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Un premier convoi d'aide internationale est entré samedi au Nagorny Karabakh, où l'armée azerbaïdjanaise a montré à la presse, sur les hauteurs de la "capitale" Stepanakert, des centaines d'armes saisies aux séparatistes.
"Le CICR est passé par le corridor de Latchine pour apporter à la population 70 tonnes d'aide humanitaire principalement", a déclaré à l'AFP une responsable de la Croix-Rouge internationale au poste de contrôle arménien de Kornidzor, en Arménie.
L'Arménie accuse depuis fin 2022 Bakou de bloquer cette unique route qui la relie directement au Nagorny Karabakh pour y provoquer des pénuries dans l'enclave.
A Kornidzor, une poignée de soldats arméniens empêchent des civils rongés par l'inquiétude d'entrer au Nagorny Karabakh tout proche.
A l'aide d'une longue vue empruntée aux soldats, un homme tente d'identifier les dégâts dans le village d'Eghtsahog, presque à portée de main, de l'autre côté de la vallée. "Il y avait une église avant à cet endroit. Je ne vois plus le clocher: elle a été détruite", grommelle-t-il avant de s'éloigner.
Mardi, Eghtsahog a été bombardé. Par chance, personne n'a été tué et les 150 habitants ont trouvé refuge autour d'un camp de l'armée russe. Mais ils sont désormais coincés.
Yana Avanessian, 29 ans, ne peut plus quant à elle retourner à Stepanakert, où elle enseigne le droit. Selon elle, les Arméniens qui réussissent, quand les appels téléphoniques passent, à contacter leurs proches dans cette région décrivent une situation "horrible".
L'Azerbaïdjan a de son côté annoncé samedi procéder avec la Russie à une "démilitarisation" des forces sécessionnistes arméniennes, au cours d'un voyage de presse auquel participait l'AFP.
Dans les environs de Choucha, une ville du Nagorny Karabakh contrôlée par Bakou, non loin de Stepanakert, des centaines d'armes légères saisies aux séparatistes, mais aussi des chars marqués d'une croix blanche, ont été montrés aux journalistes.
Dans la cour dans laquelle l'arsenal militaire était exposé, était écrit en grandes lettres noires: "Le Karabakh est azerbaïdjanais".
L'Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette région sécessionniste en majorité peuplée d'Arméniens, remportant une victoire éclair. Les séparatistes ont accepté vendredi de rendre les armes.
Cette enclave montagneuse, qui avait été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, avait été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie: l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).
L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d'après les séparatistes arméniens.
A la tribune de l'ONU, l'Arménie a réclamé l'envoi "immédiat" d'une mission des Nations unies sur place.
"La communauté internationale devrait faire tous les efforts pour le déploiement immédiat d'une mission interagences de l'ONU au Nagorny Karabakh dans le but de surveiller et d'évaluer les droits humains et la situation humanitaire et sécuritaire sur le terrain", a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan, répétant les accusations de "nettoyage ethnique" dans la région. "L'Azerbaïdjan est déterminé à réintégrer les habitants arméniens de la région du Karabakh d'Azerbaïdjan comme des citoyens égaux", avait assuré à la même tribune son homologue azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov. "La Constitution, la législation nationale d'Azerbaïdjan et les engagements internationaux que nous avons pris sont une base solide pour cet objectif" a-t-il ajouté.
Lors d'un appel téléphonique avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a "exprimé la profonde inquiétude des Etats-Unis pour la population arménienne du Nagorny Karabakh", selon le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.
S'exprimant en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a pour sa part accusé certaines puissances occidentales d'avoir "tiré les ficelles" pour saper l'influence russe dans la région. Et "malheureusement, de temps en temps, les dirigeants arméniens ont mis de l'huile sur le feu", a-t-il estimé.
Encerclée par les troupes azerbaïdjanaises, la "capitale" du Nagorny Karabakh, Stepanakert, est privée d'électricité et de carburant et sa population manque de nourriture et de médicaments, a rapporté un correspondant de l'AFP sur place.
Les troupes azerbaïdjanaises "sont partout autour de Stepanakert, elles sont à la périphérie", a affirmé à l'AFP une porte-parole des autorités locales, Armine Hayrapetian.