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C’est le grand jour, le D day, enfin pour le nouveau président américain, Barak Obama, le 44ème de la série mais l’un des premiers à inaugurer une présidence inédite à plusieurs titres. Une journée historique qui arrive après une longue, une très longue période de transition s’étalant entre la date de la proclamation des résultats et le jour de l’investiture officielle avec la passation des pouvoirs et le serment solennel. Aujourd’hui, en effet, l’Amérique peut rejouer à la star universelle avec une séquence digne d’un grand film de Hollywood dont le scénario puise dans l’imaginaire contemporain focalisant l’attention bien au-delà des frontières américaines. Obama a redessiné en effet la géographie du mythe américain en lui donnant ses lettres de noblesse, en lui restituant son attrait éternel: Obama c’est le retour du rêve américain dans sa dimension internationale. N’a-t-il pas “gagné” les élections à l’étranger avant même le verdict des urnes des premiers concernés, les citoyens américains?
La cérémonie de l’investiture est vécue d’ailleurs comme un méga événement mobilisant les opinions publiques et les médias de toute la planète: une radio locale marocaine, un exemple microcosmique à l’image de quelque chose de plus vaste, n’a pas arrêté le long du week end dernier de promettre à ses auditeurs qu’elle va être au rendez-vous de l’histoire américaine et qu’elle va retransmettre en direct cet épisode charnière dans la vie politique américaine. Aux Usa, l’engouement est aussi passionnant. Nous assistons tout simplement à un phénomène marquant de la vie contemporaine. Un comportement révélateur d’un manque, d’une frustration. Une envie de désir, le désir de quelque chose d’autre. Le rêve d’un ailleurs; le désir d’un merveilleux au sens étymologique du mot. Obama figure d’un conte moderne. Le monde avait besoin d’un moment magique pour lui offrir une évasion. Même les belligérants d’un conflit absurde au moyen orient ont subitement décidé de cesser des hostilités relevant d’un autre temps pour ne pas gâcher la fête de l’arrivée d’Obama à la maison blanche.
Dans son pays, c’est un enthousiasme d’une ampleur inouïe qui accompagne son arrivée au pouvoir. Un écrivain de gauche ne cache pas son immense espoir : “ Mon enthousiasme à l’égard du nouveau président des Etats-Unis est total. Je suis prêt à parier qu’Obama respectera toutes les promesses qui sont en son pouvoir. Dans deux ans, il n’y aura plus aucun Américain en Irak et sans doute même avant. Le pays est brisé, l’économie s’effondre, chacun éprouve la récession dans sa vie quotidienne même s’il n’en est pas directement victime”…c’est quasiment pathétique. Cela dit, révèle d’abord l’ampleur des dégâts causés par les années Bush et bien avant lui. C’est une Amérique fatiguée de l’arrogance impérialiste et de la cupidité capitaliste qui dit enfin son désir d’un peu d’humanité. Et le hasard historique; que dis-je? C’est presque une oxymore : il n’y a pas de hasard dans l’histoire, il y a convergence de plusieurs facteurs qui fait que cela soit porté par Barak Obama. Et, me semble-t-il, dans le nouveau récit américain, le facteur humain lié en grande partie à la personnalité du jeune président, est primordial. Il incarne déjà des valeurs aux antipodes du modèle du manager né dans les années 80 qui écrase tout pour tracer sa réussite. Le manager “tueur”, cynique, arriviste, calculateur a vécu avec la chute de Wall street. Une bulle, qui a longtemps fait illusion, a fini par éclater renvoyant des millions de gens à la nouvelle misère. Obama vient d’une autre culture.
Vu d’Amérique, c’est un défenseur de toutes les qualités humaines et de leadership qui ont manqué si lamentablement au président Bush sur le départ. Autrement dit, la responsabilité des finances publiques, l’honnêteté, le sens pratique, la compassion, la transparence gouvernementale, la cohérence associée à une bonne volonté à admettre ses erreurs, à changer de cap si nécessaire et à savoir se couler dans ses nouvelles fonctions.
Tout un programme? Ou une lourde charge? Non la question qu’il faut se poser est de savoir si l’Amérique est prête à suivre, prête à ne pas être rapidement retombée dans ce détachement qui coupe les ponts entre les citoyens et le pouvoir…Mais n’anticipons pas, savourons à fond cette phase historique, laissons tout le temps au rêve…comme dans un beau film américain du temps de Frank Capra où un homme honnête et seul, mais aidé par un ange, peut encore changer le destin de tous.