Autres articles
-
Neil Colquhoun : «Nous avons largement surpassé les objectifs initiaux d’Epson au Maroc »
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
-
Moussaoui Ajlaoui : Le comble de l’absurdité, c’est que l’Algérie a deux voix au sein de l’UA, la sienne et celle du polisario qui ne prend jamais le contrepied de son mentor algérien
-
Patrizia d'Antonio : L’écrivain humaniste Alberto Manzi, une figure exceptionnelle qui symbolise à la fois l’éducation, l’unité linguistique et l’humanisme
-
Derguene Mbaye : Les pays africains peuvent beaucoup apprendre de l’expérience du Maroc en matière d'intelligence artificielle
Lorsqu’on est artiste, on ne peut qu’être
singulier. Les émotions ressenties peuvent
se ressembler, pas leur mode d’expression
et d’extériorisation. Bouchra Belghali, Marrakchie résidant
au Canada, en est l’exemple. Son influence
avérée par des
précurseurs d’arts
plastiques, comme Kacimi, Gharbaoui, Cherkaoui, Benbin, Mellakh ou Bennani n’ont pas pu contourner la naissance d’un style particulier consistant en l’art abstrait ou
l’expressionnisme
abstrait, mais aussi cette “peinture
du subconscient”. Entretien.
Libé : Comment avez-vous découvert votre penchant pour les arts plastiques?
B-Belghali : Au lycée, mon professeur des arts plastiques a été le premier à remarquer mon potentiel dans la peinture. Il m’a beaucoup encouragée et m’a incitée à poursuivre mes études dans ce domaine. Mais, j’avais d’autres ambitions et d’autres rêves ; alors, j’ai choisi un autre chemin. Cependant, ma passion pour la peinture était toujours vive et mon intérêt pour ses grands maîtres, ses courants, ses écoles était grandissant. Dali, Miro, Monet, Renoir et d’autres encore me faisaient rêver et me nourrissaient, mais c’était Wassily Kandinsky, précurseur de l’art abstrait, qui m’a le plus marquée. J’ai continué ainsi à créer et à peindre dans l’intimité pendant des années, n’ayant comme public que ma famille et quelques-uns de mes amis.
C’est à Santa Fe aux Etats-Unis que j’ai décidé de reprendre les études et je me suis inscrite à Santa Fe Community College. Dans cette université, j’ai suivi des cours académiques: paysage, nature morte, etc. Ensuite, je me suis inscrite à Andreeva Portrait Academy, pour étudier le portrait et où j’ai participé à une exposition collective.
Et vous avez par la suite pu vous approprier un style propre ?
Lors de ce parcours académique, j’ai acquis différentes connaissances notamment sur le plan technique. Par la suite, j’ai effectué diverses expériences plastiques, pour constater à la fin que j’ai un penchant permanent pour l’art abstrait ou l’expressionnisme abstrait.
La peinture abstraite permet une liberté de création et d’expression, que ce soit au niveau du fond ou de la forme. Le travail et le contact avec les couleurs sont encore intenses et l’expression des sentiments ou des sensations est encore plus grande.
L’on remarque dans vos œuvres que vous avez un penchant pour un autre style?
Effectivement, j’aimerais signaler dans ce contexte que je recours souvent à la “peinture du subconscient”, c’est-à-dire que je peins des tableaux sans partir d’un thème, ni d’aucune source d’inspiration particulière. Je cesse de penser et je laisse parler mon subconscient. A ce moment-là, l’acte de créer se fait sans limites ni barrières.
Sachant que vous résidez au Canada, comment vous vous organisez pour faire parvenir vos œuvres créatives au public marocain?
Dans mon parcours d’artiste peintre, 2010 fut une année très importante. J’ai pu participer et pour la première fois à des festivals et des manifestations artistiques remarquables où j’ai pu exposer quelques-unes de mes œuvres et rencontrer de grands artistes marocains, ce qui est en soi un grand enrichissement. Que ce soit au Festival de Bouyablane à Taza, ou celui de Settat Festival international des arts plastiques (FIAPS), ou encore l’exposition national et humanitaire de la peinture à Casablanca, j’ai été à chaque fois ravie de vivre ce temps d’échange et de partage avec les artistes et le public marocain, mais aussi la presse marocaine.
L’engagement dans l’art vous dit-il quelque chose?
