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Si la lutte contre les virus est une guerre, lui est un général d'armée engagé sur deux fronts: en République démocratique du Congo, le Dr Jean-Jacques Muyembe coordonne à la fois la riposte à l'épidémie d'Ebola et du coronavirus.
Ce double combat va se poursuivre encore. La RDC ne proclamera pas comme prévu lundi la fin de l'épidémie d'Ebola dans l'est du pays, où un nouveau cas a été rapporté vendredi, après 52 jours d'attente et d'espoir sans nouveau malade, à trois jours de l'échéance.
"Nos équipes, en collaboration avec l'OMS, sont déjà sur le terrain pour approfondir les investigations et mettre en place les actions de santé publique", a indiqué le comité de "riposte" anti-Ebola que dirige le professeur Muyembe depuis juillet 2019.
A 78 ans, le virologue congolais jongle entre les deux épidémies, avec en prime une polémique sur les vaccins contre le Covid-19 que ce "digne fils du pays" a lui-même provoquée.
Sa déclaration sur de possibles essais en RDC a brouillé auprès d'une partie des Congolais l'image de ce "grand expert de la gestion des épidémies" comme le qualifie son compatriote, le gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.
Cet homme discret, modeste et souriant, qui fait facilement 10 ans de moins que son âge avec ses éternels favoris et ses chemises Vichy, travaille sur la maladie à virus Ebola depuis son identification en 1976 dans son pays, près de la rivière du même nom.
En septembre 1976, le jeune docteur en virologie, diplômé de l'université de Louvain (Belgique), est envoyé dans le nord de l'ex-Zaïre pour étudier une maladie encore inconnue qui frappe la région de Yambuku.
"Nous travaillions à mains nues, sans vêtements de protection. J'ai prélevé des échantillons de foie sur deux cadavres, à l'aide d'une tige métallique. Si je ne m'étais pas lavé les mains, je serais mort", raconte-t-il.
Il s'intéresse plus particulièrement à l'une des malades, une religieuse belge, dont un échantillon sanguin est envoyé à l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, en Belgique, dans un simple thermos remplie de glace (L'une des deux éprouvettes se cassera pendant le voyage).
"C'est à partir de l'échantillon de cette religieuse que le Dr Peter Piot a isolé pour la première fois le virus Ebola", affirme le docteur congolais.
Dépêché à Kinshasa, le chercheur belge Peter Piot relate dans ses mémoires avoir croisé dès son arrivée dans une réunion "Jean-Jacques Muyembe, un brillant jeune professeur zaïrois de microbiologie, pour lequel je développerai un profond respect par la suite".
Depuis 1976, les épidémies d'Ebola ont rythmé la vie du directeur de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa: "J'ai été présent pour chacune d'elles. J'ai consacré toute ma vie et toute ma carrière à lutter contre Ebola".
A la réapparition du virus en 1995 à Kikwit (sud-ouest), le professeur Muyembe tente une expérience: "Mon équipe a prélevé du sang chez des survivants et l’a administré à huit patients infectés par le virus. Sept d'entre eux ont guéri".
Lorsque se déclare l'actuelle épidémie d'Ebola en août 2018, le directeur de l'INRB travaille d'abord dans l'ombre du ministre de la Santé de l'époque, le Dr Oly Ilunga, un médecin de la diaspora aujourd'hui condamné pour détournement de fonds et qui clame son innocence depuis sa cellule de prison en accusant l'un de ses collaborateurs.
Cette dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais est la deuxième la plus grave de l'histoire, avec 2.273 morts.
Face au nouveau coronavirus, dont le premier cas est déclaré le 10 mars en RDC, c'est tout naturellement que le président Félix Tshisekedi mobilise de nouveau celui qu'il appelle un "digne fils du pays".
Rodé à l'exercice, le professeur Muyembe reprend alors d'interminables réunions avec les "partenaires" et les bailleurs de fonds, effaçant très rapidement le nouveau ministre de la Santé Eteni Longondo.
Personne ne contestait l'autorité du patriarche des épidémies, jusqu'à sa petite phrase il y a une semaine.
"Le vaccin sera produit soit aux Etats-Unis, soit au Canada, soit en Chine. Nous, nous sommes candidats pour faire les essais ici chez nous", a-t-il dit.
Marche arrière toute dans les heures qui suivent, devant l'indignation d'une partie des Congolais et des Africains déjà très remontés après le propos "provocateur" d'un médecin français suggérant de faire du continent un vaste terrain d'étude.
"Mon intention n'était pas d'affirmer que nous allons commencer la vaccination en RDC, sans qu'il soit testé en Amérique ou ailleurs. Je suis moi-même congolais et je ne permettrais jamais qu'on utilise les Congolais comme cobayes", tente de corriger le "général" Muyembe. La RDC a officiellement déclaré 215 cas de nouveau coronavirus, pour 20 décès et 13 guérisons.
