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et membre du Conseil national de l’USFP, Mohamed Elyazghi,
a accordé à notre confrère Al Ittihad Al Ichtiraki un entretien
portant sur les
discussions
informelles sur
le Sahar. Nous vous
en proposons
la traduction
intégrale.
Q : Qu’attendez-vous des discussions informelles sur le Sahara qui ont pris fin dimanche dernier ?
Mohamed Elyazghi : Il faut d’abord préciser que la tenue de ce round ainsi que celui qui se déroulera en mars ont été programmés à l’avance avant la réunion du Conseil de sécurité en avril prochain qui décidera de la prorogation du mandat de la Minurso. On s’attend également aux différentes recommandations du Conseil de sécurité sur le Sahara pour la prochaine étape. Ce round survient également après les événements de Gdim Izik et ceux de Laâyoune qui n’ont pas été l’objet d’une enquête internationale comme le souhaitait le Polisario. Il faut aussi signaler l’enquête menée par la Commission parlementaire qui a prouvé l’implication et la responsabilité et des séparatistes et de criminels au moment de l’opération du démantèlement du camp de Gdim Izik. Ce qui a permis à l’opinion publique nationale et internationale de connaître la vérité sur ces événements.
Après ces rounds de négociations, nombre d’observateurs ont l’impression que le dossier n’a pas bougé d’un iota. A votre avis, comment peut-on faire avancer ces négociations?
L’important n’est pas la durée de ces pourparlers indirects ou directs. L’essentiel est que le Conseil de sécurité soit parvenu à prendre des décisions claires invitant les différentes parties à des négociations pour une solution politique mutuellement acceptable. Pour réussir ces pourparlers, le Maroc avait présenté depuis 2007 la proposition concernant le projet d’autonomie. La plateforme pour des négociations est là et le Maroc a eu le courage de la proposer. Les autres parties doivent assumer leurs responsabilités avec réalisme loin des slogans creux sur l’indépendance. Et les pourparlers informels sont une occasion pour que chaque partie expose ses idées et remarques sur la question.
Comment évaluez-vous la position de l’Algérie dans ses négociations ?
L’Algérie est partie prenante dans cette affaire et son statut d’observateur ne la soustrait pas de sa responsabilité de contribuer à trouver une solution, car lors des pourparlers informels, on peut exposer son point de vue sans que cela soit pris en considération. D’ailleurs lors du dernier round de ces négociations, la délégation marocaine avait proposé à l’Algérie d’y adhérer avec sérieux, crédibilité et transparence afin de faire avancer les négociations. Les réfugiés marocains dans les camps de Tindouf et Lahmada sont sous l’autorité algérienne selon le droit international. La première initiative à faire pour l’Algérie est de permettre au Commissariat international des réfugiés de recenser ces derniers et surtout ceux qui sont originaires de Sakiat Al Hamra et Oued Eddahab. Et c’est ce recensement qui permettra de donner l’image de ce que représente réellement le Polisario. D’ailleurs, lors du dernier round, le Maroc s’est interrogé sur la représentativité réelle du Polisario quand on sait que la majorité des originaires de Sakiat Al Hamra et Oued Eddahab vivent au pays.
Comment évaluez-vous la diplomatie marocaine actuellement, surtout que le ministre des Affaires étrangères a dernièrement critiqué la diplomatie parlementaire dans ce sens ?
La responsabilité de la diplomatie officielle est essentielle et ses interlocuteurs sont aujourd’hui les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. A mon avis, il est impératif d’ouvrir un dialogue avec ces derniers afin d’évaluer cette étape et créer de nouveaux mécanismes pour faire aboutir les négociations. Quant à la diplomatie parlementaire, elle reste complémentaire et sa mission consiste à éclairer les membres des autres parlements sur notre cause tant au niveau régional qu’international tels le Parlement européen, l’Union des Parlements africains et arabes, les Parlements latino-américains ou encore asiatique. De ce fait, ce travail exige une mobilisation constante, car les parlementaires changent en permanence selon les élections dans chaque pays. Il y a également la diplomatie des partis politiques qui a pour mission de consolider les relations entre les partis nationaux, les organismes internationaux et les partis frères et amis. Il ne faut pas oublier également le rôle que peuvent jouer les ONG auprès de leurs homologues à l’étranger. Toutes ces composantes doivent s’activer pour dévoiler l’image des séparatistes et mettre en relief le bien-fondé des initiatives marocaines pour trouver une solution à ce problème. Cependant, ces actions ne peuvent en aucun cas être saisonnières ou occasionnelles. D’autre part, il est incontestable que le rôle de la communauté marocaine à l’étranger est capital à ce sujet, particulièrement celui des intellectuels, des cadres supérieurs, des journalistes et des hauts fonctionnaires des institutions internationales et privées. Ces derniers ne peuvent réussir leur mission sans l’établissement d’un vrai dialogue avec les autres parties, et ce en toute transparence et avec le sérieux nécessaires envers l’opinion internationale.
Pour arriver à cette fin, une nouvelle stratégie s’impose au niveau médiatique et de la presse étrangère, particulièrement avec nos voisins espagnols.
Il y a d’un côté le projet de la régionalisation élargie et de l’autre la proposition marocaine d’autonomie concernant le Sahara. Les deux peuvent- ils aller de pair ?
Le projet d’autonomie constitue une plateforme pour les négociations soumise au Conseil de sécurité qui la considère de sérieux et crédible. Avant sa mise en application, ce projet doit passer d’abord par l’accord de toutes les parties et la consultation de la population locale à propos de cet accord. Par contre, la régionalisation élargie est une affaire purement interne. Nous attendons ce que proposera la Commission Royale pour la régionalisation à Sa Majesté le Roi en termes d’idées, de vision et de perspectives de cette régionalisation. Cela donnera lieu sûrement à un nouveau débat national interne qui débouchera ensuite sur l’élaboration des lois relatives à la régionalisation élargie qui concerne tout le pays, particulièrement Sakia Al Hamra et Oued Eddahab.
Au cas où les parties ne parviendraient pas à une solution, comment, à votre avis, évoluerait la situation?
Nous espérons que ces négociations aboutissent un jour et profitent pleinement à la population locale, au peuple marocain, ainsi qu’aux peuples du Grand Maghreb arabe. La responsabilité des Nations unies demeure importante, puisqu’elle doit veiller sur le recensement des «réfugiés» et leur donner l’occasion d’exprimer leur opinion. Le déroulement de cette opération est à même d’accélérer la démarche et de parvenir à une solution consensuelle.