Quatre ans après sa troisième place dans "son" Mondial, deux ans après avoir disputé, et perdu, la finale de l'Euro-2008, la Nationalmannschaft échoue encore dans la dernière ligne droite. Mais personne en Allemagne ou au sein de la Fédération allemande (DFB) ne qualifiera ce tournoi sud-africain d'échec et n'osera demander la tête de Joachim Löw.
Pour sa première Coupe du monde, le sélectionneur allemand a réussi le tour de force de reléguer le forfait sur blessure de son emblématique capitaine Michael Ballack au rang de péripétie.
Confronté à une cascade de forfaits de dernière minute (Ballack, Adler, Westermann, Trõsch), Löw, 50 ans, n'a pas dévié de sa philosophie, un collectif huilé au service d'un football offensif, et a même insufflé un supplément d'âme aux vice-champions d'Europe 2008 avec une équipe jeune, insolente même. Pour leur entrée en lice, les Allemands étourdissent les valeureux mais modestes Australiens (4-0) et la planète football découvre Thomas Müller, 20 ans et une seule saison de Bundesliga derrière lui, Mesut Ízil, le Messi allemand, ou redécouvre Lukas Podolski et Miroslav Klose, transfigurés en sélection.
Ramenée sur terre (0-1) par la Serbie, la plus jeune équipe d'Allemagne participant à une Coupe du monde depuis 1934 tremble contre le Ghana (1-0) pour arracher son billet pour les 8e de finale où elle donne une leçon (4-1) à l'Angleterre des Rooney, Terry, Gerrard et Lampard.
En quart de finale, Schweinsteiger, Klose et Müller infligent une correction à l'Argentine de Messi et Maradona (4-0), avant que l'Espagne, déjà victorieuse de la finale de l'Euro-2008 (1-0), ne mette fin à leur belle aventure (1-0 à nouveau).
Mais d'ici 2012 et l'Euro en Pologne et Ukraine, ou plus sûrement en 2014 pour la Coupe du monde au Brésil, il faudra compter avec l'Allemagne.
"Cette jeune équipe a emmagasiné beaucoup d'expérience, c'est important pour ces jeunes en vue des prochaines échéances", souligne Klose, 32 ans.
"Je suis un entraîneur qui ne se focalise pas sur les résultats et les classements. On peut être très content du football pratiqué durant ce tournoi et en particulier de notre style de jeu", renchérit Löw.
Si l'optimisme prévaut même si Ballack va devoir retrouver un rôle, un nuage assombrit l'horizon allemand: le contrat de Löw, meilleur sélectionneur allemand de l'histoire (38 victoires en 55 matches), a expiré le 30 juin.
"Jogi" est en position de force pour négocier un nouveau contrat. Mais rien ne dit qu'il repartira pour un nouveau mandat de deux ans: a-t-il vraiment digéré la rebuffade de la DFB qui, en janvier, invoquant ses prétentions salariales irréalistes, avait repoussé les négociations à l'après-Mondial?