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Le peuple marocain célèbre, ce samedi, le 86ème anniversaire de la Bataille de Boufkrane, une page héroïque dans l'histoire de la résistance pour la dignité et une épopée glorieuse de lutte en faveur de la liberté et de l'indépendance.
La célébration de cette bataille appelée "eau douce", qui est inscrite indélébilement dans la mémoire collective nationale, est l’occasion de rendre hommage aux immenses sacrifices consentis par le peuple marocain pour briser les chaînes du colonialisme, tout en préservant les valeurs et les fondements de l'identité marocaine.
Cet événement historique rappelle le soulèvement massif de septembre 1937, initié par les populations de Meknès et de ses alentours, contre l'emprise des autorités coloniales françaises. Ce soulèvement fut en réaction à l'inique décret ministériel du 12 novembre 1936 visant à détourner les eaux de la vallée de Boufkrane au profit des terres coloniales pour l'irrigation, privant ainsi les habitants de Meknès de l'irrigation de leurs terres.
Cette décision pugnace engendra des conséquences néfastes sur la population, affectant ses conditions de vie. Les mesures de confiscation des terres et les pressions imposées aux agriculteurs et artisans entraînèrent des dommages économiques et sociaux pour les habitants de Meknès. Le mécontentement s'étendit à toutes les couches de la société, en particulier après l'échec des tentatives pacifiques du Comité de défense des eaux de la vallée de Boufkrane, composé de notables de la ville.
Selon les historiens, cette décision reflétait l'apogée de l'arrogance coloniale, d'autant plus que les eaux de la vallée de Boufkrane étaient soumises à un régime des habous au profit des habitants de Meknès sous le décret du Sultan Moulay Ismail depuis l'an 1006 de l’hégire. Les habous est une institution du droit musulman d'après laquelle le propriétaire du bien le rend inaliénable pour en affecter la jouissance au profit d'une œuvre pieuse ou d'utilité générale, immédiatement ou à l'extinction de dévolutaires intermédiaires qu'il désigne.
Réagissant contre cette injustice, les habitants de Meknès se mobilisèrent pour rejeter catégoriquement les décisions coloniales en prenant diverses mesures, notamment la création d'un comité national. Le 16 juin 1937, une pétition portant près de 1.500 signatures fut adressée à Feu SM Mohammed V ainsi qu'au Résident général.
Face à la répression et aux persécutions subies par les nationalistes, le mécontentement grandit parmi la population et suscita une grève générale à travers Meknès. Des manifestations pacifiques furent également organisées pour protester contre la privation d'accès aux ressources en eau de Boufkrane.
Des affrontements se déroulèrent entre le 1er et le 2 septembre, opposant les habitants de Meknès aux forces coloniales. Cette bataille héroïque devint un événement historique, témoignant du courage et de la détermination des habitants, motivés par l'esprit de résistance nationale contre le colonialisme.
Cette bataille renforça l'idée que la lutte des Marocains ne fléchirait pas face à l'arrogance du colonialisme. Au contraire, elle marqua le début d'une évolution de la lutte nationale, passant des zones rurales et montagneuses vers les centres urbains et ruraux. Ce passage marqua le changement d'une lutte militaire intermittente à une confrontation politique consciente, qui prit forme à partir du milieu des années 1930 dans toutes les villes et localités marocaines, jusqu'à la fin du protectorat et le recouvrement de l’indépendance.
La Bataille de Boufkrane fut la réponse à la politique du fait accompli tentée par les colons. Elle demeure un symbole épique de liberté et d'indépendance, éclairant les générations présentes et futures pour entretenir la flamme du patriotisme. Cette flamme perdure jusqu'à nos jours, constituant un socle pour continuer à édifier un Maroc uni, moderne, démocratique et prospère, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI.