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Pourtant, cette annonce a fait rire sous cape plusieurs experts nationaux. Pour eux, la ministre a fait du neuf avec de vieux.
« Cet engagement a été déjà pris de manière claire en 2009 dans le cadre de la Stratégie énergétique nationale dont l’objectif, entre autres, a été d’accélérer le développement des énergies à partir de sources renouvelables, particulièrement éoliennes, solaires et hydrauliques et d’ériger l’efficacité énergétique en priorité nationale », nous a indiqué Mohammed-Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l'Université Hassan II et membre du GIEC avant de poursuivre : « Cette stratégie comptait réduire de 12% la consommation énergétique d’ici 2020 et 15% d’ici 2030 et, par ricochet, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de millions de tonnes ».
En effet, depuis 2009, un certain nombre de mesures ont été prises afin notamment de réduire les émissions de GES dans le secteur de l’énergie. Une étude menée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur la politique énergétique du Maroc a révélé que « le Royaume a travaillé en collaboration étroite avec les agences de développement multilatérales et bilatérales afin d’instaurer non seulement des programmes d’amélioration de la gestion environnementale et de promouvoir un certain nombre de projets susceptibles de bénéficier du Mécanisme pour un développement propre des Nations unies, mais aussi du Plan d’action technologique visant à identifier les technologies les mieux propices à l’atténuation du changement climatique ».
Mais, notre source va plus loin. Elle estime que cette annonce du ministre ne colle pas avec les politiques publiques relatives aux changements climatiques prises par le gouvernement. « Entre les discours officieux et la réalité, il y a tout un gouffre qui ne cesse de s’élargir. S’il est vrai que le Maroc a pris des engagements en matière de sauvegarde de l’environnement, il reste, pour autant, le problème de leur mise en place », nous a précisé Mohammed-Saïd Karrouk avant d’ajouter : « Aujourd’hui, la question des changements climatiques nous impose deux défis majeurs : promouvoir ce qui existe déjà en matière d’infrastructures et adapter les nouveaux projets à la nouvelle situation climatique. Pourtant, rien n’est entrepris dans ce sens par l’Exécutif comme en atteste, d’ailleurs, l’exemple des nouvelles villes dont les infrastructures ont été conçues selon les vieux schémas et qui ne répondent pas aux nécessités induites par les changements climatiques ».
Même son de cloche de la part de Mohammed Benjelloun, expert à l’environnement. D’après lui, il y a une dichotomie entre le discours officiel du gouvernement et sa traduction dans la réalité. « C’est absurde de s’engager à réduire d'au moins 13% les émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030 alors qu’on encourage la construction d'une méga-centrale à charbon à Safi », nous a-t-il déclaré. En effet, la consommation des énergies fossiles demeure la principale cause d’émissions de gaz à effet serre au Maroc bien que nous soyons un pays dont les émissions de GES sont faibles par rapport à la moyenne mondiale. En 2004, la moyenne mondiale était de 4,5 tonnes métriques de CO2 par habitant contre 2,5 tonnes par habitant pour le Maroc, selon des statistiques émanant de la Banque mondiale.
Autre bémol que suscite cet engagement du gouvernement : qui va payer la facture ? Selon la ministre déléguée à l'Environnement, cette réduction nécessitera un effort financier de la part du Royaume estimé à 10 milliards de dollars. « On doit poser la question : qui va payer cette somme et pour quelle utilité ? », s’est demandé le climatologue Saïd Karrouk. Une interrogation légitime puisque certaines analyses ont démontré que l’utilisation des énergies renouvelables d’ER (éolien, solaire et hydraulique) est coûteuse au niveau de son installation et qu’elle ne contribue nullement à la diminution de l’utilisation d’autres sources d’énergies notamment auprès des populations rurales pauvres. « Ainsi, le pays sera-t-il toujours exposé à la déforestation qui a pour grave conséquence, à part la perte de la biodiversité, la diminution de la disponibilité des ressources en eau, et par conséquent l’accroissement de la vulnérabilité de la population face aux changements climatiques », a conclu Sara Atouk, auteur du livre « Les énergies renouvelables et les populations rurales pauvres : cas du Maroc ».