Le Chicago Tribune se fait ainsi l’écho d’une étude effectuée par des chercheurs de l’Université de Londres aux conclusions alarmantes. L’enquête, basée sur 1.100 salariés britanniques soumis au «multitasking électronique», établit que le quotient intellectuel de ceux-ci diminuerait de manière plus significative que celui de fumeurs de cannabis ou d’adeptes des nuits blanches.
La mise en cause de cette pratique n’est pas une nouveauté. En 2009, une recherche effectuée par le professeur Earl Miller, spécialiste en neurologie au Massachusetts Institute of Technology, avait déjà démontré que le cerveau humain était incapable de gérer efficacement plusieurs choses à la fois. Il ne peut que jongler d’une tâche à l’autre avec plus ou moins de succès. Le «multitasking» demande ainsi beaucoup plus d’efforts aux méninges que de traiter les différentes tâches du quotidien les unes après les autres. Pire encore: la pratique favoriserait chez les enfants le développement de comportements à tendance autistique, en plus d’entraîner des difficultés d’apprentissage.
En 2008, le chroniqueur Nicholas Carr dénonçait lui aussi les effets du «multitasking» dans les colonnes de The Atlantic, à travers le prisme d’Internet. Le réseau favoriserait selon lui la perte de concentration, en permettant d’une part de suivre plusieurs choses à la fois et de l’autre de passer d’une page à une autre sans prendre la peine de les consulter jusqu’au bout.
Le journaliste du Chicago Tribune, se basant sur la dernière étude en date, élargit le sujet à la prise de décision. Il estime que l’avènement de «l’homme multitâche» ne fait que favoriser les consensus mous, le «multitasking» étant pour lui l’art de ne pas choisir, quand le fait de prendre une décision implique de savoir gérer ses priorités.