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Du 15 au 19 avril courant, la capitale du Détroit abritera «le Salon international de Tanger des livres et des arts».
Lieu de partage, d’échange, de débat et d’enrichissement mutuel, ce rendez-vous annuel désormais
incontournable, revient, pour la 13ème édition avec une autre formule. Tout au long de ce Salon, l’accent sera mis sur la rencontre entre la littérature et les autres formes de
création artistique. Littérature, cinéma, peinture, danse, photographie… seront donc à l’honneur
dans une ville telle que Tanger, cité à la croisée des cultures, à la croisée des arts….
Entretien avec Marie-Christine Vandoorne, Commissaire du Salon international de Tanger des livres
et des arts.
Libé : Après « l’Etranger dans la langue », « Identités fugitives », quel thème sera proposé pour cette édition ?
Marie-Christine Vandoorne : Vous l’aurez sans doute remarqué, le Salon change de conception. Il ne s’agit plus du Salon international du livre de Tanger mais « le Salon international de Tanger des livres et des arts ». Pour cette édition, nous avons choisi d’organiser le SIT autour de « L’au-delà des œuvres »…
Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce thème ?
Ce Salon sera l’occasion de vivifier la création artistique sous toutes ses formes. L’œuvre est l’aboutissement provisoire d’une création, sachant que chaque œuvre peut provoquer d’autres... Rien n’est définitif. L’artiste, pour s’inscrire dans l’aventure créative, doit aller « au-delà » des œuvres qui l’ont précédé. Ainsi, l’œuvre vit à son tour et se déploie bien au-delà d’elle-même, pendant ou après le siècle où elle émerge. Une démarche d’audace est nécessaire pour y arriver… d’ailleurs, que cherche l’écrivain, si ce n’est un au-delà à travers l’écriture, la découverte de la Beauté, la connaissance et la rencontre de l’Autre… De la même manière, le lecteur, le spectateur, à travers la musique, la littérature, le cinéma ou les musées, ne s’arrête pas à l’œuvre en elle-même mais cherche un moment de partage, un au-delà…
Justement, quels sont les principaux changements par rapport aux éditions précédentes ?
Cette 13ème édition apporte aujourd’hui une innovation de taille puisqu’elle associe résolument les livres aux arts… Ce Salon proposera une ouverture sur différentes formes de création artistique pour différentes raisons. Tout d’abord, il est à noter qu’il y a actuellement au Maroc un foisonnement singulier dans le domaine artistique à travers de nombreuses manifestations culturelles (cinéma, danse, photographie, musique…). Ce foisonnement de la création concerne plus particulièrement les arts plastiques avec l’ouverture de nouvelles galeries, l’organisation de biennales d’art contemporain et l’émergence de nouveaux talents. J’ai été moi-même fascinée par la surabondance autour des différentes formes de l’Art lors de mon passage à la direction de l’Institut français de la ville de Tétouan où se trouve l’Institut national des Beaux-Arts.
Alors, devant ce foisonnement explosif, il nous a semblé important de créer un moment où les artistes pourraient se rencontrer et parler avec le public ; une manière aussi de créer des «vases communicants» entre toutes les formes de l’Art. C’est pour cette raison qu’il devenait indispensable d’organiser une réflexion autour des diverses formes de la création artistique qui, toutes, appellent à une écriture. Tanger, riche de son passé à la croisée des arts, semble un lieu idéal pour y asseoir une telle réflexion.
Ce Salon se voudrait être le témoignage vivant de la création artistique à tous les niveaux. En s’ouvrant sur d’autres formes de l’Art, l’on accompagne ainsi le décloisonnement entre les cultures ; un décloisonnement possible par la création artistique. D’ailleurs, ce Salon qui s’ancre dans un échange entre l’Europe et la Méditerranée est la marque que l’enrichissement des cultures peut se faire au contact de l’Autre.
Vous avez indiqué que «l’accent sera mis sur la rencontre entre la littérature et les autres formes de la création artistique». Qu’en sera-t-il vraiment?
