L’OMDH tacle le gouvernement Benkirane

Droits des femmes, législation pénale, amazighité, mécontentement social


Narjis Rerhaye
Lundi 21 Juillet 2014

L’OMDH tacle le gouvernement Benkirane
A chacun son bilan d’étape. L’Organisation marocaine des droits humains vient de procéder à celui du gouvernement Benkirane. L’évaluation est sans concession et l’analyse est sombre. A mi- mandat de l’Exécutif conduit par les islamistes du PJD, les activistes de l’OMDH ont égrené tous les motifs d’inquiétude et de préoccupation. Réunis en conseil national le 28 juin dernier à Rabat, ces défenseurs des droits humains ont tiré la sonnette d’alarme sur les reculs, les menaces, les retards opérés par la majorité au pouvoir.
C’est d’abord et avant tout la recrudescence des violences dans l’espace public et en particulier au sein des universités qui préoccupe fortement l’OMDH avant d’appeler à «la promotion des valeurs de tolérance, de dialogue, du respect de la diversité et du pluralisme, et de  la culture des droits humains». 
L’usage de la violence par les forces publiques contre des manifestations pacifiques et des mouvements de protestation revendicatifs est vivement condamné par cette association indépendante. L’OMDH le dit sans ambages: le gouvernement Abdelilah Benkirane doit veiller  «au respect de l’exercice du droit de réunion, de rassemblement et de  manifestation pacifiques».  «Notre protestation est vive et notre refus catégorique de toute atteinte à la liberté de pensée, d’opinion, d’expression,  de presse et de création dans tous les domaines», soutient une figure du conseil national de l’Organisation marocaine des droits humains.Les régressions enregistrées dans de nombreux projets de loi en préparation retiennent toute l’attention de cette ONG que préside M. Nachnach. « Ces régressions sont dangereuses. 
 
Les retards législatifs d’un gouvernement qui cristallise les reculs
Nous pensons par exemple au draft du projet relatif au Code de procédure pénale qui ne respecte pas les règles et normes relatives aux droits de la défense et du procès équitable. C’est la raison pour laquelle nous appelons à l’élaboration d’une législation pénale respectant les dispositions constitutionnelles et les normes internationales des droits humains. Nous avons également enregistré les reculs contenus dans   le  projet de l’Instance nationale d’intégrité et de prévention  et de lutte contre la corruption ainsi que ceux que porte le projet relatif au droit d’accès à l’information», explique ce membre du conseil national de l’OMDH.
De reculs en régression, les acquis arrachés de haute lutte n’en finissent pas d’être menacés. Et la menace n’a pas échappé à l’analyse de ceux et celles de l’Organisation marocaine des droits humains. Des menaces qui se cristallisent dans les droits des femmes et qui sont loin d’être une priorité pour le gouvernement Benkirane.  Dans un communiqué sanctionnant les travaux de son conseil national, l’OMDH revient sur les dernières déclarations du chef du gouvernement devant la Chambre des conseillers concernant les femmes marocaines. «Des déclarations traduisant une régression, une vision stéréotype et méprisante de la femme, ce qui constitue un recul et une atteinte flagrante à ses droits. A ce propos, l’OMDH rappelle au chef du gouvernement les obligations constitutionnelles sur la parité et la protection des libertés et droits fondamentaux», indique le communiqué.
L’Exécutif dirigé par Abdelilah Benkirane est également épinglé sur le retard pris dans «la mise en œuvre des nouvelles dispositions constitutionnelles, notamment celles liées à l’élaboration des lois organiques structurantes de l’édifice institutionnel de l’Etat, telles que celles relatives à la parité, l’officialisation  de la langue amazighe, la réforme de la justice et les instances de la gouvernance». «A travers notre Conseil nous avons demandé la prise en compte des engagements internationaux du Maroc, principalement dans le domaine des droits humains pendant l’élaboration de ces projets. Nous avons également fait valoir avec force que la participation effective des organisations de la société civile concernées est aussi essentielle que la satisfaction de leurs revendications», indique cette membre fondatrice de l’association.
 
La recrudescence des indices de mécontentement social
Au cœur de l’évaluation de cette ONG des droits de l’Homme, les mouvements sociaux et  les protestations sociales en nombre croissant, un peu partout dans le pays. L’Organisation marocaine des droits humains ne cache pas son inquiétude et  attire l’attention de ceux et celles qui nous gouvernent sur la recrudescence des indices de mécontentement social. L’Exécutif est mis face à ses responsabilités.  «Nous avons lancé un appel pour que soit activée l’instauration d’instances de médiation, de dialogue social entre le gouvernement et différents secteurs sociaux, afin de renforcer le rôle constitutionnel des organisations syndicales, professionnelles et civiles, et de faire valoir les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux».
Les activistes de l’OMDH n’occultent pas non plus la question de la torture en exprimant officiellement  leur grande préoccupation «quant aux cas de torture dans les centres de détention ayant provoqué des morts dans certains cas, ce qui est en opposition avec les dispositions constitutionnelles et juridiques criminalisant la torture». «A ce propos, l’OMDH appelle à l’ouverture d’enquêtes sur tous les cas de torture, à  en dévoiler les résultats dès leur achèvement, à la poursuite des personnes responsables et à en informer l’opinion publique», peut-on lire dans le communiqué rendu public cette fin de semaine par l’ONG. «De plus nous appelons ce gouvernement à accélérer la procédure de ratification  du Protocole optionnel de la Convention contre la torture et à ouvrir avec les parties concernées les concertations relatives à la mise en place d’un mécanisme national de prévention de la torture», ajoute ce défenseur des droits de l’Homme. La fin des violations des droits humains, fait remarquer notre interlocuteur,  passe nécessairement par la lutte contre l’impunité. 


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