L’autocritique est incompatible avec la lâcheté, la peur, l’hésitation et la faiblesse

Dites-le à l’autre


Par Omar Abbadi
Vendredi 16 Mai 2014

L’autocritique est incompatible avec  la lâcheté, la peur, l’hésitation et la faiblesse
Depuis toujours, les Etats ou les hommes désireux d’entreprendre des projets, qu’ils soient politiques, économiques, collectifs ou individuels, privés ou publics, d’investissement ou humanitaires, avant de s’engager, prennent le soin d’étudier les expériences précédentes, d’analyser les facteurs d’évolution et de régression, les raisons du succès et les causes de l’échec, dans le but d’avoir de meilleurs résultats dans un temps record et avec le moins de pertes possibles, étant donné que les facteurs de succès sont souvent les mêmes et ceux de l’échec aussi, et que le mécanisme de prise de décision est une science qu’il faut maîtriser.
D’où l’importance de l’autocritique, qui est devenue une nécessité qui doit être associée à tout projet. Elle ne doit pas être la conséquence d'un échec, elle doit accompagner le projet, comme on accompagne sa progéniture de l’enfance à l’adolescence, être en corrélation avec elle, pour corriger les erreurs et éviter les pièges, son rôle étant de tirer les leçons, d’apprendre des erreurs passées, de bénéficier des expériences, d'étudier toutes les éventualités, d’apprendre à prévoir les résultats supposés, d’analyser ceux obtenus, d’avoir conscience des facteurs de succès, et ceux qui sont derrière l'échec ou qui y ont contribué.
L’autocritique ou la révision de soi est une caractéristique de l'être humain, parce qu'il apprend de ses erreurs, bénéficie de ses expériences, examine les options, évalue les faits, accumule les données, et si tel n’est pas le cas, quel avantage a-t-il donc sur un animal sans conscience et sans mémoire, qui n’apprend pas de ses erreurs et ne les évite pas, qui commet tout le temps les mêmes fautes, avec des actions répétitives et sans créativité, une monotonie qui le conduit toujours aux mêmes abattoirs ?
L’autocritique est un procédé de sages, qui se soucient réellement de leurs projets, et de leurs intérêts, qui sont en quête du meilleur, qui sont francs avec ceux qu’ils représentent et qui les ont désignés, et au nom desquels ils agissent, et qui ne trahissent pas ceux qui leur ont accordé leur confiance, car viendra le jour où leur négligence et leur incapacité se révèleront au grand jour, parce qu’ils ont fermé les yeux sur des actions antipopulaires, se sont abstenus de les réexaminer, se sont tus quand il fallait parler, ont refusé de tirer profit des leçons, négligeant les sacrifices de la Nation et de ses enfants, qui ont payé le prix des expériences passées.
L’autocritique est le fait de gens honnêtes, clairs et transparents ; elle ne peut se faire sur la base de données erronées, de mensonges, de tromperies et de falsifications ; elle se construit sur les aspirations et les ambitions.
L’autocritique exige courage, force et bravoure, on ne peut se remettre en cause si on n’est pas audacieux et humble, si on ne reconnaît pas ses erreurs. L’autocritique est incompatible avec la lâcheté et la peur, avec l’hésitation et la faiblesse, elle est le fait de ceux qui aspirent à redresser, ceux qui aspirent au meilleur, et qui n’ont pas peur du désaveu, même si le prix à payer est la perte de leur position dans la pyramide du pouvoir.
Le peuple les a crus et a mis son destin entre leurs mains, il ne savait pas qu’ils allaient le tromper, il ne savait pas qu’ils allaient maquiller la réalité, lui faire miroiter des lendemains meilleurs et qui ne sont que des vœux pieux, il ne savait pas qu’ils allaient pratiquer la politique de la fuite en avant, il ne savait pas qu’ils allaient appliquer à la lettre des ordres venus d’ailleurs, même quand ils sont persuadés qu’ils jouent leur avenir politique.
L’histoire peut pardonner à des hommes qui ont entrepris des projets privés pour des intérêts personnels, s'ils se sont évertués à commettre les mêmes erreurs que celles déjà commises auparavant, mais l'histoire ne pardonnera jamais aux hommes qui ont entrepris des projets publics, à ceux qui sont censés encadrer le peuple, et qui contrôlent les destinées d’un pays, et dont les actions ont une répercussion directe sur les communautés et les peuples, sur leur pouvoir d’achat, leur travail, leur santé, leur éducation… à cette race d'entrepreneurs, l’histoire ne pardonnera pas la négligence, elle les jugera et les exclura tôt ou tard, car, aujourd’hui, il n'y a pas de place pour les saints ni pour les infaillibles qui se croient à l'abri de la sanction populaire et du jugement des urnes.
A ceux qui prétendent diriger le pays par la volonté des urnes, ayez la modestie de vous remettre en cause et de revoir votre copie, d’accepter la critique, de dire la vérité au peuple, lui révéler pourquoi l’étendue de cette gangrène qu’est la corruption ne fait que s’agrandir depuis deux ans et demi, alors que vous avez bâti votre programme et votre campagne électorale principalement sur la lutte contre cette dernière, expliquez-lui comment un ministre de votre gouvernement touche vingt fois plus qu’un salarié, expliquez-lui pourquoi un dirigeant d’un établissement public touche cinquante fois plus qu’un salarié du même établissement, expliquez-lui pourquoi la dette du Maroc n’a fait qu’augmenter durant ces deux ans et demi, dites-lui pourquoi toutes les réformes annoncées tardent à voir le jour, dites-lui…
 


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