Fin de la tournée maghrébine de l’émissaire onusien pour le Sahara : Comment Alger a torpillé toute possibilité de dégel


M’Hamed Hamrouch
Jeudi 25 Mars 2010

Christopher Ross a clos mardi à Alger sa tournée maghrébine, la troisième depuis la prise de ses fonctions en janvier 2009 en tant qu’émissaire de l’ONU pour le Sahara. Mais, à l’instar des deux premières tournées, le nouveau périple du responsable onusien semble n’avoir rien apporté. Le diagnostic établi par ce diplomate est sans appel. « Les positions des uns et des autres restent très éloignées », a-t-il constaté, au bout d’une tournée pourtant destinée à faire bouger les lignes. Commentant cette tournée, hier sur les colonnes de notre confrère « Al Ittihad Al Ichtiraki », Mohamed Elyazghi, ministre d’Etat, a déploré l’attitude ambiguë d’Alger, l’appelant à « clarifier » sa position sur l’avenir de la région. Invitant la partie adverse à rejoindre le Royaume dans son initiative pour octroyer un statut d’autonomie au Sahara, le responsable gouvernemental a mis en garde contre « la perpétuation du conflit ». « Le Maroc a décidé de mettre en œuvre le projet de régionalisation dans le Sahara parce qu’il ne peut pas attendre à l’infini », a-t-il averti. Le dirigeant socialiste a par ailleurs appelé Alger à assumer pleinement sa responsabilité, notamment sur le dossier du recensement de la population sahraouie séquestrée. « Alger aurait pu demander aux Sahraouis séquestrés s’ils veulent regagner leur mère patrie le Maroc ou partir vers un autre endroit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Algérie en attendant une solution politique au conflit », a ajouté M. Elyazghi, dans son interview au quotidien « Al Ittihad Al Ichtiraki ». La sortie du responsable gouvernemental, au terme de la tournée maghrébine de Christopher Ross, est une autre leçon de clarification que le Maroc administre à l’Algérie, la principale entrave au processus de négociations. Il n’est pas nécessaire de se mettre dans le secret des dieux pour s’apercevoir que c’est Alger, et Alger seulement, qui a le plus intérêt à bloquer cette dynamique. A cela, plusieurs raisons. Un,  Alger a l’intime conviction que le règlement du conflit ne servira pas ses intérêts hégémoniques dans la région. Deux, Alger devra en cas de règlement justifier ses dépenses militaires exorbitantes. Autrement dit, ses généraux auront des comptes à rendre aux contribuables algériens. Trois, Alger confrontée à ses propres démons sera privée du seul exutoire que constitue un conflit externe face au risque probable d’une implosion intérieure. Last but not least, Alger voit d’un mauvais œil le processus de développement du Maroc, en dehors de la manne pétrolière, ainsi que le processus inlassable de démocratisation qu’il connaît.
On pourrait évidemment allonger la liste des raisons du blocage algérien, mais abrégeons : A moins d’une intervention ferme de la part du Conseil de sécurité, le conflit autour du Sahara va devoir s’étendre à l’infini. La crainte, maintenant, est que l’on voie se reproduire avec Christopher Ross le même scénario vécu par son prédécesseur Peter van Walsum.
Ce scénario bis risquera de mettre à rude épreuve la patience de la communauté internationale, déjà excédée par l’interférence algérienne dans un conflit dont elle aurait pu se passer. Détrompons-nous : Ce n’est pas pour les beaux yeux du supposé « peuple sahraoui » qu’Alger se débat, et moins encore pour son soi-disant « droit à l’autodétermination ». Le peuple kabyle n’aurait pas démérité ce fameux « droit», pas plus que celui des Touareg qui est à la merci des Robocops algériens surarmés.
Christopher Ross, ancien ambassadeur américain à Alger, n’est pas sans savoir cette réalité. Simplement, il est appelé à en tirer les conclusions et ne pas parier sur un impossible infléchissement dans la position d’Alger. A l’instar de Peter van Walsum, il a la responsabilité morale de dire haut ce que d’autres, pour une raison ou une autre, pensent tout bas. C’est ce travail de clarification qui devra prévaloir sur toute autre considération, si l’on veut réellement régler une bonne fois pour toutes ce conflit trentenaire. Il aura beau multiplier indéfiniment les pourparlers, en vain. Il aura beau encore revenir dans la région, ses efforts buteront encore et toujours sur le récif de l’intransigeance algérienne. Il aura signé un vrai coup d’éclat s’il désignait le véritable obstacle à « cette paix des braves », en l’occurrence l’Algérie. Répondra-t-il à cette exigence de vérité, dans le rapport qu’il se prépare à soumettre, fin avril prochain, au Conseil de sécurité ? 


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1.Posté par TAOUDI Ahmed le 25/03/2010 17:45
A mon avis,Le Maroc devrais prendre le blocage entretenu par les dirigeants Algériens,comme s'il s'agissait d'un mal chronique,qui nous imposerais de vivre avec,tout en continuant de vivre le plus normalement possible,c.à.d:en continuant de nous approcher de la réalisation de notre idéal de modernité et de démocratie,dont une étape importante est une régionalisation féconde qui,espérons le sera contagieuse et se propagera aux autres pays du Maghreb.
Quant à au sud Sahraoui de notre pays,par la volonté de l'éxtrème majorité des Marocains originaires de nos provinces du sud,et de tous leurs compatriotes,il n'a cessé de s'intégrer chaque jour davantage dans le reste du Maroc.

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