Acause de la crise sanitaire actuelle, il y a tant de sujets importants qui sont passés, à tort, au second plan. La violence conjugale en est le parfait exemple. Le 25 novembre, ça vous dit quelque chose ? En temps normal, cette Journée internationale consacrée à l'élimination de la violence à l'égard des femmes aurait certainement fait la une des journaux. Mais à l’ère du nouveau coronavirus, elle a été éclipsée par les annonces concernant le lancement des différentes campagnes de vaccination, aux quatre coins du monde comme au Maroc. Pourtant, le sujet mérite une plus grande attention dans un pays où une femme sur deux affirme avoir été victime de violence physique ou psychologique. D’autant qu’au rythme où vont les choses, les violences conjugales, qu’elles soient physiques ou psychologiques, survivront malheureusement au Sars-Cov2. Prenant l’actualité à contre-pied, le Haut-commissariat au plan s’est penché sur cette problématique et y a consacré une étude mettant en lumière le pan financier d’une affreuse réalité. Ainsi, le HCP nous explique, et ce n’est certainement pas le scoop du siècle, que les violences conjugales ont un coût financier non négligeable. En effet, comme vous vous en doutez, des charges supplémentaires se greffent au budget du ménage où la violence conjugale sévit. Ce qui impacterait, par ricochet, inévitablement le niveau de vie des femmes ou de leurs ménages. Des coûts supplémentaires dont on pourrait citer le recours aux soins de santé, que ce soit de la part de la victime ou de son partenaire, et parfois même les deux. Mais aussi le recours « aux services judiciaires en cas de poursuite, destruction ou endommagement de biens, déplacement, hébergement» comme l’explique le Haut-commissariat au plan. Plus en détail, d’après l'organisme chargé de la production, de l'analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, parmi les victimes ayant eu des problèmes de santé suite à l’incident de violence physique le plus grave subi au cours des 12 derniers mois, 48% ont fait appel à au moins un prestataire de service de santé. Elles sont 40% à y faire appel suite à une violence sexuelle. Par ailleurs, et aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a encore des personnes qui violentent les femmes dans les lieux publics. C’est à croire que le nouveau coronavirus a choisi mal ses victimes. En tout cas, les femmes violentées dans l’espace public ayant eu des problèmes de santé et qui ont eu recours aux prestations médicales sont de l’ordre de 60% en cas de violence physique et 20% en cas de violence sexuelle. En outre, on apprend que pas moins de 7% des femmes victimes de violence physique et 2% de violence sexuelle dans le cadre conjugal ont déposé une plainte ou ont engagé des actions judiciaires suite à l’incident le plus grave de ces deux types de violence. Des proportions multipliées une fois qu’il s’agit de violence dans un cadre hors conjugal (22% et 3,3% respectivement). Et ce n’est pas tout. « Plus de 9% des femmes victimes de violence conjugale ont vu des biens personnels du ménage détruits ou endommagés suite à l’incident de violence physique, qualifié de plus grave, dont 37,5% des victimes ont dû les remplacer ou les réparer », révèle le HCP. Cette étude fondée sur les résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes et des hommes (2019), que l’on doit au HCP, et qui a été réalisée entre février et juillet 2019, avec l’appui d’ONU Femme au Maroc, a pris pour cible la population de filles et de femmes âgées de 15 à 74 ans ayant déclaré avoir eu des expériences de violence physique et/ou sexuelle au cours des 12 derniers mois. Elle souligne également que dans le cadre conjugal, 25% parmi les victimes de violence physique et 10% parmi les victimes de violence sexuelle ont souffert de blessures ou de problèmes psychologiques suite à l’incident de violence physique ou sexuelle le plus grave vécu au cours des 12 derniers mois. En chiffres, les troubles d’ordre psychologique sont de l’ordre de 60,2% suite à la violence physique et 79% suite à la violence sexuelle. Les sentiments de nervosité, de frustration et d’anxiété (24% en cas de violence physique et 18% en cas de violence sexuelle), les troubles du sommeil (16% et 17%), et une sensation de fatigue permanente (15% et 16%) en sont les principales incarnations. S’agissant des violences physiques, les femmes violentées « présentent des égratignures et ecchymoses (52,2%), des entorses et dislocations (11,2%), des incisions profondes et blessures graves (5,5%), des blessures au tympan ou aux yeux (5%), des fractures ou fissurations des os (5,2%), des cassures des dents (4,9%) », avance le Haut-commissariat au plan, avant d’ajouter que dans le cadre des violences sexuelles « les victimes souffrent surtout de blessures et déchirures au niveau des organes génitaux (13,6%), d’hémorragies (11,7%), de maladies sexuellement transmissibles (9%), de blessures et ecchymoses (6,6%) ainsi que de grossesses non désirées (3,5%) ».
C.E