Je pense que tout artiste est une personne engagée, car chaque artiste a un message à transmettre à travers son œuvre. Dans le cas de l’artiste peintre, on peut parler d’engagement dans les deux situations. Dans celle où l’artiste affirme son engagement ou celle où il ne l’affirme pas. Dans cette dernière situation par exemple, même si le peintre confirme faire de l’art pour l’art, son œuvre peut exprimer des choses qui, aux yeux d’un spectateur ou d’un critique, sont de l’ordre de l’engagement politique ou social.
Et vous, dans toute cette analyse ?
Personnellement, j’estime être une artiste peintre engagée dans la mesure où l’une des causes majeures que je défends et que j’essaye d’exprimer est celle de la condition de la femme en général et la femme marocaine en particulier. A cela s’ajoute, mon désir d’œuvrer pour apporter la paix et l’amour dans ce monde qui, aujourd’hui, souffre sous le joug de la terreur et de la haine.
De quel artiste marocain précurseur êtes-vous la plus proche?
Les arts plastiques occupent aujourd’hui une grande place sur l’échiquier des arts au Maroc. Ceci grâce aux multiples expériences de nombreux artistes marocains qui sont parvenus à donner naissance à des courants et à des tendances artistiques riches et originaux, comme Mohammed Kacimi, «le peintre de l’infigurable», dont l’œuvre brise les limites entre abstraction et figuration, Abdellah Hariri qui est le premier à avoir adopté la calligraphie comme mode d’expression en donnant une valeur à l’alphabet arabe comme art et non juste un outil pour l’écriture. A noter aussi les expériences uniques de Karim Bennani, Jilali Gharbawi, Abdelhay Mellakh, Mahi Binebine, Ahmed Cherkaoui, sans oublier Mohammed Cherifi, peintre de la lumière et Rabiaa Echahed qui joue sur ses toiles avec l’harmonie des couleurs et la musique. La liste est longue, mais elle est riche, comme sont riches les oeuvres de ces peintres marocains qui m’ont certainement marquée et influencée. En revanche, j’estime que mon expérience artistique et mon style sont différents notamment au niveau de mon travail sur les formes et les couleurs.
Repères
Née à Marrakech, la ville ocre, la ville de la couleur et de la belle lumière, Bouchra Belghali est la fille de Rachid Belghali, qui est pour elle l’exemple de la connaissance, de l’engagement et de la générosité et de Latifa El Aouni, symbole de l’amour, de la tendresse et de l’intelligence.
Dès son jeune âge, elle avait déjà un penchant pour l’art : la musique, la danse et bien évidemment le dessin et la peinture.
singulier. Les émotions ressenties peuvent
se ressembler, pas leur mode d’expression
et d’extériorisation. Bouchra Belghali, Marrakchie résidant
au Canada, en est l’exemple. Son influence
avérée par des
précurseurs d’arts
plastiques, comme Kacimi, Gharbaoui, Cherkaoui, Benbin, Mellakh ou Bennani n’ont pas pu contourner la naissance d’un style particulier consistant en l’art abstrait ou
l’expressionnisme
abstrait, mais aussi cette “peinture
du subconscient”. Entretien.
Libé : Comment avez-vous découvert votre penchant pour les arts plastiques?
B-Belghali : Au lycée, mon professeur des arts plastiques a été le premier à remarquer mon potentiel dans la peinture. Il m’a beaucoup encouragée et m’a incitée à poursuivre mes études dans ce domaine. Mais, j’avais d’autres ambitions et d’autres rêves ; alors, j’ai choisi un autre chemin. Cependant, ma passion pour la peinture était toujours vive et mon intérêt pour ses grands maîtres, ses courants, ses écoles était grandissant. Dali, Miro, Monet, Renoir et d’autres encore me faisaient rêver et me nourrissaient, mais c’était Wassily Kandinsky, précurseur de l’art abstrait, qui m’a le plus marquée. J’ai continué ainsi à créer et à peindre dans l’intimité pendant des années, n’ayant comme public que ma famille et quelques-uns de mes amis.
C’est à Santa Fe aux Etats-Unis que j’ai décidé de reprendre les études et je me suis inscrite à Santa Fe Community College. Dans cette université, j’ai suivi des cours académiques: paysage, nature morte, etc. Ensuite, je me suis inscrite à Andreeva Portrait Academy, pour étudier le portrait et où j’ai participé à une exposition collective.
Et vous avez par la suite pu vous approprier un style propre ?
Lors de ce parcours académique, j’ai acquis différentes connaissances notamment sur le plan technique. Par la suite, j’ai effectué diverses expériences plastiques, pour constater à la fin que j’ai un penchant permanent pour l’art abstrait ou l’expressionnisme abstrait.
La peinture abstraite permet une liberté de création et d’expression, que ce soit au niveau du fond ou de la forme. Le travail et le contact avec les couleurs sont encore intenses et l’expression des sentiments ou des sensations est encore plus grande.
L’on remarque dans vos œuvres que vous avez un penchant pour un autre style?
Effectivement, j’aimerais signaler dans ce contexte que je recours souvent à la “peinture du subconscient”, c’est-à-dire que je peins des tableaux sans partir d’un thème, ni d’aucune source d’inspiration particulière. Je cesse de penser et je laisse parler mon subconscient. A ce moment-là, l’acte de créer se fait sans limites ni barrières.
Sachant que vous résidez au Canada, comment vous vous organisez pour faire parvenir vos œuvres créatives au public marocain?
Dans mon parcours d’artiste peintre, 2010 fut une année très importante. J’ai pu participer et pour la première fois à des festivals et des manifestations artistiques remarquables où j’ai pu exposer quelques-unes de mes œuvres et rencontrer de grands artistes marocains, ce qui est en soi un grand enrichissement. Que ce soit au Festival de Bouyablane à Taza, ou celui de Settat Festival international des arts plastiques (FIAPS), ou encore l’exposition national et humanitaire de la peinture à Casablanca, j’ai été à chaque fois ravie de vivre ce temps d’échange et de partage avec les artistes et le public marocain, mais aussi la presse marocaine.
L’engagement dans l’art vous dit-il quelque chose?
Je pense que tout artiste est une personne engagée, car chaque artiste a un message à transmettre à travers son œuvre. Dans le cas de l’artiste peintre, on peut parler d’engagement dans les deux situations. Dans celle où l’artiste affirme son engagement ou celle où il ne l’affirme pas. Dans cette dernière situation par exemple, même si le peintre confirme faire de l’art pour l’art, son œuvre peut exprimer des choses qui, aux yeux d’un spectateur ou d’un critique, sont de l’ordre de l’engagement politique ou social.
Et vous, dans toute cette analyse ?
Personnellement, j’estime être une artiste peintre engagée dans la mesure où l’une des causes majeures que je défends et que j’essaye d’exprimer est celle de la condition de la femme en général et la femme marocaine en particulier. A cela s’ajoute, mon désir d’œuvrer pour apporter la paix et l’amour dans ce monde qui, aujourd’hui, souffre sous le joug de la terreur et de la haine.
De quel artiste marocain précurseur êtes-vous la plus proche?
Les arts plastiques occupent aujourd’hui une grande place sur l’échiquier des arts au Maroc. Ceci grâce aux multiples expériences de nombreux artistes marocains qui sont parvenus à donner naissance à des courants et à des tendances artistiques riches et originaux, comme Mohammed Kacimi, «le peintre de l’infigurable», dont l’œuvre brise les limites entre abstraction et figuration, Abdellah Hariri qui est le premier à avoir adopté la calligraphie comme mode d’expression en donnant une valeur à l’alphabet arabe comme art et non juste un outil pour l’écriture. A noter aussi les expériences uniques de Karim Bennani, Jilali Gharbawi, Abdelhay Mellakh, Mahi Binebine, Ahmed Cherkaoui, sans oublier Mohammed Cherifi, peintre de la lumière et Rabiaa Echahed qui joue sur ses toiles avec l’harmonie des couleurs et la musique. La liste est longue, mais elle est riche, comme sont riches les oeuvres de ces peintres marocains qui m’ont certainement marquée et influencée. En revanche, j’estime que mon expérience artistique et mon style sont différents notamment au niveau de mon travail sur les formes et les couleurs.
Repères
Née à Marrakech, la ville ocre, la ville de la couleur et de la belle lumière, Bouchra Belghali est la fille de Rachid Belghali, qui est pour elle l’exemple de la connaissance, de l’engagement et de la générosité et de Latifa El Aouni, symbole de l’amour, de la tendresse et de l’intelligence.
Dès son jeune âge, elle avait déjà un penchant pour l’art : la musique, la danse et bien évidemment le dessin et la peinture.