Flambée des cours internationaux des denrées subventionnées : La Caisse de compensation tiendra-t-elle le coup ?


ALAIN BOUITHY
Mercredi 11 Août 2010

Flambée des cours internationaux des denrées subventionnées : La Caisse de compensation tiendra-t-elle le coup ?
Le consommateur doit-il s'attendre au pire ?
Alors qu'on n'en pas encore fini avec la crise financière internationale et que son impact commence à se faire sentir au Maroc, les nouvelles sur le front des denrées alimentaires de base ne sont pas des plus rassurantes.
Depuis peu, le marché mondial de denrées de base telles que le blé, le soja, le tournesol et le sucre connaît de nouvelles perturbations qui pourraient avoir des répercutions sur le marché national et par ricochet inciter les décideurs à revoir leurs fiches.
En effet, à la veille de la loi de Finances 2011, tout porte à croire que les arbitrages du Premier ministre Abbas El Fassi risquent d'être difficiles si on y ajoute les tensions qui prévalent sur les cours mondiaux des produits de base.
Une flambée des prix perceptible notamment pour le blé dont le cours fait un bond de 44% en un mois pour atteindre 250$/t, soit le plus haut niveau depuis un an. Principal responsable de cette envolée, la suspension temporaire des exportations russes de céréales et de produits agricoles dérivés, suite à la sécheresse qui sévit dans plusieurs régions en Russie. Et, l'aggravation des incendies qui frappent lourdement le troisième exportateur mondial de blé et qui ont déjà détruit 10 millions d'hectares (environ 20% des cultures).
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'interruption par la Russie de ses exportations de céréales en raison de la canicule a créé une situation "sérieuse" sur le marché du blé.  Et hissé le cours du blé à des niveaux inédits depuis 2008.
Alors que le prix de référence du blé à Chicago bondissait de 82% depuis le 9 juin, ce chamboulement a incité l'organisation onusienne à baisser d'environ 4%, soit 25 millions de tonnes, sa prévision de récoltes mondiales de blé pour l'année en cours.
A cette décision du géant russe, s'ajoutent les conditions météorologiques défavorables qui touchent le Canada, la faible récolte observée en Australie,  le repli du dollar et la remontée des prix de pétrole.
Au Maroc,  la production céréalière au titre de la campagne agricole 2009/2010 s'est établie à 80 millions de quintaux (Mq), soit un recul de 22% par rapport à la saison précédente où les récoltes avaient été estimées à 102 Mq. Un chiffre bien en deçà des 110 Mq (dont 2/3 de blé) nécessaires pour répondre à la demande.
Le constat n'est guère réjouissant sur le rayon des autres denrées de base comme le soja, le maïs et le sucre dont les cours remontent aussi. Et qui se vendent respectivement à 417 (+14%), 171 (+14%) et 24,8 $/t, selon des chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (ministère des Finances du Maroc). Idem pour les produits énergétiques.
Selon la DEPF, les importations en la matière ont augmenté de 44% au premier semestre 2010,, en glissement annuel, suite à la hausse des cours mondiaux. Elles se sont établies à 33,3 milliards de dirhams, représentant 23% des importations totales de marchandises contre 18% en 2009.
La facture pétrolière a ainsi  augmenté de 71% pour s'établir à près de 12 milliards de dirhams, suite au rebond de 10% du volume importé et de 55% du cours moyen de la tonne importée (à 4.718 dirhams). Selon la même source, les importations en gasoil et fuel ont rebondi de 30% pour s'établir à 8,9 milliards de dirhams, en raison d'une hausse du cours moyen de 31%. Le renchérissement des cours d'importation a été accentué par l'appréciation du dollar par rapport au dirham sur le premier semestre 2010. Dans ce sillage, les dépenses de compensation ont atteint 12,8 milliards de dirhams à fin juin 2010, soit 92% du montant prévu dans la loi de Finances (14 milliards de dirhams). La tendance à la baisse en cours du dollar depuis le 8 juin 2010 serait de nature à alléger la facture à l'importation, selon la Direction des études et des prévisions financières dont le bulletin daté de ce mois d'août n'annonce pas que de bonnes nouvelles.

Le consommateur marocain doit-il s'attendre au pire?
Si les répercussions sur la balance commerciale marocaine devaient forcément se faire sentir, il est évident que la Caisse de compensation dont le principe est de couvrir la hausse des prix de produits de première nécessité devait débourser gros pour que l'assiette du consommateur ne soit pas touchée. 


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