Histoires de survivants du séisme de Mexico


Samedi 19 Septembre 2015

Des milliers de personnes sont mortes lors du séisme qui a dévasté la ville de Mexico le 19 septembre 1985, mais quelques survivants et miraculés ont marqué l'histoire de cette tragédie.
Alors que le Mexique s'apprête à commémorer samedi les 30 ans de ce tremblement de terre d'une magnitude de 8.1 sur l'échelle de Richter, voici les histoires d'un bébé miraculé, d'un étudiant à la main broyée devenu chirurgien esthétique et d'une équipe de secouristes fondée au milieu des décombres.
Jesus Francisco Rodriguez Santamaria avait seulement quatre jours lorsque l'hôpital dans lequel il est né s'est effondré, lui plantant une tige en métal dans la poitrine.
"Ma vie ne tenait qu'à un fil lorsqu'ils m'ont sauvé. La tige de fer m'a fait pleurer et c'est comme cela qu'ils m'ont entendu", raconte-t-il.
Sa mère, en revanche, n'a pas survécu. Elle fait partie des 6.000 à 20.000 personnes, selon les sources, décédées ce jour-là.
Rodriguez, qui a fêté ses 30 ans le 15 septembre, fait partie des 14 nourrissons sortis miraculeusement vivants des décombres de l'hôpital Juarez. Le président de l'époque, Miguel de la Madrid, les a déclarés "Enfants de la Nation".
Un fonds spécial a été créé pour eux, mais qui a pris fin lorsqu'ils ont été en âge d'aller à l'université.
Rodriguez, qui a travaillé dans une station-service durant 18 ans, a récemment commencé des études de droit. Les blessures dont il a souffert durant les premiers jours de sa vie lui valent de claudiquer mais il peut tout de même jouer au football.
Ce miraculé a trouvé de la force à travers l'affection de son oncle et de sa tante, qui l'ont adopté, et le médaillon de la vierge Marie qui a été trouvé dans son minuscule poing fermé, pendant son sauvetage. Personne ne sait qui l'a mis là.
Francisco Bucio étudiait la chirurgie plastique au 4e étage de l'Hôpital général de Mexico avec son meilleur ami, Angel, lorsque l'onde sismique a frappé la capitale à 07H19 du matin.
"Soudain le bâtiment (de huit étages) s'est penché puis s'est effondré au milieu de l'obscurité totale. J'ai réalisé que mon bras droit était bloqué et ma main broyée. J'ai pensé : +Ma carrière est fichue+", se souvient-il.
"J'entendais les cris de ceux qui étaient bloqués comme moi, mais peu à peu ils sont devenus silencieux", raconte Bucio. "J'ai passé quatre jours comme ça".
Alors que les sauveteurs avaient abandonné les recherches, ses six frères ont continué à retourner les décombres jusqu'à parvenir à l'en extirper. Son meilleur ami par contre est décédé.
Des médecins aux Etats-Unis ont réparé son pouce et remplacé ses quatre autres doigts par deux de ses orteils, lui donnant ainsi de quoi tenir un scalpel.
Bucio, 58 ans, dirige aujourd'hui une clinique esthétique à Tijuana, ville frontalière avec les Etats-Unis.
Adrian Perez fait partie des milliers de Mexicains qui se sont portés spontanément volontaires pour chercher des survivants dans les décombres.
A l'époque, il travaillait comme un ingénieur dans un quartier qui n'a pas subi de dommages.
"Sans même réfléchir", il a foncé vers l'un des quartiers les plus sévèrement endommagés de la capitale, Roma, "qui ressemblait alors à une zone de guerre", raconte-t-il.
Sa première mission a été de retirer des bouteilles de gaz "écrasées comme un sandwich" dans un lycée.
Après cela, il a rampé entre les murs écroulés ou instables pour atteindre une jeune femme qui gémissait, coincée entre des objets et des cadavres.
"Quand j'ai commencé à escalader des escaliers en spirale, quelqu'un a allumé une lampe de poche, et soudain j'ai découvert des têtes, des bras, des corps devant moi, tandis que les gémissements de la fille se poursuivaient", se souvient-il.
"Il a fallu 12 heures pour la sortir de là. Elle nous demandait de la laisser dormir".
Perez est maintenant chef des opérations du groupe des "Topos", une association civile qui a été créée peu après le drame.
Depuis lors, les "Topos" sont intervenus sur des désastres dans le monde entier, notamment lors du séisme au Népal en avril dernier ou encore après le tsunami de 2004 en Asie.
"Je n'ai jamais pensé aux risques. J'étais seulement une partie de cette force constituée par toute la population, qui aidait - sans tenir compte des classes sociales - tous ceux qui avaient besoin d'aide" raconte Perez, encore ému.


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