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Le monde a célébré
le 12 mars 2009 pour la deuxième fois la Journée mondiale du
glaucome. Chakib Abderrahim, expert national en maladie glaucomateuse,
s’active à sensibiliser et éclaircir le public sur cette maladie.
Libé : Pourquoi est-ce une maladie qui menace la vision du malade ?
Pr. Chakib : Le glaucome menace la vision car cette maladie évolue de façon silencieuse entraînant une perte progressive du champ visuel sans toucher au début l’acuité visuelle centrale. C’est pour cette raison que le glaucome est généralement diagnostiqué par un ophtalmologiste lors de la prescription de lunettes. Ainsi, en l’absence d’examen, la maladie peut rester longtemps inconnue.
Est-ce une maladie fréquente ?
Le glaucome à angle ouvert concerne essentiellement la population de plus de 40 ans et son incidence augmente avec l’âge. 1 % de la population mondiale est atteinte de glaucome à 70 ans et 2 % à 80 ans. Dans le monde, le nombre de personnes atteintes de glaucome est estimé à environ 70 millions avec 7 millions d’aveugles par glaucome. En Afrique, on estime la prévalence de la maladie entre 1% et 2%. On évalue ainsi le nombre de glaucomateux à peu près 300.000 au Maroc. Elle constitue l’une des 5 premières causes de cécité dans notre pays. C‘est une des priorités du programme national de lutte contre la cécité.
Qu’est-ce que la pression oculaire ?
Intervient ici l’humeur aqueuse, c’est-à-dire le liquide qui baigne à l’intérieur du globe oculaire. Il existe à l’intérieur de l’œil une certaine pression ou tension intraoculaire dont le niveau est réglé par une entrée et une sortie permanente d’un liquide : l’humeur aqueuse. L’entrée d’humeur aqueuse dans l’œil se fait par un tissu appelé corps ciliaire qui agit comme un robinet. La sortie se fait à l’intersection entre la cornée et l’iris au niveau de ce que l’on appelle l’angle irido-cornéen par un tissu spécial appelé trabéculum.
Comment le glaucome se développe-t-il ?
Il se développe lorsque la pression du liquide à l’intérieur de l’œil est trop élevée généralement parce que le système d’écoulement ne fonctionne plus de façon convenable. Le système de drainage de l’humeur aqueuse peut être bouché ou encrassé alors que le corps ciliaire (robinet) continue à produire du liquide. La présence de trop de liquide à l’intérieur de l’œil entraîne une hypertension oculaire. Cette tension oculaire trop élevée peut à long terme endommager le nerf optique.
La progression de l’atteinte du nerf optique provoque une perte lente, habituellement indolore, imperceptible et irréversible de la vision. Ainsi, en l’absence d’examen, la maladie peut rester longtemps inconnue. La vision périphérique, c’est-à-dire le champ visuel supérieur, latéral et inférieur, disparaît en premier et un œil compense la perte de vision de l’autre pendant longtemps. Ce mécanisme compensatoire peut être un des facteurs retardant le diagnostic du glaucome, car la vision centrale (zone que l’on voit en regardant droit devant ou en lisant) peut rester intacte très longtemps. Ce n’est que lorsque la vision centrale est atteinte qu’il existe une baisse de l’acuité visuelle.
Y a-t-il des personnes à risque ?
Oui, les patients ayant des antécédents familiaux de glaucome doivent se faire dépister très précocement, car il s’agit d’une maladie dont le caractère génétique est incontestable. Donc il y a risque de transmission héréditaire surtout lorsque la mère est glaucomateuse.
Le facteur de risque principal pour le développement du glaucome est l’âge. Le risque de présenter cette maladie augmente au fur et à mesure que l’âge avance. A partir de 40 ans, il faut faire examiner régulièrement ses yeux par l’ophtalmologiste. Si un membre de la famille présente un glaucome, il faut examiner ses yeux plus tôt. La myopie, le diabète et l’hypertension artérielle sont des facteurs qui majorent la fréquence du glaucome.
Le glaucome à angle ouvert peut-il atteindre un malade sans facteur de risque ? Y a-t-il différents types de glaucome ?
