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Le projet serait-il en train de mourir de sa plus belle mort ? Une année après sa constitution, les questions fusent, autant que les inquiétudes. Les colloques se multiplient. Les rencontres régionales n’en finissent pas d’explorer l’histoire d’un futur en pointillé dans un espace de toutes les passions, entre guerre et paix, qu’est la Méditerranée. Bref, tous veulent relancer, de manière forte et réfléchie, le débat sur l’Union pour la Méditerranée, après l’euphorie de l’acte constitutif d’une union rêvée par un Nicolas Sarkozy alors en campagne présidentielle.
Le 13 juillet 2008, l’UPM naissait. Déjà dans les divisions et les réticences de certains pays de la rive Sud de la Méditerranée. La maïeutique se fait alors dans la douleur. La constitution est célébrée en grande pompe. Sous les clameurs des bombes de T’sahal, la dynamique a été freinée dans son élan, comme paralysée. Très vite, l’Union pour la Méditerranée sera mise entre parenthèses, entre vie et mort. La guerre au Moyen Orient et le massacre de Ghaza ont semé un sentiment de haine et de désagrégation dans la région.
Au fil des mois, les regards se braquent ailleurs. L’Europe s’occupe de la crise financière internationale ; les pays arabes sont tout à leurs conflits ; certains d’entre eux veulent se retirer complètement du projet, notamment l’Egypte, d’autres ont gelé leur participation. Bref, les perspectives se font incertaines. Le générateur méditerranéen dégénère. L’avenir de la Méditerranée est menacé. Les équilibres régionaux se désagrègent, la méfiance est intégrale.
Habib El Malki, le président du Centre marocain de conjoncture, CMC, et membre dirigeant de l’USFP en est convaincu. Le processus de l’Union pour la Méditerranée est suspendu à la résolution du problème israélo-palestinien. « L’UPM est un projet politique qui est porteur d’une ambition inter-rives. La démarche est opportune parce que Barcelone n’a pas donné tous les résultats escomptés dans les domaines économiques et financiers mais aussi et surtout dans le domaine politique. Mais il ne faut pas que cette nouvelle démarche soit déterminée uniquement par des raisons de contrôle sécuritaire lié à la problématique migratoire », explique Habib El Malki.
L’Histoire se construit par la crise
L’Union pour la Méditerranée est-elle aujourd’hui un projet en panne ? Et surtout, comment faire revivre ce projet économique pour les uns, politique pour les autres ? Aujourd’hui, dans le cercle de ceux et celles qui ont fait de l’Euroméditerranée une passion, c’est la même itération qui revient sans cesse : ne pas baisser les bras, se mobiliser pour sauver la Méditerranée de toutes les incertitudes en vogue, relancer le dialogue, bref forger de nouveau un destin méditerranéen commun.
Ali Sedjari, le patron du GRET, Groupement de recherche espaces et territoires, fait partie de ceux qui continuent d’avoir la foi du charbonnier. Cet universitaire admet que la construction de l’UPM dans un contexte difficile, qui plus est dans une zone tourmentée. « Mais l’histoire se construit par la crise. On a bien vu l’épisode de l’Union européenne qui a pu aboutir après bien des guerres et atrocités. Aujourd’hui, il est essentiel de s’appuyer sur l’intelligence de tous les acteurs –institutionnels, société civile…- pour que soit reconstruit cet espace qui est exclu de la mondialisation. La Méditerranée a un bel avenir, à condition de changer les approches et d’agir sur les menaces et préjugés », soutient A. Sedjari tout en appelant à « la conversion de la crise de la Méditerranée en des projets ».
En ces temps de crise planétaire, les décideurs des deux rives sont fortement interpellés. Il faut reprendre le dialogue, se remettre autour d’une même table, prendre conscience d’un nécessaire destin commun. Et cela même si le théâtre méditerranéen, peut-être faut-il parler de tragédie, est jalonné d’ambiguités, de contradictions, de difficultés, de malentendus. Espace de toutes les contradictions où de grands projets économiques fédérateurs sont inaugurés en même temps que la radicalisation des affrontements politiques. Dans le vieux continent, l’engagement économique est une manière de surmonter cette contradiction alors qu’au Sud, la paix est considérée comme la priorité.
Lundi 13 juillet, Henri Guaino, le conseiller spécial du président Sarkozy l’affirmait : l’Union pour la Méditerranée est un combat permanent. « Cela fait un an que l’UPM a été portée sur les fonds baptismaux, elle a traversé des obstacles considérables. Le plus beau bilan est que l’Union est encore vivante et que beaucoup de gens continuent à y croire »