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Le choix des organisateurs de commencer par les témoignages des familles victimes du terrorisme n’était pas fortuit. Selon eux, témoigner c’est une manière de partager la douleur de ces familles avec les autres et le plus important c’est de tirer les leçons des affres du terrorisme. Pour ce faire, ils ont invité deux femmes pour livrer leur calvaire après l’assassinat d’un membre de leurs familles par les groupes terroristes. Il s’agit de Barbara Dührkop Dührkop, socialiste et professeur d’université, qui a perdu son mari Enirque Casas Vila, sénateur socialiste assassiné en 1984 par ETA et de Souad El Khammal qui a perdu son mari et son fils dans l’attentat qui a visé la Casa de España, la nuit du vendredi 16 mai 2003. « Cette perte était très dure pour moi », a-t-elle dit d’une voix étouffée. Et de continuer avec amertume : « J’ai été privée de sentiments d’une femme normale ; je suis devenue prématurément veuve. J’ai été privée de mon enfant. Je ne dis pas ça pour épater l’assistance. Je dis seulement ce que je ressens. Heureusement, j’ai une fille de 14 ans. L’espoir renaît en moi, et c’est elle m’a poussée à m’attacher à la vie ». L’histoire de cette femme n’est qu’un exemple parmi d’autres des familles endeuillées par la perte d’un des leurs.
Souad El Khammal n’a succombé ni à la douleur, ni à la peur. Elle a continué à résister et à lutter pour que les évènements du 16 mai ne se reproduisent plus. « Nous avons payé le tribut de l’absurdité, et nous tenons à ne plus revivre ce drame», a-t-elle clamé.
Après les attentats, elle et les membres des familles des victimes ont constitué l’Association des familles des victimes du 16 mai. Laquelle association a pour objectif d’honorer la mémoire des victimes, et permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. « On a pu en quelque sorte réaliser cet objectif », a-t-elle affirmé.
Mais quand les « obscurantistes ont frappé au café Argana à Marrakech en 2011, nous avons décidé de constituer l’Association marocaine des victimes du terrorisme ». Le changement de nom n’était pas accidentel. Selon Souad El Khammal, l’attentat d’Argana a montré que le pays fait face aux grands défis du terrorisme, ce qui nécessite de fédérer les énergies au niveau national.
« La pensée obscurantiste est encore enracinée dans notre société. Elle est latente mais elle existe», estime-t-elle.
Comment déraciner cette pensée obscurantiste fortement enracinée dans la société ? Comment éviter que des jeunes ne tombent dans le piège des groupes terroristes qui lavent leurs cerveaux pour les transformer en bombes ? Ces questions ne cessent de tarauder son esprit. Pour elle, la meilleure façon de lutter contre cette pensée, c’est de mener des campagnes de sensibilisation dans les collèges et lycées surtout dans les quartiers vivant dans des conditions difficiles. « Je préfère utiliser ce terme au lieu de quartier pauvre parce que nous sommes tous des enfants de pauvres », a tenu à préciser Souad El Khammal. Et d’ajouter :« Plusieurs associations qui combattent le fanatisme et le terrorisme estiment que la voix des victimes est la meilleure façon de lutter contre ce fléau. Car les témoignages des victimes véhiculent un message d’amour et de vie qui pourra avoir une influence sur ceux qui se préparent à commettre des meurtres ».
Après la fin de la première séance de ce colloque tenu jeudi dernier à la Bibliothèque nationale de Rabat, une journaliste de la SNRT s’approche de Souad El Khammal pour lui demander ses coordonnées. Elle lui donne une carte de visite. « Il y a des gens qui veulent faire des dons, ainsi je peux vous contacter », a dit la journaliste. Et Souad El Khammal de répondre : « On a besoin vraiment d’aide pour réaliser nos objectifs et soutenir les familles des victimes. On ne reçoit aucun financement. Mais cela ne nous dissuadera pas de continuer notre lutte ». A la fin de cet échange, Souad El Khammal a invité la journaliste à assister au sit-in commémoratif que l’Association marocaine des victimes du terrorisme organisera aujourd’hui devant la stèle commémorative des victimes des attentats du 16 mai à Casablanca.
2.112 arrestations et 903 condamnations
Casablanca, 16 mai 2003. Une série de cinq attentats met fin aux illusions de certains milieux qui croyaient encore que l'exception marocaine était de mise. Ces attentats se sont produits quelques jours après des attaques qui ont ciblé des intérêts occidentaux à Riyad en Arabie Saoudite. Ils ont été perpétrés par une dizaine d'islamistes radicaux originaires du bidonville Thomas faisant 41 morts et une centaine de blessés. Ces attentats ont visé des lieux soigneusement choisis par les terroristes : un hôtel et un restaurant accueillant des clients étrangers, le bâtiment de l'Alliance israélite et le cimetière juif de la ville ainsi que le consulat de Belgique.
Le 17 mai 2004, le ministre de la Justice, Feu Mohamed Bouzoubaâ (décédé en novembre 2007), a indiqué dans un entretien au quotidien arabophone «Asharq Al Awsat», que les tribunaux marocains avaient inculpé 2.112 islamistes et prononcé 903 condamnations définitives dont 17 peines de mort.
Comment ces terroristes en sont-ils arrivés à un tel stade de violence ? Comment ont-ils préparé leur coup et pourquoi l'ont-ils fait? Pourquoi le secret de leur projet n’a-t-il pas pu être éventé à temps ? Comment ont-ils pu tromper la vigilance des forces de police ?
Sur ces questions, les avis étaient partagés et le sont encore aujourd'hui.
Entre-temps, le terrorisme islamiste a continué à frapper de plus belle et le décompte macabre de ses victimes innocentes ainsi que celui des arrestations de ses membres ne cessent d’alimenter les rubriques des journaux tant nationaux qu’étrangers.