Si l'idée de taxer les milliardaires fait son chemin en dépit des obstacles, il y est pour quelque chose. L'économiste français Gabriel Zucman s'active en coulisses pour que cette réforme voie le jour.
Après avoir été invité en février à Sao Paulo par le Brésil, qui préside cette année le G20, à présenter ses idées aux ministres des Finances de ce forum international, il a publié en juin un rapport sur le sujet, là aussi à la demande de Brasilia.
Et jeudi les grands argentiers des principales économies mondiales réunis à Rio de Janeiro devaient tenir une session consacrée à cette question.
"J'ai commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers (en 2008, ndlr). Le job était d'expliquer l'économie mondiale, mais j'ai réalisé que c'était impossible de comprendre sans le recul nécessaire", se souvient ce diplômé de l'Ecole d'économie de Paris et ancien de l'Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.
L'économiste se plonge alors dans les statistiques internationales et scrute les paradis fiscaux. En naîtra "La richesse cachée des nations", sa thèse évaluant l'ampleur de l'évasion fiscale, éditée en 2013 avant d'être traduite en près de 20 langues.
"L'apport spécifique de Zucman (...) c'est que pour la première fois, il a trouvé une méthode très originale pour calculer l'évasion fiscale dans les paradis fiscaux", explique Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, qui l'a publié au Seuil.
Malgré un système financier encore poreux face aux fraudes, de nombreux progrès ont été accomplis en termes de transparence, fruits d'années de négociations internationales, se réjouit Gabriel Zucman.
Ce fils de médecins parisiens, amateur de piano qu'il pratique depuis l'âge de quatre ans, en tire de l'optimisme: "Il y a mille façons d'organiser la mondialisation".
Ses travaux se sont ensuite focalisés sur la taxation des riches ménages et des entreprises, un sujet abordé dans l'ouvrage "Le triomphe de l'injustice". M. Zucman, qui partage sa vie entre l'Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu'il dirige, et l'Université de Berkeley en Californie, y aborde le cas américain avec son collègue Emmanuel Saez.
Selon ses travaux, le taux d'imposition sur le patrimoine des milliardaires est de 0,3% dans le monde.
Il milite pour un impôt minimum mondial avec une proposition phare: taxer l'équivalent de 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires, pour des retombées attendues de 250 milliards de dollars par an.
"Des évolutions rapides sont possibles", veut-il croire, s'opposant aux "discours défaitistes".
Le fait même que cette thématique arrive sur la table des négociations internationales est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l'économiste Thomas Piketty.
"Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d'un impôt mondial sur la fortune, j'étais loin de me douter que cela arriverait aujourd'hui dans l'agenda officiel du G20", dit à l'AFP M. Piketty, dont l'ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.
"Cela doit beaucoup à l'infatigable énergie de Gabriel Zucman, à son impressionnante capacité de travail et à sa rigueur sans pareil", ajoute-t-il.
Mais le chemin est encore long: Brésil, Afrique du Sud, Espagne, Colombie, France et Union africaine soutiennent l'idée, mais Washington et Berlin freinent.
"Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés", estime aussi celui qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020.
Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s'est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d'autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.
Une récompense "controversée", avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.
Après avoir été invité en février à Sao Paulo par le Brésil, qui préside cette année le G20, à présenter ses idées aux ministres des Finances de ce forum international, il a publié en juin un rapport sur le sujet, là aussi à la demande de Brasilia.
Et jeudi les grands argentiers des principales économies mondiales réunis à Rio de Janeiro devaient tenir une session consacrée à cette question.
Zucman milite pour un impôt minimum mondial avec une proposition phare: taxer l'équivalent de 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires, pour des retombées attendues de 250 milliards de dollars par anVisage juvénile, l'homme de 37 ans, père de deux enfants (et bientôt trois), se décrit auprès de l'AFP comme "un enfant de la crise financière", qui a fait ses armes professionnelles à 21 ans au sein de la société d'investissement Exane pour y écrire des notes.
"J'ai commencé le jour de la faillite de Lehman Brothers (en 2008, ndlr). Le job était d'expliquer l'économie mondiale, mais j'ai réalisé que c'était impossible de comprendre sans le recul nécessaire", se souvient ce diplômé de l'Ecole d'économie de Paris et ancien de l'Ecole normale supérieure de Paris-Saclay, qui a aussi la nationalité américaine.
L'économiste se plonge alors dans les statistiques internationales et scrute les paradis fiscaux. En naîtra "La richesse cachée des nations", sa thèse évaluant l'ampleur de l'évasion fiscale, éditée en 2013 avant d'être traduite en près de 20 langues.
"L'apport spécifique de Zucman (...) c'est que pour la première fois, il a trouvé une méthode très originale pour calculer l'évasion fiscale dans les paradis fiscaux", explique Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, qui l'a publié au Seuil.
Malgré un système financier encore poreux face aux fraudes, de nombreux progrès ont été accomplis en termes de transparence, fruits d'années de négociations internationales, se réjouit Gabriel Zucman.
Ce fils de médecins parisiens, amateur de piano qu'il pratique depuis l'âge de quatre ans, en tire de l'optimisme: "Il y a mille façons d'organiser la mondialisation".
Ses travaux se sont ensuite focalisés sur la taxation des riches ménages et des entreprises, un sujet abordé dans l'ouvrage "Le triomphe de l'injustice". M. Zucman, qui partage sa vie entre l'Observatoire européen de la fiscalité à Paris, qu'il dirige, et l'Université de Berkeley en Californie, y aborde le cas américain avec son collègue Emmanuel Saez.
Selon ses travaux, le taux d'imposition sur le patrimoine des milliardaires est de 0,3% dans le monde.
Il milite pour un impôt minimum mondial avec une proposition phare: taxer l'équivalent de 2% de la fortune des quelque 3.000 milliardaires, pour des retombées attendues de 250 milliards de dollars par an.
"Des évolutions rapides sont possibles", veut-il croire, s'opposant aux "discours défaitistes".
Le fait même que cette thématique arrive sur la table des négociations internationales est une victoire, selon son ancien directeur de thèse, l'économiste Thomas Piketty.
"Quand je proposais il y a dix ans dans +Le capital au XXIe siècle+ la création d'un impôt mondial sur la fortune, j'étais loin de me douter que cela arriverait aujourd'hui dans l'agenda officiel du G20", dit à l'AFP M. Piketty, dont l'ouvrage avait rencontré un succès public inattendu et un large écho politique.
"Cela doit beaucoup à l'infatigable énergie de Gabriel Zucman, à son impressionnante capacité de travail et à sa rigueur sans pareil", ajoute-t-il.
Mais le chemin est encore long: Brésil, Afrique du Sud, Espagne, Colombie, France et Union africaine soutiennent l'idée, mais Washington et Berlin freinent.
"Il ne faut pas sous-estimer la résistance des contribuables concernés", estime aussi celui qui a conseillé les candidats démocrates Elizabeth Warren et Bernie Sanders à la présidentielle américaine de 2020.
Avec Thomas Piketty, Esther Duflo et Emmanuel Saez, Gabriel Zucman s'est hissé dans le club des économistes français reconnus aux Etats-Unis, d'autant plus après avoir reçu en 2023 la médaille Bates Clark, prestigieuse récompense économique.
Une récompense "controversée", avait jugé le journal The Economist, rappelant que certains de ses collègues mettent en doute ses méthodes utilisées pour mesurer les inégalités.