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Dès le premier coup porté, une clameur s’élève de l’assistance réunie autour du ring dans une petite maison dans l’ouest de Bagdad. L’arène, de 3 mètres de diamètre, est recouverte d’un tapis rouge et entourée de gradins comme dans un théâtre.
«Je viens ici depuis cinq ans, au moins une fois par mois», témoigne Ahmed Jabbar, 43 ans, propriétaire d’un magasin de produits sanitaires. «Je ne parie pas d’argent, je ne fais que regarder, ce jeu m’intéresse plus que tout, plus que le foot ou la télé», explique-t-il.
De nombreux Irakiens apprécient les combats de coqs —illégaux mais très répandus dans le pays— et les éleveurs peuvent espérer empocher plusieurs milliers de dollars en paris.
Ils privilégient les animaux de race dite Harati, d’origine turque ou indienne, et qui avec leurs pattes et leurs cous musclés sont considérés comme les plus puissants de tous les coqs. Leur prix peut atteindre 8.000 dollars.
Le combat a ses règles, détaillées sur une grande affiche accrochée à un mur. Il consiste en 8 rounds de 13 minutes, dont chacun est suivi d’une pose de 2 minutes, soit 2 heures au total.
Un coq est considéré comme perdant lorsqu’il a perdu 3 rounds d’affilée. Le round est perdu lorsque l’oiseau est resté tête au sol pendant plus d’une minute. L’éleveur, s’il craint pour sa vie, peut décider de le retirer de la compétition à condition de reconnaître la défaite.
Safa Abou Hassan, 42 ans, suit les compétitions depuis qu’il a 20 ans, et se rappelle encore d’un combat observé en 1993, «le plus acharné que j’aie jamais vu, entre deux coqs appartenant à de hauts responsables à Bagdad, avec des paris qui atteignaient quelque 1.500 dollars».
Le combat de coqs «rassemble des gens de toutes les régions et toutes les classes sociales, des officiers, des hommes d’affaires, des fonctionnaires, dans une atmosphère d’enthousiasme qui n’est comparable à celle d’aucun autre sport», souligne-t-il. Lui-même affirme ne parier que rarement.
Pendant ce temps, Daqdoqa et Sammam s’affrontent inlassablement, sautant en l’air dans des nuées de plumes et luttant sous les cris de dizaines de spectateurs. La cloche sonne à nouveau, annonçant la pause.
Les éleveurs s’avançent et versent de l’eau sur leurs protégés, nettoyant leurs blessures. Ils les font boire et leur massent les pattes. Un des gérants invite de nouveaux spectateurs à verser au pot. Les paris vont de 3 à 100 dollars.
Les combats se déroulent dans la soirée, mais s’interrompent de juillet à octobre pour permettre aux coqs de se reposer. Les éleveurs consacrent beaucoup de temps à leur élevage et à leur entraînement, et prennent soin de leur régime: viande, oeufs, épluchures de légumes...
Ali Salim, 60 ans, propriétaire du coq Sammam, est assis dans un coin du ring, où il fume cigarette sur cigarette tout en contemplant le combat. En face, son rival fait de même et se frappe la cuisse à chaque fois que Daqdoqa reçoit un coup sérieux.
«Les coqs peuvent parfois être tués et bien sûr cela nous attristerait, mais au bout du compte c’est un sport, et dans tout sport il y a un gagnant et un perdant», relève Mahmoud, éleveur depuis 20 ans, et qui possède actuellement 17 coqs. «Le plus fort que j’aie eu s’appelait Qerdash et il a gagné 7 matches de suite en 2009».
La cloche retentit une nouvelle fois alors que Daqdoqa s’est effondré pour la troisième fois, annonçant la fin du match. Sammam a gagné, et est salué par les applaudissements de la foule. Des parieurs hilares s’esclaffent: «Peut-être que ce coq a pris du viagra ?»