L’hôpital Cheik Khalifa s’attaque aux erreurs d’identitovigilance

Un mal profond, méconnu, mais aux lourdes conséquences


Chaabi Chady
Lundi 4 Février 2019

Prodiguer le bon soin pour le bon patient. Cet axiome désignant l’identitovigilance, un principe fondamental des soins de santé d’un point de vue administratif, peut également avoir des conséquences multiples, plus ou moins graves, au niveau médical, pouvant aller d’une erreur d’administration de médicaments au diagnostic inversé et à l’erreur d’intervention. Une problématique fréquemment rencontrée aux quatre coins de la planète. D’ailleurs et afin de sensibiliser les parties prenantes dans ce processus, l’hôpital Cheikh Khalifa de Casablanca, via son comité d’identito-vigilance, a organisé une journée de sensibilisation au profit de son personnel de santé. « L’idée d’organiser cette journée est l’aboutissement de nombreuses réunions et travaux organisés par les membres du comité. Il s’agissait d’une part de sensibiliser le personnel paramédical par rapport aux enjeux de l’identité-vigilance », nous a indiqué  Asmaa Labrem, l’une des chevilles ouvrières de cet évènement, dont le comité d’identitovigilance de l’hôpital en est l’instigateur. Comité qui, par ailleurs, serait unique en son genre au Maroc, selon les organisateurs. Une hérésie au vu des risques potentiels en cas d’erreur. 
En effet, l’absence de fiabilisation de l’identité d’un patient, dans le système d'information d’un établissement de santé, expose à divers risques. Tout d’abord, pour les usagers eux-mêmes. Les malades étant impactés en premier lieu, occasionnant des dommages et générant des réclamations ou des plaintes. Ensuite, existent des risques d’ordre administratif, à l’instar des doublons (plusieurs dossiers potentiels non rassemblés avec perte d’informations) ou autre collision (deux personnes physiques confondues, voire un dossier pour deux personnes), débouchant souvent sur des risques d’ordre médical. Sans parler des erreurs de diagnostic (transmission d’un mauvais résultat), thérapeutiques (dans les cas d’homonymie), d’interventions chirurgicales, d’examens de laboratoires (avec des étiquettes ne correspondant pas au patient). Et enfin les conséquences liées à des considérations financières comme les difficultés dans la facturation et le recouvrement lorsque les données d’état civil sont inexactes. 
A l’hopital Cheikh Khalifa, « il y a des erreurs d’identitovigilance, cependant sans conséquences. Mais tout de même, on a enregistré des erreurs d’orthographe, de date de naissance, une donnée très importante au moment d’effectuer un bilan sanguin par exemple», a révélé Asmaa Labrem. Et de rassurer : «Dans ce cas, nous avons pu rectifier l’erreur en la signalant au laboratoire ». 
A la lumière de ces éléments, l’utilité de sensibiliser le corps médical de l’hôpital en question revêt un attrait particulier. Néanmoins, le patient a également un rôle primordial à jouer dans le bon déroulement de ce procédé. « Souvent, quand on parle d’identifier le malade, on oublie l’implication du patient lui-même dans ce processus. Car parfois, nos agents d’identification éprouvent énormément de difficultés au moment de persuader les patients à révéler leurs informations personnelles », se désole notre interlocutrice.
Il est vrai qu’au vu de l’état émotionnel et physique logiquement instables d’un malade qui se rend à l’hôpital, au même titre que les personnes qui l’accompagnent, cela peut créer une tension et une incompréhension sur l’importance de l’identification dans un moment d’urgence. C’est la raison pour laquelle le comité dudit hôpital projette aussi de sensibiliser les patients à ce sujet, notamment en ayant le réflexe de présenter leur pièce d’identité dès leur arrivée au Centre hospitalier. Une ambition qui va certainement être le thème de la prochaine journée d’identitovigilance.
 


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