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Ayant survécu à des mois de calvaire aux mains des jihadistes en Irak, Nadia Murad, qui devait recevoir lundi le prix Nobel de la paix, a brisé le silence pour devenir une porte-parole respectée de la minorité yazidie.
Visage fin et pâle encadré par de longs cheveux bruns, la frêle jeune femme de 25 ans s'est vu décerner ce prix en octobre aux côtés du médecin congolais Denis Mukwege, pour leurs efforts visant à "mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre".
Première personnalité irakienne à recevoir la prestigieuse récompense, Nadia Murad poursuit aujourd'hui le "combat" pour que les pays européens accueillent les déplacés yazidis et que les persécutions commises en 2014 par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) soient reconnues comme un génocide.
"Je suis une personne optimiste, ouverte par nature", a-t-elle confié dimanche à Oslo, à la veille de la cérémonie de remise du Nobel. "Depuis quatre ans, je vis en Allemagne, c'est un endroit sûr, mais je vis quand même dans la peur", a-t-elle cependant ajouté.
Pour défendre leur cause, les Yazidis ont une alliée de taille: Amal Clooney, l'avocate et militante des droits de l'Homme libano-britannique, qui a préfacé le livre de Nadia Murad, "Pour que je sois la dernière", paru en français en février.
Enlevée par l'EI, Nadia Murad, comme des milliers d'autres filles et femmes de sa communauté, a subi torture, viols collectifs, vente puis multiples reventes sur les marchés aux esclaves des jihadistes en 2014.
Cette année-là, l'EI a réussi à s'emparer de vastes secteurs du pays à la faveur d'une fulgurante offensive. En août, c'est le village de Nadia Murad près du bastion yazidi de Sinjar (nord), qui est pris d'assaut par les jihadistes.
Sur des pick-up surmontés de leur drapeau noir, les jihadistes ont fait irruption dans Kosho, tué des hommes, transformé les plus jeunes en enfants-soldats et condamné des milliers de femmes aux travaux forcés et à l'esclavage sexuel. Comme d'autres femmes, Nadia Murad a été conduite de force à Mossoul (nord), alors "capitale" de l'EI en Irak.
"Incapable d'endurer tant de viols et de violence", selon ses propres mots, elle prend la fuite grâce à l'aide d'une famille musulmane de Mossoul. Avec de faux papiers d'identité, elle rejoint un camp de déplacés au Kurdistan, à quelques dizaines de km à l'est de Mossoul.
Là, après avoir appris la mort de six de ses frères et de sa mère, elle prend contact avec une organisation d'assistance aux Yazidis qui l'aide à retrouver sa soeur en Allemagne.
Dans un poignant discours devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, celle qui a été nommée "ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains" raconte avoir été "mariée" de force à un jihadiste qui l'a battue.
Les jihadistes ont voulu "prendre notre honneur mais ils ont perdu le leur", assure-t-elle ensuite devant les députés européens.
Nadia Murad affirme que plus de 3.000 Yazidies sont toujours portées disparues, probablement encore captives.
Elle était de passage à Harvard quand le comité Nobel a appelé le 5 octobre pour lui annoncer son prix. "J'ai pensé à ma mère et j'ai beaucoup pleuré", se souvient-elle.
Pour elle, "la justice ne signifie pas tuer tous les membres de Daech ayant commis ces crimes", mais de les "traduire devant une cour de justice, les voir admettre leurs crimes contre les Yazidis et les punir pour ces crimes".
Pour les combattants de "Daech", acronyme en arabe de l'EI, et leur interprétation ultra-rigoriste de l'islam, les Yazidis sont des hérétiques.
Kurdophones, les fidèles de cette religion ésotérique ancestrale croient au Dieu unique et au "chef des anges", représenté par un paon.
C'est en Allemagne, dont elle loue régulièrement l'accueil des Yazidis, que Nadia Murad s'éveille au militantisme et devient une porte-parole écoutée de son peuple, qui comptait 550.000 membres en Irak avant 2014. Près de 100.000 ont quitté le pays et d'autres sont déplacés au Kurdistan.
Il y a un an, le Conseil de sécurité s'est engagé à aider l'Irak à réunir des preuves des crimes contre l'humanité et génocide perpétrés par l'EI, pour pouvoir juger des jihadistes devant des tribunaux irakiens.
Le "combat" de Nadia Murad lui a aussi réservé de bonnes surprises. Le 20 août, elle annonce sur Twitter ses fiançailles avec un autre militant de la cause yazidie, Abid Shamdeen.