Oui, le glaucome peut atteindre des malades ne présentant pas de facteur de risque. Pour ce qui est des différents types de glaucome, il y a le glaucome à angle ouvert, le glaucome à angle fermé, le glaucome à pression normale et d’autres formes moins fréquentes.
Le glaucome à angle ouvert est la forme la plus fréquente du glaucome. Ce type évolue très lentement car le système de drainage de l’humeur aqueuse de l’œil se bouche très progressivement augmentant de façon progressive et peu importante la pression intraoculaire.
Le glaucome aigu à angle fermé est beaucoup plus rare. Il survient secondairement à une ascension rapide de la tension oculaire due à une fermeture brutale de l’angle irido-cornéen entraînant une élévation très importante de la pression intraoculaire. L’œil devient très douloureux, rouge, aveugle, avec des maux de tête voire des nausées ou vomissements. Cette forme de glaucome survient le plus souvent chez les sujets âgés et hypermétropes c’est-à-dire des petits yeux.
Il existe également des formes secondaires de glaucome qui peuvent résulter d’un traumatisme oculaire, d’une maladie inflammatoire de l’œil, un traitement par cortisone surtout par automédication par les corticoïdes et le glaucome à pression normale qui est rare.
Une forme très rare de glaucome peut survenir dès la naissance qu’on appelle le glaucome congénital.
Y a-t-il des signes d’alerte ?
Le plus souvent, il n’existe aucun signe d’alerte pouvant faire suspecter l’existence d’un glaucome à angle ouvert. C’est pour cette raison qu’il est capital surtout s’il existe des antécédents familiaux de glaucome, diabète ou myopie de bénéficier d’un dépistage de la maladie.
Quels tests faut-il faire?
Il existe un ensemble de tests non douloureux (prise de la pression intraoculaire, gonioscopie, fond d’œil, champ visuel, analyse du nerf optique) qui permettent à l’ophtalmologiste de poser le diagnostic de glaucome. En cas de diagnostic ou de forte suspicion de glaucome, ces mêmes examens seront répétés périodiquement afin de s’assurer que la maladie est bien maîtrisée et que la vision est sauvegardée.
Le glaucome est-il une maladie qu’on peut guérir?
Non, ce n’est pas une maladie qui s’attrape comme une grippe et qui disparait ensuite. Il s’agit d’une maladie chronique qui nécessite un traitement et une surveillance à vie.
Un glaucomateux peut-il vivre normalement?
Oui, car il n’existe aucune restriction, ni régime alimentaire particulier à suivre. Le fait de voir avec ses yeux ne fatigue pas le nerf optique et n’entraîne pas d’aggravation de la maladie.
Y a-t-il des médicaments interdits pour un glaucomateux?
Oui, en cas de glaucome par fermeture de l’angle non dépistée. Par contre une fois l’iridotomie au laser YAG pratiquée aux deux yeux, il n’existe plus de contre-indication médicamenteuse.
Il n’y a pas de contre-indication médicamenteuse en cas de glaucome chronique à angle ouvert (sauf un traitement par la cortisone qui peut dans certains cas faire augmenter la pression intraoculaire).
Peut-on traiter un glaucome ?
Il est possible de maîtriser le glaucome. Une fois le glaucome diagnostiqué, un traitement sera nécessaire et doit être suivi pendant toute la vie du malade. Si le malade suit les conseils de son ophtalmologiste, s’il prend soin de son traitement et contrôle régulièrement ses yeux, sa vision a toutes les chances d’être conservée. Dans l’état actuel de la science, le but du traitement est de stopper l’évolution de la maladie, mais il n’est pas possible de récupérer ce qui a été perdu. C’est pour cela qu’il est important de détecter un glaucome dès son début.
Quels sont les différents types de traitement ?
Il existe trois grands types de traitement qui permettent tous d’abaisser la pression intraoculaire:
- Un traitement à base de collyre permet de faire baisser la tension oculaire. Selon le médicament qui en contient, le collyre augmentera la quantité de liquide drainée hors de l’œil ou diminuera la quantité de liquide produite par l’œil. Il est capital de demander à son ophtalmologiste comment bien instiller ses collyres.
