-
Le régime syrien perd la ville d'Alep
-
L'Etat belge condamné pour le placement forcé d'enfants métis au Congo pendant la colonisation
-
Gaza compte le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde
-
L'Unrwa annonce suspendre la livraison d'aide par un point de passage clé depuis Israël
-
Biden en Angola pour tenir in extremis une promesse à l'Afrique
La région recèle 13% des réserves confirmées de l'Irak et fournit déjà un tiers de sa production, mais le ministère du Pétrole compte doper celle-ci en faisant appel à de grandes compagnies étrangères, pour la première fois depuis que le défunt président Saddam Hussein les a chassées, en 1972.
Décrépite et sale, la ville, avec ses immeubles en voie d'écroulement et ses murs écaillés, a certainement besoin d'un apport d'argent frais. Mais ses habitants, qu'ils soient arabes, kurdes ou turkmènes, doutent que leur cité bénéficiera de la manne.
"Kirkouk, c'est comme un dromadaire. Le dromadaire porte sur son dos or et autres richesses, mais, à la fin, il en est réduit à manger les rares épineux dénichés dans le désert", explique un élu local arabe, Mohamed al Djoubouri.
La région de Kirkouk est au centre d'une lutte de pouvoir entre le gouvernement central à dominante arabe chiite et la minorité kurde, un litige qui a pris le pas sur les clivages confessionnels dans la hiérarchie des périls pour la stabilité du pays. Les Kurdes revendiquent Kirkouk comme leur capitale historique et veulent la réintégrer au sein du Kurdistan, devenu depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003, une région largement autonome au sein de l'Irak. Mais cette idée est rejetée par le gouvernement central de Bagdad ainsi que par les Arabes et les Turkmènes de la ville, où l'insécurité persiste, comme dans toutes les villes ethniquement mixtes du Nord.
Les plus récents attentats à Kirkouk, dont deux qui ont fait à eux seuls une centaine de morts le mois dernier, pourraient bien d'ores et déjà avoir préparé le terrain à des représailles sanglantes, prévient le chef de la police locale, Djamal Bakr. Le pétrole est au cœur de cette violence. Des responsables américains estiment que la région pourrait bien receler jusqu'à 4,0% des réserves mondiales restantes.
"Nous tous, les Kirkoukis, aimerions que le pétrole fiche le camp. Il ne cesse de nous apporter que des souffrances", confie à Reuters le conseiller local kurde Aouat Mohamed. "Nos conflits tournent autour du pétrole. Voyez la ville: imagineriez-vous qu'elle est si riche? Elle ressemble à une cité du Moyen Age." "Je ne crois pas que quoi que ce soit ici s'améliorera avec un surcroît d'investissements dans le secteur pétrolier", estime Margaret William Youssouf, une chrétienne irakienne habitant la cité encerclée de derricks.
"L'argent va au gouvernement et ensuite c'est chacun pour soi. Pour nous, cela veut dire davantage de violences.".
Un appel d'offres lancé le mois dernier par le gouvernement central pour l'exploitation de plusieurs gisements dans tout le pays, dont deux champs importants situés dans la région de Kirkouk, n'a pas fait recette.
Mais le ministère du Pétrole s'est attiré les foudres du gouvernement régional kurde pour avoir voulu attribuer des gisements situés dans une zone litigieuse sans son consentement.
La persistance du conflit autour de Kirkouk entraîne des incertitudes pour l'ensemble du pays, estime le vice-Premier ministre Barham Salih, un Kurde. "La seule existence du conflit autour de Kirkouk entrave les investissements nécessaires pour doper la production pétrolière." Les Nations unies ont mis au point en avril un plan de règlement possible du litige, mais, selon le gouverneur kurde de Kirkouk, Abdel Rahman Moustafa, aucune partie prenante n'y a pour le moment réagi.
Les responsables irakiens restent toutefois optimistes, rappelant que les Cassandre qui prédisaient que la prochaine guerre en Irak aurait Kirkouk pour enjeu crient "au loup" depuis belle lurette.
"A la veille de la guerre de 2003, les analystes prédisaient déjà que Kirkouk était une poudrière qui déclencherait une guerre civile en Irak", rappelle le vice-Premier ministre Barham Salih.