-
Le Médiateur du Royaume met en avant à Hong Kong l'importance d’évoquer le modèle institutionnel de l'Ombudsman dans le contexte de crise du service public
-
Nasser Bourita : Le cessez-le-feu au Liban est un développement positif qui doit être respecté pour préserver l’unité du pays
-
La gestion des ressources en eau: Une question stratégique pour le Maroc qui fait l'objet d'un suivi personnel permanent de SM le Roi
-
Changement climatique : La CIJ s'en mêle
-
Le ministère de la Santé dément les rumeurs et les fausses informations sur la campagne de rattrapage vaccinal
Archéologue de formation, il figure parmi les artistes marocains résidant à l'étranger qui ont su trouver le bon élément pour charmer les passionnés d'art et leur donner ainsi un aperçu sur l'art de ces Marocains d'ailleurs. Mimouni contemple le monde picturalement, en utilisant les signes et les symboles des différentes civilisations pour en faire un travail sur les sciences humaines au niveau du Bassin méditerranéen.
Les toiles présentées dans cette exposition s'articulent autour du signe comme matière picturale centrale. Dans cette série qui cristallise les gribouillages et les traces mémorables, l'artiste donne à voir la mue du signe vers d'autres formes, le signe revêt l'apparence d'un monde labyrinthique.
Mimouni peint ou colle des signes de façon à configurer une trace à laquelle il donne de la transparence. Il est l'un des rares peintres au Maroc à avoir réussi une transition entre la peinture et l'art contemporain.
Le regard que Mimouni pose sur le signe est chargé d'un référent culturel et non folklorique et sa perception du signe renvoie à un rythme et à la notion de circularité de la vie et au droit à la mémoire. Dans ses toiles, le peintre utilise « la technique mixte » non seulement comme un procédé de travail pour présenter la trace sur son tableau mais également comme « un composant à part entière de la toile ».
La couleur de la terre est omniprésente abondamment. Inspiré principalement de sa Taroudant natale, il reflète la richesse de sa culture berbère par le moyen de la couleur et du signe. Ses toiles sont ainsi porteuses de messages profonds mais gardent leur beauté douce et discrète :
« Malgré une présence sur la scène picturale de plus de vingt ans (sa première exposition remonte à 1986), El Houssaïne Mimouni demeure peu connu dans son pays. Ce qui ne surprend guère quand on sait que cet artiste multiple - il est tout uniment dessinateur, graveur et peintre - a choisi, après l'obtention d'une licence d'arts plastiques à l'université Paris VIII, de s'installer à Montpellier, où il enseigne et vit.
Sollicité par de nombreuses galeries françaises, il a rarement fréquenté les cimaises marocaines, à l'exception notable de celles d'Asilah, ville où il a été convié à trois reprises, à l'occasion du Moussem culturel.
Une métaphore de l'époque, déboussolée et ensanglantée
La galerie Nadar, revenue en force après une longue éclipse, a eu l'heureuse inspiration d'être l'hôte des œuvres de Mimouni. Une aubaine, tant cet artiste est singulier. Il avait caressé le rêve de devenir archéologue, mais il dut renoncer à sa vocation pour embrasser la lumière.
Et comme on ne se défait pas facilement d'une obsession, l'archéologie hante ses toiles. Son œuvre, confirme l'écrivain Maâti Kabbal, «se laisse approcher par le biais de l'archéologie, convoquant les concepts de fouilles, aplats, niveaux, nivelés, débroussaillage, surfaces accidentées».
Archéologie encore, celle des sources, comme dirait Edmond Amran El Maleh. Longtemps éloigné de Taroudant, où il a vu le jour, Mimouni n'en reste pas moins obnubilé. Ce qui se traduit par son souci d'exhumation, puis de restitution de pans visuels de son enfance. La couleur, d'abord; celle de la terre d'argile; ensuite, le grain de sable déposé sur la toile.
Enfin, les signes, les motifs et les talismans, qui ne sont pas sans rappeler Ahmed Cherkaoui, peintre qui a été le premier à puiser son inspiration dans l'artisanat marocain. Autant de créatures qui peuplent le monde de Mimouni. .
Dans les récents travaux de l'artiste, se donnent à voir des échelles appuyées au néant, des esquifs incertains et des barbelés lugubres. On peut y lire une métaphore de l'époque, vulnérable, déboussolée, tourmentée et ensanglantée. “Mais plutôt que de se laisser tenter par des interprétations approximatives, il vaut mieux s'abandonner au plaisir d'écouter par les yeux la musique qui s'exhale de cette peinture tout en rythmes, cadences et airs, ainsi que le souligne Maâti Kabbal, qui compare l'œuvre de Mimouni à la musique flamenca de Camaron de la Isla”, écrit Et Tayeb Houdaifa.
Fasciné par la mémoire de la terre, Mimouni marque son univers pictural par des couleurs spatio-temporelles, et des symboles remplis de la sensualité et du mysticisme propres à ses racines. Son travail artistique mêle sur toile ou sur papier peinture, collage, et les matières mixtes et sensuelles de la terre. On ne peut s'empêcher de découvrir avec un sentiment admiratif, cette capacité d'imagination créatrice de déployer des espaces de formes multiples et variées, comme disait Edmond Amran El Maleh.
A l'instar de peintre marocain Ahmed Cherkaoui, mort à 33 ans en 1967, Mimouni a cette passion du signe et toute sa peinture -abstraite-est une lecture des plus beaux moments de son Maroc natal. Une réinterprétation subtile et sublime de cet art si ancien et si moderne qui a su imposer son originalité à l'intérieur du mouvement pictural de Paris. Son évolution dans le sillage de ce pionnier le conduit à une recherche plastique complexe qui pose le problème de l'identité des racines de l'art marocain.
Grâce à son intérêt profond pour l'art du signe par rapport au contexte du patrimoine artistique national, Mimouni conçoit une peinture profondément authentique. Sa création se caractérise par une quête lucide et passionnée. Elle tient une place prépondérante dans l'histoire de l'art contemporain au Maroc.