaptation et de surpassement face à ce genre de crises. Il s’agit plus concrètement, comme l’a souligné récemment le président M. Mostapha Bousmina sur les colonnes de l’Economiste, de répondre à la demande sociale qui s’est faite sentir de façon forte à l’occasion du Covid-19, notamment dans les domaines de la santé, de l’ingénierie 3 D et des technologies des médias, de l’intelligence artificielle, de la communication sociale, de la valorisation et de l’innovation relatives au patrimoine, de l’économie de la gestion des crises, de la prévention sécuritaire... Que signifie donc pour nous repenser la Méditerranée en ce temps poignant du Covid-19 ? Si ce n’est autre qu’affirmer les choix programmatiques dont notre pays et ses voisins méditerranéens ont cruellement besoin. Il y va de leur devenir, il y va de leur souveraineté. Car, faut-il encore une fois le faire entendre, l’imprévu n’est jamais loin !
On sait que d’expériences en expériences, toutes malheureusement aussi tragiques que planétaires, l’humanité n’a eu de cesse de s’interroger sur elle-même, de redécouvrir l’extrême complexité de l’environnement où elle vit et, du même coup, son impuissance à dépister à l’avance les menaces susceptibles de remettre en question ses systèmes de vie et de survie, de gouvernance aux plans social, politique, économique et sanitaire. Avons-nous là l’illustration parmi tant d’autres de notre faiblesse, comme dirait Heidegger, à « habiter la terre » en cohérence avec elle et avec nous-mêmes ? Ou est-ce là tout simplement et en dernière analyse, selon les propos du poète Salah Stétié, la preuve d’une « infirmité secrète » de l’Homme ?
Le débat ne sera sûrement jamais clos quand il ne prendra pas des résonnances encore plus aiguës, chaque fois que l’Homme est frappé au cœur de son être par une nouvelle catastrophe. Le surgissement violent du Covid- 19, depuis déjà le mois de janvier, vient en effet montrer à quel point est long et périlleux le chemin qui reste à faire pour réduire la marge de l’imprévu, éclaircir autant que possible les pans d’opacité et d’inconnu auxquels l’Homme est cycliquement confronté. Quelle leçon tirer maintenant de l’état d’expectative où l’on se trouve et pour quel parti pris ? Les réponses, on conviendra, ne peuvent être que multiples, voire hétérogènes et contradictoires. Mais face au chaos, l’on ne doit pas malgré tout oublier que s’il y a un pic de l’épidémie, il y a aussi un pic de l’angoisse, et reconnaître qu’in fine la conquête sur l’immaîtrisable est toujours possible. N’est-il pas juste en effet de penser avec Hölderlin que « là où croît le péril croît aussi ce qui sauve » ? Force est d’admettre toutefois que ce principe d’espoir n’a d’intérêt que s’il engage un réel travail d’investigation sur des questions restées depuis longtemps sans réponse systématique et approfondie. Elles ont trait, en ce qui concerne notre région méditerranéenne, à tout un ensemble de défis qu’on tarde à relever dans les domaines de la promotion des ressources humaines, du partenariat économique, de la coopération scientifique, de la gestion des innovations technologiques, des transformations des écosystèmes, etc. Comment a-t-on accepté de troquer l’immunité collective contre l’immunité individuelle alors que nous sommes une Région où les valeurs de partage remontent à la nuit du temps ? La réponse n’est pas à chercher ailleurs que dans la crise que nous vivons. Avec le Covid-19, on prend désormais conscience, à notre corps défendant, que le projet d’une Méditerranée unie est encore un rêve hors de portée. Cette pandémie a révélé, en effet, à la fois son caractère stochastique et l’inexistence d’un système de prise de décision parfaitement concerté, maîtrisé et intégré. Aussi est-il compréhensible de lire ou d’entendre ici et là que : « Jamais ne sera plus comme avant » ! Il y aura certainement un avant et un après Covid-19.
Mais cela n’est-il pas sans ajouter au désarroi que le confinement est en train d’amplifier ? N’est-ce pas tomber dans l’excès d’un scepticisme généralisé qui risque d’être stérilisant ? Il importe plutôt de savoir raison garder. Nietzche avait très vite compris, après La Naissance de la tragédie, qu’il ne fallait plus compter sur « le tragique » pour partir à la quête d’un nouvel idéal humain. Certes les crises de grande ampleur, comme celle que nous vivons, sont de véritables catalyseurs de changement. Il faut croire, comme le pensait Hegel, au Travail du négatif. Beaucoup de structures comme beaucoup de métiers et de professions vont sûrement voir le jour dans les mois à venir. Beaucoup d’autres vont imploser ou exploser. De nombreux mécanismes de fonctionnement seront davantage privilégiés que d’autres. De nouvelles valeurs vont progressivement prendre forme. Mais les doctrines fondamentales vont-elles pour autant connaître le changement espéré ?
L’histoire nous donne en fait très peu d’exemples de crises mondiales ayant entraîné dans leur mouvement une véritable et profonde transformation des sociétés. Car ainsi que le disent certains spécialistes de la théorie du chaos, on a souvent tendance à « remettre à flot ce qui peut être sauvé du passé, plutôt qu’à construire l’avenir ». D’où pourrait alors venir le changement salvateur et de l’Homme et de son environnement ? Personne n’a sans doute la recette miracle, mais il y a tout lieu de croire que le recours à la science, à l’art et à la pensée aiderait pour beaucoup à l’impulser. Les préoccupations essentielles de ceux-ci, cela mérite d’être souligné, s’inscrivent au-delà des contingences de quelle que nature qu’elles soient. Ainsi, ils contribuent à émanciper la société de ses pesanteurs. Ainsi, ils la libèrent de ses démons (égoïsme, individualisme, ethnocentrisme) pour la conduire dans le bon sens de l’Histoire. A l’Université euro-méditerranéenne, on y croit dur comme fer. Car ce travail de synergie entre les grandes disciplines, où le souci du progrès est intimement lié à celui de l’homme, elle l’a commencé depuis déjà quelques années. Aujourd’hui, elle s’attèle à le redimensionner, comme pour repousser les limites du possible, en totale harmonie avec ses valeurs méditerranéennes. Ainsi, elle contribue aux efforts visant à doter le Maroc et sa région de dispositifs fiables de résilience, d’adaptation et de surpassement face à ce genre de crises. Il s’agit plus concrètement, comme l’a souligné récemment le président M. Mostapha Bousmina sur les colonnes de l’Economiste, de répondre à la demande sociale qui s’est faite sentir de façon forte à l’occasion du Covid-19, notamment dans les domaines de la santé, de l’ingénierie 3 D et des technologies des médias, de l’intelligence artificielle, de la communication sociale, de la valorisation et de l’innovation relatives au patrimoine, de l’économie de la gestion des crises, de la prévention sécuritaire... Que signifie donc pour nous repenser la Méditerranée en ce temps poignant du Covid-19 ? Si ce n’est autre qu’affirmer les choix programmatiques dont notre pays et ses voisins méditerranéens ont cruellement besoin. Il y va de leur devenir, il y va de leur souveraineté. Car, faut-il encore une fois le faire entendre, l’imprévu n’est jamais loin !