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Née en 1940, à Fès, son premier contact avec l’éducation scolaire fut établi dans l’une des premières écoles privées du pays, à Rabat. Baccalauréat en poche, elle a quitté le Royaume pour poursuivre son parcours universitaire en France puis aux Etats-Unis, où elle a eu son doctorat en sociologie, avant de rentrer au Maroc pour débuter une carrière en tant qu’enseignante en sociologie à l’Université de Rabat.
A son actif, plusieurs écrits dont des ouvrages, des romans ainsi que des essais qui ont été consacrés de plusieurs prix tels que le prix espagnol de Princesse des Asturies » en 2003, et le Prix Erasmus (2004) aux Pays-Bas.
De par son poste d’enseignante et de sociologue, elle a été l’une des membres du Conseil d’université des Nations unies, mais aussi membre du Groupe des Sages, ayant trait au dialogue entre les peuples et les cultures, relevant de l’Union européenne.
A travers ses nombreux écrits, elle cherchait à défendre les droits de la femme tout en critiquant une société où régnait le patriarcat. Un combat qui lui a valu d’être le modèle de la femme marocaine intellectuelle, impactant ainsi positivement la sphère culturelle marocaine.
Selon un classement réalisé par le magazine Arabian Business en 2013, elle fut considérée comme l’une des 100 femmes les plus influentes dans le monde arabe. Ses écrits ont été traduits en différentes langues et ont été source de plusieurs débats, suscitant l’intérêt d’un grand nombre d’intellectuels et de penseurs occidentaux.
Durant sa vie, elle a réussi à faire preuve de curiosité et de courage au moment de traiter des questions primordiales au sein de la société marocaine, comme cela a été le cas dans ses ouvrages tels que « Rêves de femmes » et « Femmes au harem ».
Elle a toujours été en première ligne dans la lutte contre les injustices subies par la femme traditionnelle, œuvrant pour son émancipation, comme elle défendait également le droit à la scolarisation de l’élément féminin.
Son idéologie et son implication ont alimenté la naissance au Maroc du courant féministe qui a pour vocation de lutter contre la discrimination à l’égard de la femme, et d’inciter à la promotion de l’égalité entre les deux sexes.
Dans ce cadre, la journée d’aujourd’hui représente dans l’absolu, l’incarnation de l’égalité des sexes. Mais en sondant une personne qui a bien connu Fatima Mernissi de son vivant, nous avons été surpris d’apprendre qu’elle était contre cette journée, précisant que le 8 mars doit être célébré tous les jours, sans exception. Au fond, rien de bien étonnant, quand on sait que son militantisme était entier. Dès lors, son aversion présumée pour cette journée, coule de source, colle à l’air du temps et confirme son côté avant-gardiste. Pour preuve, les quelques femmes que nous avons contactées sur le sujet, en leur posant une question sèche : Que pensez-vous de cette journée ?
Hanane en est satisfaite. «En vérité, c’est très positif. C’est une journée symbolique pour rendre hommage à beaucoup de femmes et rappeler leur importance dans notre société», s’est-elle réjouie. Pour Oumaima, c’est justement ce caractère symbolique qui alimente son manque d’enthousiasme. « Personnellement, cette journée ne me dit pas grand-chose. Ce n’est pas comme si un grand miracle allait se passer en ce jour exactement », ironise-t-elle avec une pointe d’humour. Et d’ajouter : « Normalement on doit être fières du fait qu'on est des femmes et le célébrer chaque jour». Du haut de ses 20 ans, Chaymae a un avis un poil plus tranché sur le sujet : « Je pense qu’à la base c’était une bonne initiative pour défendre les droits de la femme et célébrer ses réalisations. Mais aujourd’hui, force est de constater que c’est devenu une fête commerciale. Une sorte de Saint-Valentin pour la femme», se désole-t-elle. Puis d’enfoncer le clou : « Et en plus c’est stigmatisant, parce qu’à chaque fois on nous rappelle l’existence de femmes dans différents domaines, surtout politique, scientifique… alors que cela doit être juste normal », conclut-elle.
Trois femmes, trois générations différentes et trois avis qui le sont tout autant. Cette divergence aurait pu certainement trouver écho auprès de Fatima Mernissi qui, vous l’aurez certainement deviné, n’aurait pas renié certains d’entre eux. Bien au contraire.