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"C'est la meilleure station de Russie! C'est extrêmement varié, on a des pistes difficiles, des faciles, des étroites, des larges. Les gens sont heureux et le personnel est à l'écoute!" Venu y passer quelques jours avec des amis, Evguéni Anitchkine ne tarit pas d'éloges quand on lui demande ce qu'il pense de Rosa Khutor.
Ce Moscovite de 40 ans, commercial pour une entreprise métallurgique, vient deux ou trois fois par hiver pour un long week-end de ski. De la capitale russe, 2h30 de vol suffisent pour rejoindre Sotchi, suivies de 45 minutes de bus ou de taxi sur une route flambant neuve.
"Avant, il n'y avait que les ours qui couraient ici", s'amuse Anton Kravtchouk, moniteur pour une des nombreuses écoles de ski de Rosa Khutor.
"Avant", c'était avant les Jeux olympiques de Sotchi, les plus chers de l'histoire --36 milliards d'euros-- qui ont totalement refaçonné la région et repoussé les ours plus loin dans le Caucase.
La Russie a été critiquée pour les sommes faramineuses investies dans les infrastructures sans grande utilité une fois les JO passés. Mais la station, inaugurée dans la foulée des Jeux, enchaîne les bonnes saisons touristiques et renoue avec l'actualité sportive en accueillant samedi et dimanche une étape de la Coupe du monde féminine de ski.
"Vous voyez que les doutes sur le devenir des infrastructures des JO étaient inutiles", martèle le vice-président de la station, Alexandre Belokobylski. "On a eu une hausse folle de fréquentation les deux premières années puis ça s'est stabilisé et nous connaissons depuis une légère augmentation annuelle de 5-7%".
La saison dernière, du 15 décembre à fin avril, la station a accueilli 920.000 skieurs.
D'en bas, Rosa Khutor peut étonner: le principal village de la station est dans la vallée, à 500 mètres d'altitude. Les températures y sont rarement négatives, la neige quasi-absente mais plusieurs téléphériques permettent de rejoindre le domaine skiable.
Depuis le sommet des pistes à 2.320 mètres d'altitude, les skieurs peuvent embrasser d'un même regard, par beau temps, la chaîne du Caucase et la mer Noire.
Depuis son ouverture, la station a continué à s'agrandir: elle compte aujourd'hui une trentaine de remontées mécaniques et le nombre de kilomètres de piste est passé de 74 à 102.
Ce développement fait grincer des dents les protecteurs de l'environnement. Rosa Khutor a "déjà beaucoup détruit l'écosystème et prévoit de s'agrandir sur le territoire d'un parc national", dénonce Mikhal Kreindline, de Greenpeace Russie.
Reste qu'en Russie, un tel domaine skiable fait figure d'exception: si le pays compte plus de 300 stations de ski alpin, la plupart sont vétustes et peu d'entre elles disposent de plusieurs remontées mécaniques.
"On travaille constamment à améliorer la qualité des services", assure Alexandre Belokobylski, qui cible les Russes habitués à aller skier à l'étranger. "En comparant ce qu'ils voient ici avec ce qu'ils voyaient (en Europe), ça leur laisse une bonne impression. Pour beaucoup, c'était inattendu".
L'argument est aussi financier. Depuis 2014, le rouble a perdu presque la moitié de sa valeur par rapport à l'euro, rendant d'autant plus chères les vacances à l'étranger pour les Russes.
Anton Kravtchouk, qui a travaillé deux ans à Andorre avant de revenir enseigner le ski en Russie, avance une autre explication: "Ce n'est un secret pour personne que les Russes n'aiment pas énormément parler une langue étrangère. Ici, ils ne sentent pas de barrière".
"Venir ici prend peu de temps, d'argent et d'énergie. C'est d'un niveau équivalent à ce qu'on peut trouver en Europe, sauf que c'est local", résume une skieuse moscovite, Iaroslava Serdjouk.