- Le laser : il existe différents types de laser adaptés à différentes formes de glaucome (laser argon, laser YAG, laser Diode).
- La chirurgie devient obligatoire pour faire baisser la pression intraoculaire si la maladie continue à progresser malgré un traitement médical bien suivi.
Est-il important de respecter les horaires ?
Il est important de respecter les horaires. Lorsqu’on instille un collyre dans l’œil, celui-ci n’agit que pendant un certain nombre d’heures. Certains collyres ont une durée d’action de 8h et seront instillés 3 fois par jour toutes les 8 heures, d’autres ont une durée d’action de 12h et seront instillés 2 fois par jour, ou enfin une durée d’action plus longue de 24h nécessite une seule instillation le soir ? heure avant le coucher.
Le malade doit-il instiller les gouttes avant de venir en consultation?
Sauf instructions contraires de l’ophtalmologiste, il faut toujours instiller les gouttes avant de venir en consultation afin de pouvoir contrôler l’efficacité du traitement.
A quoi sert le laser?
Il existe 3 grands types de laser indiqués dans des formes particulières de glaucome.
Si l’ophtalmologiste craint une “fermeture de l’angle irido-cornéen”, le traitement consistera à faire un petit trou (iridotomie) dans l’iris grâce au laser. Ce traitement permet d’éviter le blocage brutal d’évacuation d’humeur aqueuse en dehors de l’œil et prévenir ainsi le risque de glaucome aigu par fermeture de l’angle. Une surveillance de la tension oculaire sera cependant nécessaire à vie.
Un autre type de laser SLT permet de traiter l’angle irido-cornéen, c’est-à-dire le lieu où s’évacue l’humeur aqueuse de l’œil afin de faciliter son processus d’évacuation (sortie) de l’œil.
Quel est le but du traitement chirurgical ?
Le but de l’intervention chirurgicale est de baisser la pression intraoculaire afin d’éviter une dégradation de la vision. La chirurgie ne permet pas de récupérer la partie perdue de la vision, car les fibres visuelles détruites sont des fibres nerveuses qui ne peuvent plus régénérer.
Y a-t-il de nouvelles techniques chirurgicales du glaucome?
Oui, il existe actuellement de nouvelles techniques chirurgicales, comme la visocanalostomie, qui n’a pas les mêmes complications des anciennes techniques chirurgicales, donc plus sécurisantes pour le malade.
Le malade va-t-il continuer à instiller des gouttes après l’intervention?
Après l’intervention chirurgicale, il faudra instiller pendant quelques mois des gouttes dans l’œil afin de combattre la réaction inflammatoire qui succède normalement après toute intervention chirurgicale. Dans 60% des cas, l’intervention chirurgicale permet à elle seule de contrôler la pression intraoculaire. Dans 40% des cas, on peut être amené pour contrôler la maladie à combiner un traitement chirurgical avec la prise de médicaments ou de collyres qui abaissent la pression intraoculaire en postopératoire.
Quels conseils donnez-vous à ces malades ?
Le malade glaucomateux doit prendre ses médicaments régulièrement à vie, essayer de programmer la prise du traitement en fonction de ses activités journalières (réveil, coucher). En cas de prise de plusieurs collyres, il doit instiller le 1er collyre, attendre environ 5mn à 10 mn avant d’instiller le second dans son œil et surtout il doit prendre son temps pour bien instiller ses collyres. Il doit signaler à son ophtalmologiste les autres médicaments qu’il prend notamment s’il est suivi pour une maladie cardiovasculaire. Il doit signaler son traitement anti-glaucomateux aux autres médecins qui le suivent. Il doit consulter régulièrement tous les 3 mois son ophtalmologiste, faire son examen du champ visuel ainsi que l’exploration de son nerf optique tous les 6 mois.
Repères
Chakib Abderrahim : Professeur d’ophtalmologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.
Responsable de l’unité glaucome à l’Hôpital 20 Août 1953 de Casablanca.
Auteur de plusieurs travaux de recherche sur le glaucome dont un travail communiqué et récompensé par le premier Prix au Congrès annuel de la SFO (Société française d’ophtalmologie).
Membre actif de l’ISGS « International Society of Glaucoma Surgery »
le 12 mars 2009 pour la deuxième fois la Journée mondiale du
glaucome. Chakib Abderrahim, expert national en maladie glaucomateuse,
s’active à sensibiliser et éclaircir le public sur cette maladie.
Libé : Pourquoi est-ce une maladie qui menace la vision du malade ?
Pr. Chakib : Le glaucome menace la vision car cette maladie évolue de façon silencieuse entraînant une perte progressive du champ visuel sans toucher au début l’acuité visuelle centrale. C’est pour cette raison que le glaucome est généralement diagnostiqué par un ophtalmologiste lors de la prescription de lunettes. Ainsi, en l’absence d’examen, la maladie peut rester longtemps inconnue.
Est-ce une maladie fréquente ?
Le glaucome à angle ouvert concerne essentiellement la population de plus de 40 ans et son incidence augmente avec l’âge. 1 % de la population mondiale est atteinte de glaucome à 70 ans et 2 % à 80 ans. Dans le monde, le nombre de personnes atteintes de glaucome est estimé à environ 70 millions avec 7 millions d’aveugles par glaucome. En Afrique, on estime la prévalence de la maladie entre 1% et 2%. On évalue ainsi le nombre de glaucomateux à peu près 300.000 au Maroc. Elle constitue l’une des 5 premières causes de cécité dans notre pays. C‘est une des priorités du programme national de lutte contre la cécité.
Qu’est-ce que la pression oculaire ?
Intervient ici l’humeur aqueuse, c’est-à-dire le liquide qui baigne à l’intérieur du globe oculaire. Il existe à l’intérieur de l’œil une certaine pression ou tension intraoculaire dont le niveau est réglé par une entrée et une sortie permanente d’un liquide : l’humeur aqueuse. L’entrée d’humeur aqueuse dans l’œil se fait par un tissu appelé corps ciliaire qui agit comme un robinet. La sortie se fait à l’intersection entre la cornée et l’iris au niveau de ce que l’on appelle l’angle irido-cornéen par un tissu spécial appelé trabéculum.
Comment le glaucome se développe-t-il ?
Il se développe lorsque la pression du liquide à l’intérieur de l’œil est trop élevée généralement parce que le système d’écoulement ne fonctionne plus de façon convenable. Le système de drainage de l’humeur aqueuse peut être bouché ou encrassé alors que le corps ciliaire (robinet) continue à produire du liquide. La présence de trop de liquide à l’intérieur de l’œil entraîne une hypertension oculaire. Cette tension oculaire trop élevée peut à long terme endommager le nerf optique.
La progression de l’atteinte du nerf optique provoque une perte lente, habituellement indolore, imperceptible et irréversible de la vision. Ainsi, en l’absence d’examen, la maladie peut rester longtemps inconnue. La vision périphérique, c’est-à-dire le champ visuel supérieur, latéral et inférieur, disparaît en premier et un œil compense la perte de vision de l’autre pendant longtemps. Ce mécanisme compensatoire peut être un des facteurs retardant le diagnostic du glaucome, car la vision centrale (zone que l’on voit en regardant droit devant ou en lisant) peut rester intacte très longtemps. Ce n’est que lorsque la vision centrale est atteinte qu’il existe une baisse de l’acuité visuelle.
Y a-t-il des personnes à risque ?
Oui, les patients ayant des antécédents familiaux de glaucome doivent se faire dépister très précocement, car il s’agit d’une maladie dont le caractère génétique est incontestable. Donc il y a risque de transmission héréditaire surtout lorsque la mère est glaucomateuse.
Le facteur de risque principal pour le développement du glaucome est l’âge. Le risque de présenter cette maladie augmente au fur et à mesure que l’âge avance. A partir de 40 ans, il faut faire examiner régulièrement ses yeux par l’ophtalmologiste. Si un membre de la famille présente un glaucome, il faut examiner ses yeux plus tôt. La myopie, le diabète et l’hypertension artérielle sont des facteurs qui majorent la fréquence du glaucome.
Le glaucome à angle ouvert peut-il atteindre un malade sans facteur de risque ? Y a-t-il différents types de glaucome ?
Oui, le glaucome peut atteindre des malades ne présentant pas de facteur de risque. Pour ce qui est des différents types de glaucome, il y a le glaucome à angle ouvert, le glaucome à angle fermé, le glaucome à pression normale et d’autres formes moins fréquentes.
Le glaucome à angle ouvert est la forme la plus fréquente du glaucome. Ce type évolue très lentement car le système de drainage de l’humeur aqueuse de l’œil se bouche très progressivement augmentant de façon progressive et peu importante la pression intraoculaire.
Le glaucome aigu à angle fermé est beaucoup plus rare. Il survient secondairement à une ascension rapide de la tension oculaire due à une fermeture brutale de l’angle irido-cornéen entraînant une élévation très importante de la pression intraoculaire. L’œil devient très douloureux, rouge, aveugle, avec des maux de tête voire des nausées ou vomissements. Cette forme de glaucome survient le plus souvent chez les sujets âgés et hypermétropes c’est-à-dire des petits yeux.
Il existe également des formes secondaires de glaucome qui peuvent résulter d’un traumatisme oculaire, d’une maladie inflammatoire de l’œil, un traitement par cortisone surtout par automédication par les corticoïdes et le glaucome à pression normale qui est rare.
Une forme très rare de glaucome peut survenir dès la naissance qu’on appelle le glaucome congénital.
Y a-t-il des signes d’alerte ?
Le plus souvent, il n’existe aucun signe d’alerte pouvant faire suspecter l’existence d’un glaucome à angle ouvert. C’est pour cette raison qu’il est capital surtout s’il existe des antécédents familiaux de glaucome, diabète ou myopie de bénéficier d’un dépistage de la maladie.
Quels tests faut-il faire?
Il existe un ensemble de tests non douloureux (prise de la pression intraoculaire, gonioscopie, fond d’œil, champ visuel, analyse du nerf optique) qui permettent à l’ophtalmologiste de poser le diagnostic de glaucome. En cas de diagnostic ou de forte suspicion de glaucome, ces mêmes examens seront répétés périodiquement afin de s’assurer que la maladie est bien maîtrisée et que la vision est sauvegardée.
Le glaucome est-il une maladie qu’on peut guérir?
Non, ce n’est pas une maladie qui s’attrape comme une grippe et qui disparait ensuite. Il s’agit d’une maladie chronique qui nécessite un traitement et une surveillance à vie.
Un glaucomateux peut-il vivre normalement?
Oui, car il n’existe aucune restriction, ni régime alimentaire particulier à suivre. Le fait de voir avec ses yeux ne fatigue pas le nerf optique et n’entraîne pas d’aggravation de la maladie.
Y a-t-il des médicaments interdits pour un glaucomateux?
Oui, en cas de glaucome par fermeture de l’angle non dépistée. Par contre une fois l’iridotomie au laser YAG pratiquée aux deux yeux, il n’existe plus de contre-indication médicamenteuse.
Il n’y a pas de contre-indication médicamenteuse en cas de glaucome chronique à angle ouvert (sauf un traitement par la cortisone qui peut dans certains cas faire augmenter la pression intraoculaire).
Peut-on traiter un glaucome ?
Il est possible de maîtriser le glaucome. Une fois le glaucome diagnostiqué, un traitement sera nécessaire et doit être suivi pendant toute la vie du malade. Si le malade suit les conseils de son ophtalmologiste, s’il prend soin de son traitement et contrôle régulièrement ses yeux, sa vision a toutes les chances d’être conservée. Dans l’état actuel de la science, le but du traitement est de stopper l’évolution de la maladie, mais il n’est pas possible de récupérer ce qui a été perdu. C’est pour cela qu’il est important de détecter un glaucome dès son début.
Quels sont les différents types de traitement ?
Il existe trois grands types de traitement qui permettent tous d’abaisser la pression intraoculaire:
- Un traitement à base de collyre permet de faire baisser la tension oculaire. Selon le médicament qui en contient, le collyre augmentera la quantité de liquide drainée hors de l’œil ou diminuera la quantité de liquide produite par l’œil. Il est capital de demander à son ophtalmologiste comment bien instiller ses collyres.
- Le laser : il existe différents types de laser adaptés à différentes formes de glaucome (laser argon, laser YAG, laser Diode).
- La chirurgie devient obligatoire pour faire baisser la pression intraoculaire si la maladie continue à progresser malgré un traitement médical bien suivi.
Est-il important de respecter les horaires ?
Il est important de respecter les horaires. Lorsqu’on instille un collyre dans l’œil, celui-ci n’agit que pendant un certain nombre d’heures. Certains collyres ont une durée d’action de 8h et seront instillés 3 fois par jour toutes les 8 heures, d’autres ont une durée d’action de 12h et seront instillés 2 fois par jour, ou enfin une durée d’action plus longue de 24h nécessite une seule instillation le soir ? heure avant le coucher.
Le malade doit-il instiller les gouttes avant de venir en consultation?
Sauf instructions contraires de l’ophtalmologiste, il faut toujours instiller les gouttes avant de venir en consultation afin de pouvoir contrôler l’efficacité du traitement.
A quoi sert le laser?
Il existe 3 grands types de laser indiqués dans des formes particulières de glaucome.
Si l’ophtalmologiste craint une “fermeture de l’angle irido-cornéen”, le traitement consistera à faire un petit trou (iridotomie) dans l’iris grâce au laser. Ce traitement permet d’éviter le blocage brutal d’évacuation d’humeur aqueuse en dehors de l’œil et prévenir ainsi le risque de glaucome aigu par fermeture de l’angle. Une surveillance de la tension oculaire sera cependant nécessaire à vie.
Un autre type de laser SLT permet de traiter l’angle irido-cornéen, c’est-à-dire le lieu où s’évacue l’humeur aqueuse de l’œil afin de faciliter son processus d’évacuation (sortie) de l’œil.
Quel est le but du traitement chirurgical ?
Le but de l’intervention chirurgicale est de baisser la pression intraoculaire afin d’éviter une dégradation de la vision. La chirurgie ne permet pas de récupérer la partie perdue de la vision, car les fibres visuelles détruites sont des fibres nerveuses qui ne peuvent plus régénérer.
Y a-t-il de nouvelles techniques chirurgicales du glaucome?
Oui, il existe actuellement de nouvelles techniques chirurgicales, comme la visocanalostomie, qui n’a pas les mêmes complications des anciennes techniques chirurgicales, donc plus sécurisantes pour le malade.
Le malade va-t-il continuer à instiller des gouttes après l’intervention?
Après l’intervention chirurgicale, il faudra instiller pendant quelques mois des gouttes dans l’œil afin de combattre la réaction inflammatoire qui succède normalement après toute intervention chirurgicale. Dans 60% des cas, l’intervention chirurgicale permet à elle seule de contrôler la pression intraoculaire. Dans 40% des cas, on peut être amené pour contrôler la maladie à combiner un traitement chirurgical avec la prise de médicaments ou de collyres qui abaissent la pression intraoculaire en postopératoire.
Quels conseils donnez-vous à ces malades ?
Le malade glaucomateux doit prendre ses médicaments régulièrement à vie, essayer de programmer la prise du traitement en fonction de ses activités journalières (réveil, coucher). En cas de prise de plusieurs collyres, il doit instiller le 1er collyre, attendre environ 5mn à 10 mn avant d’instiller le second dans son œil et surtout il doit prendre son temps pour bien instiller ses collyres. Il doit signaler à son ophtalmologiste les autres médicaments qu’il prend notamment s’il est suivi pour une maladie cardiovasculaire. Il doit signaler son traitement anti-glaucomateux aux autres médecins qui le suivent. Il doit consulter régulièrement tous les 3 mois son ophtalmologiste, faire son examen du champ visuel ainsi que l’exploration de son nerf optique tous les 6 mois.
Repères
Chakib Abderrahim : Professeur d’ophtalmologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.
Responsable de l’unité glaucome à l’Hôpital 20 Août 1953 de Casablanca.
Auteur de plusieurs travaux de recherche sur le glaucome dont un travail communiqué et récompensé par le premier Prix au Congrès annuel de la SFO (Société française d’ophtalmologie).
Membre actif de l’ISGS « International Society of Glaucoma Surgery »