Ce double combat va se poursuivre encore. La RDC ne proclamera pas comme prévu lundi la fin de l'épidémie d'Ebola dans l'est du pays, où un nouveau cas a été rapporté vendredi, après 52 jours d'attente et d'espoir sans nouveau malade, à trois jours de l'échéance.
"Nos équipes, en collaboration avec l'OMS, sont déjà sur le terrain pour approfondir les investigations et mettre en place les actions de santé publique", a indiqué le comité de "riposte" anti-Ebola que dirige le professeur Muyembe depuis juillet 2019.
A 78 ans, le virologue congolais jongle entre les deux épidémies, avec en prime une polémique sur les vaccins contre le Covid-19 que ce "digne fils du pays" a lui-même provoquée.
Sa déclaration sur de possibles essais en RDC a brouillé auprès d'une partie des Congolais l'image de ce "grand expert de la gestion des épidémies" comme le qualifie son compatriote, le gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.
Cet homme discret, modeste et souriant, qui fait facilement 10 ans de moins que son âge avec ses éternels favoris et ses chemises Vichy, travaille sur la maladie à virus Ebola depuis son identification en 1976 dans son pays, près de la rivière du même nom.
En septembre 1976, le jeune docteur en virologie, diplômé de l'université de Louvain (Belgique), est envoyé dans le nord de l'ex-Zaïre pour étudier une maladie encore inconnue qui frappe la région de Yambuku.
"Nous travaillions à mains nues, sans vêtements de protection. J'ai prélevé des échantillons de foie sur deux cadavres, à l'aide d'une tige métallique. Si je ne m'étais pas lavé les mains, je serais mort", raconte-t-il.
Il s'intéresse plus particulièrement à l'une des malades, une religieuse belge, dont un échantillon sanguin est envoyé à l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, en Belgique, dans un simple thermos remplie de glace (L'une des deux éprouvettes se cassera pendant le voyage).
"C'est à partir de l'échantillon de cette religieuse que le Dr Peter Piot a isolé pour la première fois le virus Ebola", affirme le docteur congolais.
Dépêché à Kinshasa, le chercheur belge Peter Piot relate dans ses mémoires avoir croisé dès son arrivée dans une réunion "Jean-Jacques Muyembe, un brillant jeune professeur zaïrois de microbiologie, pour lequel je développerai un profond respect par la suite".
Depuis 1976, les épidémies d'Ebola ont rythmé la vie du directeur de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa: "J'ai été présent pour chacune d'elles. J'ai consacré toute ma vie et toute ma carrière à lutter contre Ebola".
A la réapparition du virus en 1995 à Kikwit (sud-ouest), le professeur Muyembe tente une expérience: "Mon équipe a prélevé du sang chez des survivants et l’a administré à huit patients infectés par le virus. Sept d'entre eux ont guéri".
Lorsque se déclare l'actuelle épidémie d'Ebola en août 2018, le directeur de l'INRB travaille d'abord dans l'ombre du ministre de la Santé de l'époque, le Dr Oly Ilunga, un médecin de la diaspora aujourd'hui condamné pour détournement de fonds et qui clame son innocence depuis sa cellule de prison en accusant l'un de ses collaborateurs.
Cette dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais est la deuxième la plus grave de l'histoire, avec 2.273 morts.
Face au nouveau coronavirus, dont le premier cas est déclaré le 10 mars en RDC, c'est tout naturellement que le président Félix Tshisekedi mobilise de nouveau celui qu'il appelle un "digne fils du pays".
Rodé à l'exercice, le professeur Muyembe reprend alors d'interminables réunions avec les "partenaires" et les bailleurs de fonds, effaçant très rapidement le nouveau ministre de la Santé Eteni Longondo.
Personne ne contestait l'autorité du patriarche des épidémies, jusqu'à sa petite phrase il y a une semaine.
"Le vaccin sera produit soit aux Etats-Unis, soit au Canada, soit en Chine. Nous, nous sommes candidats pour faire les essais ici chez nous", a-t-il dit.
Marche arrière toute dans les heures qui suivent, devant l'indignation d'une partie des Congolais et des Africains déjà très remontés après le propos "provocateur" d'un médecin français suggérant de faire du continent un vaste terrain d'étude.
"Mon intention n'était pas d'affirmer que nous allons commencer la vaccination en RDC, sans qu'il soit testé en Amérique ou ailleurs. Je suis moi-même congolais et je ne permettrais jamais qu'on utilise les Congolais comme cobayes", tente de corriger le "général" Muyembe. La RDC a officiellement déclaré 215 cas de nouveau coronavirus, pour 20 décès et 13 guérisons.