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La directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), Imane Thami Alami, a analysé, dans un entretien accordé à la MAP, les enjeux du développement de l'agriculture bio au Maroc et le rôle de la recherche agronomique dans l'expansion de ce secteur à fort potentiel.
Comment expliquez-vous la non-atteinte de l'objectif de 40.000 hectares de culture bio, fixé dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) qui arrive à échéance en 2020?
Depuis le lancement du PMV, nous avons réussi à tripler les superficies certifiées bios par les deux organismes certificateurs agréés par la tutelle, passant ainsi de 4.000 ha à près de 12.000 ha en 2019. Il peut y avoir d'autres surfaces certifiées par d'autres organismes mais ceci ne changera en rien le gap qui noussépare de l'objectif 2020 fixé par le PMV. Cependant, les professionnels se plaignent du retard d'adoption de la loi sur la subvention à la certification bio et son décret d'application. Ce n'est qu'en septembre 2020 que le décret a été promulgué et son intégration dans la procédure du guichet unique virtuel sera effectuée en début 2021. De plus, l'interprofession doit être renforcée par les ressources humaines et appuyée par les directionsrégionales de l'agriculture et toute partie prenante susceptible d'apporter une plus-value à l'action vers la réalisation de cet objectif, qui sera encore plus défiant à l'horizon 2030, y compris la recherche agronomique qui est appelée à jouer un rôle important dans ce chantier.
Concrètement, quel est le rôle que peut jouer le marché bio pour doper la valeur ajoutée agricole, dans le cadre de la nouvelle vision agricole du Maroc?
Il faut savoir que les tendances du consommateur, qu'il soit marocain ou étranger, penchent généralement vers des aliments bios. Après toutes les problématiques causées par l'utilisation irrationnelle de produits chimiques de synthèse, le consommateur se trouve contraint à payer plus pour une garantie de conformité du produit consommé à certains standards. Le bio jouit d'une certification qui oblige l'agriculteur à respecter des techniques de production contraignantes, mais en contrepartie il offre un marché porteur et en pleine croissance. En effet, il existe d'ores et déjà une forte demande des produits bios, ce qui représente une niche où le savoir-faire de l'agriculteur marocain peut être valorisé et rentabilisé, et l'investissement dans cette niche peut être encouragé.
Quid de la recherche agronomique?
Comment pourrait-elle favoriser l'expansion du secteur bio au Maroc? La recherche agronomique peut faire beaucoup de choses pour soutenir la filière bio au Maroc. C'est notre rôle d'accompagner la consolidation des filières dans le cadre de la stratégie "Génération Green 2020-2030". Atteindre 100.000 hectares de superficies bios n'est pas un objectif facile à atteindre, mais il semble très réalisable au vu de ce qui est accompli dans des pays voisins comme la Tunisie qui atteint environ 35.000 ha en superficies bios. L'INRA est prête à collaborer à travers ses chercheurs de différentes disciplines (économistes, sociologues, entomologistes, microbiologistes du sol, agronomes, agro-technologues, etc) pour élaborer avec toutes les parties prenantes de ce chantier, des programmes de recherche pertinents à même de répondre aux problématiques de la filière, en proposant desinnovations, des technologies susceptibles de renforcer la filière. Nous avons déjà entamé des projetssur la fertilisation organique, la microbiologie dessols, la lutte biologique et la caractérisation de la qualité des produits. Notre futur programme de recherche continuera les efforts entrepris dans ces thématiques en s'appuyant sur une approche transdisciplinaire réunissant plusieurs partenaires dans des plateformes d’innovation dans les principaux hubs potentiels de production bio. Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a mandaté l'INRA pour développer une vision en vue de créer un Centre national de l'agriculture biologique en concertation avec les institutions de formation, de recherche et de conseil agricole. Le développement de la filière des productions biologiques se fera nécessairement à travers la recherche agronomique qu'il faut renforcer par des ressources humaines qualifiées et des équip
Comment expliquez-vous la non-atteinte de l'objectif de 40.000 hectares de culture bio, fixé dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) qui arrive à échéance en 2020?
Depuis le lancement du PMV, nous avons réussi à tripler les superficies certifiées bios par les deux organismes certificateurs agréés par la tutelle, passant ainsi de 4.000 ha à près de 12.000 ha en 2019. Il peut y avoir d'autres surfaces certifiées par d'autres organismes mais ceci ne changera en rien le gap qui noussépare de l'objectif 2020 fixé par le PMV. Cependant, les professionnels se plaignent du retard d'adoption de la loi sur la subvention à la certification bio et son décret d'application. Ce n'est qu'en septembre 2020 que le décret a été promulgué et son intégration dans la procédure du guichet unique virtuel sera effectuée en début 2021. De plus, l'interprofession doit être renforcée par les ressources humaines et appuyée par les directionsrégionales de l'agriculture et toute partie prenante susceptible d'apporter une plus-value à l'action vers la réalisation de cet objectif, qui sera encore plus défiant à l'horizon 2030, y compris la recherche agronomique qui est appelée à jouer un rôle important dans ce chantier.
Concrètement, quel est le rôle que peut jouer le marché bio pour doper la valeur ajoutée agricole, dans le cadre de la nouvelle vision agricole du Maroc?
Il faut savoir que les tendances du consommateur, qu'il soit marocain ou étranger, penchent généralement vers des aliments bios. Après toutes les problématiques causées par l'utilisation irrationnelle de produits chimiques de synthèse, le consommateur se trouve contraint à payer plus pour une garantie de conformité du produit consommé à certains standards. Le bio jouit d'une certification qui oblige l'agriculteur à respecter des techniques de production contraignantes, mais en contrepartie il offre un marché porteur et en pleine croissance. En effet, il existe d'ores et déjà une forte demande des produits bios, ce qui représente une niche où le savoir-faire de l'agriculteur marocain peut être valorisé et rentabilisé, et l'investissement dans cette niche peut être encouragé.
Quid de la recherche agronomique?
Comment pourrait-elle favoriser l'expansion du secteur bio au Maroc? La recherche agronomique peut faire beaucoup de choses pour soutenir la filière bio au Maroc. C'est notre rôle d'accompagner la consolidation des filières dans le cadre de la stratégie "Génération Green 2020-2030". Atteindre 100.000 hectares de superficies bios n'est pas un objectif facile à atteindre, mais il semble très réalisable au vu de ce qui est accompli dans des pays voisins comme la Tunisie qui atteint environ 35.000 ha en superficies bios. L'INRA est prête à collaborer à travers ses chercheurs de différentes disciplines (économistes, sociologues, entomologistes, microbiologistes du sol, agronomes, agro-technologues, etc) pour élaborer avec toutes les parties prenantes de ce chantier, des programmes de recherche pertinents à même de répondre aux problématiques de la filière, en proposant desinnovations, des technologies susceptibles de renforcer la filière. Nous avons déjà entamé des projetssur la fertilisation organique, la microbiologie dessols, la lutte biologique et la caractérisation de la qualité des produits. Notre futur programme de recherche continuera les efforts entrepris dans ces thématiques en s'appuyant sur une approche transdisciplinaire réunissant plusieurs partenaires dans des plateformes d’innovation dans les principaux hubs potentiels de production bio. Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a mandaté l'INRA pour développer une vision en vue de créer un Centre national de l'agriculture biologique en concertation avec les institutions de formation, de recherche et de conseil agricole. Le développement de la filière des productions biologiques se fera nécessairement à travers la recherche agronomique qu'il faut renforcer par des ressources humaines qualifiées et des équip