-
Les étudiants en médecine ne sont pas près de lâcher prise
-
Réquisitoire retentissant de Omar Hilale contre la politique déstabilisatrice du régime algérien dans la région du Sahel
-
Le ministère répond aux revendications des étudiants en médecine pour rétablir la normalité académique
-
SM le Roi félicite le Président chinois à l’occasion de la fête nationale de son pays
-
Synthèse du rapport annuel du CSEFRS: Bilan et perspectives de l’action du Conseil en 2023
Pour Mohammed-Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l’Université Hassan II (FLSH Ben M'Sick) et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le Maroc est entré dans une situation atmosphérique caractérisée par un climat réchauffé (Nouveau Climat), renforcé par l’effet d’El Niño. Ce «nouveau climat» a instauré une «nouvelle circulation atmosphérique» à prédominance méridienne, constituée d’ondes positives (chaleur, sécheresse) et négatives (froid, humidité) qui se succèdent d’Ouest en Est; d’où la brièveté et la temporalité de ces ondes. «L’onde positive (chaleur) est rapidement brisée par l’onde négative (rafraîchissement), et cette alternance conjugue le chaud et le froid», nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «En phase El Niño, le forçage thermique est un surplus qui fait exagérer les phénomènes météorologiques : la chaleur est plus intense, de même que le froid. Et du coup, les conditions d’une longue sécheresse, ou précipitations, ne se réalisent plus».
Dans son article intitulé «Les conditions atmosphériques des récentes crues au Maroc », il a expliqué que ces conditions atmosphériques sont «nouvelles», et mettent le Maroc sous l’emprise de l’humidité; ce qui peut minimiser les effets de la sécheresse, de la désertification et du stress hydrique, si on s’adapte convenablement à ce «Nouveau Climat». Dans ces conditions, les processus et les mécanismes de la sécheresse et de l’humidité deviennent différents, et subissent une alternance successive dans le temps et dans l’espace, et par conséquent, nous assistons à un nouveau mode de distribution de l’humidité dans l’espace marocain, caractérisé par sa brièveté d’une part, et sa sévérité de l’autre, d’où la nécessité d’une réflexion sur le devenir des ressources en eau et leurs impacts régionaux au Maroc. Théoriquement, la disposition des chaînes atlasiques, le tracé des côtes et les milieux marins, conjugués avec une circulation atmosphérique méso-régionale à tendance méridienne, devraient garantir au pays une pluviométrie régulière et abondante sous différentes formes, mais avec un rythme et une distribution différents de ceux que nous avons connus au 20ème siècle, et qui devraient remodeler les caractéristiques et les aspects des espaces naturels et des activités humaines au Maroc.
A ce propos, notre source nous a affirmé que le retard des précipitations enregistré à l’automne de 2015 ainsi qu’entre décembre et janvier 2016, ne constitue pas une raison pour déclarer l’année en cours année de sècheresse, même s’il considère que la période actuelle est méthodologiquement considérée comme l’étant.
En détail, notre climatologue a souligné qu’il faut distinguer entre trois types de sécheresses selon la situation que l’on examine. «Il y a la sécheresse météorologique ou atmosphérique, liée à la pénurie de précipitations durant une période donnée. Il y a la sécheresse agricole qui est fonction du taux d’humidité du sol à un mètre de profondeur. Cette dernière dépend des précipitations, mais aussi de la nature du sol, des pratiques culturales et du type de plantes. Et enfin, il y a la sécheresse hydrologique qui se produit quand les réserves en eau des sols (aquifères) et les cours d’eau tombent en dessous de la moyenne. Cela peut être dû à une sécheresse météorologique particulièrement longue et intense, mais aussi à une surexploitation desdites ressources», nous a-t-il affirmé. Et de préciser que «La situation que nous vivons correspond à la première catégorie, étant entendu que nous disposons d’un arsenal de barrages, et que cette situation devrait être brisée par une onde négative obligatoire. C’est ce que nous constatons actuellement».
Faut-il s’alarmer pour autant ? «Non», a répondu Mohammed-Saïd Karrouk, qui estime qu’il n’y a aucune raison de le faire. «La sécheresse n’est pas nouvelle au Maroc. Elle est structurelle, et S.M le Roi Hassan II avait décidé au cours des années 60 de consacrer 25% du PIB national à la politique des barrages. Ces derniers ont été conçus pour ces types de situations. Si ce dispositif ne fonctionne pas bien, ce n’est pas l’eau qui manque, mais il s’agit d’une mauvaise utilisation et d’une mauvaise gestion de la ressource, qui représentait jusqu’au fin janvier 2016 plus de 60% des capacités de stockage des barrages», a-t-il déclaré. Et de conclure : «Dire aux Marocains qu’il y a de la sécheresse alors que l’eau disponible est exploitée ailleurs, c’est de la désinformation ».