"Notre équipe nationale a réalisé de grands résultats en se qualifiant pour le Mondial et la Coupe d'Afrique (CAN-2010). En cela, elle est la digne héritière de celle des années 1980 qui a joué deux fois la Coupe du monde, en 1982 et 1986, et gagné la CAN 1990", affirme à l'AFP l'ancien attaquant de l’Algérie Djamel Menad, actuel entraîneur de l'équipe de Bejaia (1re div.algérienne).
En 1982 en Espagne, l’EN algérienne avait maté l'Allemagne (2-1) grâce à des buts de Rabah Madjer et Lakhdar Belloumi.
Antar Yahia, l'auteur du but contre l'Egypte qui a qualifié les Algériens, est né à Mulhouse et a été formé à Sochaux. En 2010, l'Algérie sera aussi défendue par Karim Ziani (né à Sèvres, formé à Troyes) ou le capitaine Yazid Mansouri (né à Revin, formé au Havre).
"Les bons résultats ne sont pas le fruit de notre travail, mais celui des clubs formateurs en Europe", estime Menad, qui a participé à l'odyssée africaine de 1990. "A notre époque, le noyau de l'équipe nationale était constitué de joueurs locaux. Les émigrés venaient pour des postes précis", explique-t-il.
En qualifications, l'Algérie a aligné une équipe constituée en grande majorité de joueurs formés et évoluant à l'étranger comme Madjid Bougherra (Glasgow Rangers/SCO), Nadir Belhadj (Portsmouth/ENG), Rafik Saïfi (Al Khor/QAT) ou Karim Matmour (Moenchengladbach/GER).
Seuls deux titulaires évoluent dans le championnat local: le gardien Lounès Gaouaoui, très solide mercredi soir, et le milieu défensif Khaled Lemouchia.
"Heureusement qu'il y a ces joueurs émigrés, sinon l'Algérie ne se serait pas qualifiée", reconnaît Menad qui estime cependant "aventureux" de continuer à compter uniquement sur eux. Pour lui, "le noyau de l'EN doit être formé de joueurs locaux appuyés par quelques joueurs étrangers". Un avis partagé par Rabah Madjer, une autre gloire du football algérien des années 1980: "Cela permet d'organiser des stages, des rencontres amicales, entraînant une homogénéité du groupe". En outre, "priver les joueurs locaux de l'ambition de défendre les couleurs de leur pays risque de tuer le football local", affirme Menad. "Cette politique d'appel massif aux émigrés me fait peur", ajoute-t-il.
Le chef de rubrique sport du Quotidien d'Oran (privé, francophone), Aziz Mechouet, se félicite également "du renouveau des Verts".
"Les émigrés sont des Algériens avant tout et c'est grâce à eux que nous sommes qualifiés, avec aussi la bonne gestion de l'équipe nationale par la Fédération. Avant, c'était le bricolage total: les joueurs évoluant à l'étranger étaient convoqués en retard, leurs billets n'étaient pas pris en charge", rappelle-t-il.
"L'équipe nationale devrait être l'émanation des clubs locaux, mais malheureusement ceux-ci ont négligé la formation au profit du résultat immédiat", insiste Menad, estimant que le renouveau pourrait créer un élan: "J'ai une dizaine de CV de joueurs émigrés formés en France qui veulent jouer dans mon club".