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Ils sont entre 55.000 et 60.000 détenus à remplir les prisons marocaines. Un nombre fluctuant qui change au gré « des rafles par exemple », sachant que la détention préventive se paie ici la part du lion. 60% des pensionnaires des établissements pénitentiaires ont entre 14 et 40 ans et appartiennent donc à la catégorie « productive » alors que les mineurs continuent de grossir les chiffres de la détention. Assia El Ouadie dit haut et fort sa conviction : la place d’un enfant, forcément victime, n’est pas dans une prison et la solution ne saurait être dans la privation de liberté. « Un programme à l’adresse des juges des mineurs, appelés à imaginer des sanctions autres que l’emprisonnement, est en préparation », annonce celle qui a en charge les centres de réforme destinés aux mineurs.
Combien coûte un prisonnier à l’Etat marocain ? « De plus en plus cher », répond le délégué général. Pour sa seule nourriture, 15 dhs par prisonnier et par jour sont dépensés. « Avant, on dépensait 5 dhs par jour », rappelle notre interlocuteur. « D’autres frais s’ajoutent à cela. Je veux parler des frais médicaux. Il faut savoir qu’en moyenne un détenu effectue 5 visites médicales par an. Je ne vous parle pas des frais d’électricité et d’eau. La délégation générale de l’administration pénitentiaire compte aujourd’hui des arriérés de 9 milliards de centimes en ce qui concerne la seule facture d’électricité. Nous avons eu des revendications aux termes desquelles chaque prisonnier voulait son propre réchaud électrique dans la cellule. Au-delà des questions de sécurité parce qu’un incendie est vite arrivé, il ne faut pas oublier que c’est le contribuable qui paie la facture », souligne H. Benhachem avant d’ajouter que « des grèves de la faim ont été entamées à cause de cela. Ce ne sont pas là des droits acquis mais des dépassements qui peuvent coûter cher en matière de sécurité. Rappelez-vous de l’incendie de la prison d’El Jadida qui a provoqué la mort de 55 détenus et de celui de Casablanca où 25 autres ont péri dans les mêmes conditions », s’insurge ce haut responsable qui reçoit tous les jours, dit-il, un rapport détaillé sur la situation à l’intérieur des prisons marocaines.
Plus de 6 milliards pour rénover la prison de Oukacha
Le surpeuplement des prisons est une réalité marocaine et, attention, Hafid Benhachem en a l’explication… arithmétique. « En termes de superficie dont nous disposons et le nombre de détenus, nous ne sommes pas dans le surpeuplement carcéral. Nous avons des prisons nouvelles quasiment vides comme à Errachidia, Khouribga ou Oued Zem et dans les tout prochains jours, une prison d’une capacité de 2000 lits ouvre ses portes à Tiflet. Le problème est que nous sommes confrontés à une double contrainte. D’abord la détention préventive et les personnes qui en font l’objet, c’est-à-dire une très grande partie de la population carcérale, ne doivent pas être éloignées des tribunaux dont elles relèvent. Ensuite, la question de la proximité avec les familles. Résultat, ce sont les grandes villes comme Casablanca où se pose le problème du surpeuplement en prison ». A ce titre, une enveloppe budgétaire de 6,5 milliards de centimes a été mobilisée pour la rénovation de l’établissement pénitentiaire de Oukacha alors qu’un plan prévoit désormais la construction de nouvelles prisons hors du périmètre de la ville.
«Les associations ne sont pas un instrument de contrôle»
Si Hafid Benhachem affirme avec force qu’il n’y a aucun problème dans les prisons du Maroc, ses différends avec des associations de défense de droits humains nourrissent par contre la chronique médiatique. « Les portes de mon bureau sont grandes ouvertes et je dis bienvenue aux associations dont la seule présence sur le terrain témoigne du vent de liberté et de démocratie qui souffle sur le Maroc. Mon rôle est aussi de respecter la loi. La loi est claire à ce sujet, les seules personnes habilitées à visiter les détenus et les cellules sont les membres des commissions provinciales que président les gouverneurs, le parquet général, les juges d’instruction et ceux en charge de l’application des peines, les avocats et les familles. Seules les associations apportant une aide morale et matérielle aux détenus sont autorisées à rentrer dans les prisons. C’est ce que stipule la loi. Les associations ne disposent pas de ce rôle de contrôle. Si elles veulent le remplir, elles doivent rejoindre les commissions provinciales », explique le délégué général de l’administration pénitentiaire.
Pour la seule année 2009, 2100 visites ont été effectuées dans les prisons du Maroc. 914 d’entre elles sont le fait d’instances judiciaires. Les membres des commissions provinciales ont pour leur part effectué 13 visites et elles sont 600 associations à avoir franchi les portes des prisons. « Il est clair que les prisons accueillent volontiers les associations à vocation humanitaire. Le contrôle a ses règles et les instances qui en ont la charge », ajoute le directeur chargé de l’action sociale et culturelle au profit des détenus et de leur réinsertion, Mustapha Hilmi.
Des règles et un retour de la discipline. Les gardiens de prisons vont sûrement retenir la leçon. Depuis l’arrivée de Hafid Benhachem, l’impunité semble ne plus être de mise. En 2009, 49 mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de 49 gardiens et 29 autres ont été renvoyés après qu’ils ont été condamnés à de la prison ferme.