"Le combat pour notre peuple nous a rassemblés et nous poursuivrons ce chemin ensemble", écrit-elle.
Visage fin et pâle encadré par de longs cheveux bruns, la frêle jeune femme de 25 ans s'est vu décerner ce prix en octobre aux côtés du médecin congolais Denis Mukwege, pour leurs efforts visant à "mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre".
Première personnalité irakienne à recevoir la prestigieuse récompense, Nadia Murad poursuit aujourd'hui le "combat" pour que les pays européens accueillent les déplacés yazidis et que les persécutions commises en 2014 par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) soient reconnues comme un génocide.
"Je suis une personne optimiste, ouverte par nature", a-t-elle confié dimanche à Oslo, à la veille de la cérémonie de remise du Nobel. "Depuis quatre ans, je vis en Allemagne, c'est un endroit sûr, mais je vis quand même dans la peur", a-t-elle cependant ajouté.
Pour défendre leur cause, les Yazidis ont une alliée de taille: Amal Clooney, l'avocate et militante des droits de l'Homme libano-britannique, qui a préfacé le livre de Nadia Murad, "Pour que je sois la dernière", paru en français en février.
Enlevée par l'EI, Nadia Murad, comme des milliers d'autres filles et femmes de sa communauté, a subi torture, viols collectifs, vente puis multiples reventes sur les marchés aux esclaves des jihadistes en 2014.
Cette année-là, l'EI a réussi à s'emparer de vastes secteurs du pays à la faveur d'une fulgurante offensive. En août, c'est le village de Nadia Murad près du bastion yazidi de Sinjar (nord), qui est pris d'assaut par les jihadistes.
Sur des pick-up surmontés de leur drapeau noir, les jihadistes ont fait irruption dans Kosho, tué des hommes, transformé les plus jeunes en enfants-soldats et condamné des milliers de femmes aux travaux forcés et à l'esclavage sexuel. Comme d'autres femmes, Nadia Murad a été conduite de force à Mossoul (nord), alors "capitale" de l'EI en Irak.
"Incapable d'endurer tant de viols et de violence", selon ses propres mots, elle prend la fuite grâce à l'aide d'une famille musulmane de Mossoul. Avec de faux papiers d'identité, elle rejoint un camp de déplacés au Kurdistan, à quelques dizaines de km à l'est de Mossoul.
Là, après avoir appris la mort de six de ses frères et de sa mère, elle prend contact avec une organisation d'assistance aux Yazidis qui l'aide à retrouver sa soeur en Allemagne.
Dans un poignant discours devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, celle qui a été nommée "ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains" raconte avoir été "mariée" de force à un jihadiste qui l'a battue.
Les jihadistes ont voulu "prendre notre honneur mais ils ont perdu le leur", assure-t-elle ensuite devant les députés européens.
Nadia Murad affirme que plus de 3.000 Yazidies sont toujours portées disparues, probablement encore captives.
Elle était de passage à Harvard quand le comité Nobel a appelé le 5 octobre pour lui annoncer son prix. "J'ai pensé à ma mère et j'ai beaucoup pleuré", se souvient-elle.
Pour elle, "la justice ne signifie pas tuer tous les membres de Daech ayant commis ces crimes", mais de les "traduire devant une cour de justice, les voir admettre leurs crimes contre les Yazidis et les punir pour ces crimes".
Pour les combattants de "Daech", acronyme en arabe de l'EI, et leur interprétation ultra-rigoriste de l'islam, les Yazidis sont des hérétiques.
Kurdophones, les fidèles de cette religion ésotérique ancestrale croient au Dieu unique et au "chef des anges", représenté par un paon.
C'est en Allemagne, dont elle loue régulièrement l'accueil des Yazidis, que Nadia Murad s'éveille au militantisme et devient une porte-parole écoutée de son peuple, qui comptait 550.000 membres en Irak avant 2014. Près de 100.000 ont quitté le pays et d'autres sont déplacés au Kurdistan.
Il y a un an, le Conseil de sécurité s'est engagé à aider l'Irak à réunir des preuves des crimes contre l'humanité et génocide perpétrés par l'EI, pour pouvoir juger des jihadistes devant des tribunaux irakiens.
Le "combat" de Nadia Murad lui a aussi réservé de bonnes surprises. Le 20 août, elle annonce sur Twitter ses fiançailles avec un autre militant de la cause yazidie, Abid Shamdeen.
"Le combat pour notre peuple nous a rassemblés et nous poursuivrons ce chemin ensemble", écrit-elle.