La littérature, le cinéma, la photographie, les arts plastiques, la musique et la danse s’entrecroisent. Toutes ces formes de la création artistique seront à l’honneur à travers des rencontres de différents types. Nous organiserons notamment une table ronde intitulée «Ecriture littéraire contemporaine, héritière du cinéma ?». Partant de mon expérience d’écriture, j’ai pu constater que le cinéma apporte des images et des caractéristiques visuelles qui inéluctablement interpellent l’écrivain dans sa création…A travers la danse, l’on montrera la vitalité et la présence de la création artistique. Nous sommes d’ailleurs très fiers d’accueillir, en amont du Salon et dans le cadre d’une résidence de création, huit professionnels de la Compagnie Thomas Duchatelet qui, en collaboration avec les jeunes artistes du groupe tangérois Break or Die Crew, inventeront des moments impromptus tout au long du Salon ; une manière de montrer la création en train de se faire… A l’issue du Salon, cette création quotidienne prendra la forme d’un spectacle pluridisciplinaire offert au public.
Quels sont les différents lieux qui abriteront l’événement ?
Comme pour la dernière édition, c’est le Palais des Institutions italiennes également connu sous le nom du Palais Moulay Hafid, qui sera le cœur du Salon. Bien entendu, c’est un salon qui est ouvert et qui investira d’autres lieux: le Consulat général de France, la Salle Beckett, l’Université, l’Institut français. Il est à remarquer que nous avons programmé différentes rencontres dans d’autres villes de la région : Tétouan, Larache, Martil et Chefchaouen. Le Salon proposera également dans son programme le vernissage d’une exposition espagnole intitulée « Frequencias » qui aura lieu dans la Galerie de l’Institut Cervantès.
L’un des moments qui rencontrent un franc succès est incontestablement la table ronde organisée par les étudiants. Cette tradition de donner la parole aux jeunes générations sera-t-elle reprise pour cette édition ?
La jeunesse ouvrira le Salon puisque dès le premier jour, une table ronde sera organisée autour de Fouad Laroui et Mahi Binebine qui converseront avec des étudiants de l’Université Abdelmalek Essaadi sur le «Choix de la création littéraire et artistique par des hommes des sciences». Il est à noter que Fouad Laroui et Mahi Binebine sont deux hommes de sciences qui ont choisi l’engagement de la création artistique ; l’un est actuellement écrivain et l’autre plasticien et écrivain également.
La jeune génération n’a pas été oubliée puisque des moments inédits lui seront entièrement dédiés tout au long du Salon. L’une des nouveautés de cette édition a été d’organiser un concours de lecture « Au plaisir de lire»; un concours qui a débuté il y a deux mois par la distribution de livres dans plusieurs établissements scolaires (collèges, lycées). Il a été demandé aux jeunes lecteurs de lire les cinq livres proposés puis de rédiger un texte sur le livre de leur choix destiné à concourir pour le Prix de la meilleure critique. De plus, une rencontre entre les élèves et les auteurs des livres sélectionnés sera organisée à Tanger et à Tétouan.
Un hommage posthume sera rendu à Aimé Césaire et Mahmoud Darwich… De quelle manière ?
Un hommage sera en effet rendu à Aimé Césaire dont l’anniversaire de la disparition coïncide avec le Salon. Nous souhaitons lui rendre un hommage artistique à travers la présentation de toiles et de sculptures inédites de l’artiste Mahi Binebine qui exposera à la Galerie Delacroix. Le public pourra admirer des collages dédiés à l’œuvre du grand poète conçus tout spécialement pour le Salon. De plus, pour la première fois au Maroc, les œuvres exceptionnelles du grand artiste cubain Wifredo Lam seront présentées. Il s’agit d’eaux-fortes illustrant les poèmes d’Aimé Césaire. Ces deux expositions artistiques consacrées à l’homme de lettres qu’est Aimé Césaire montrent que les rapports entre les différentes formes de la création artistique ont une grande puissance.
Nous avons également voulu rendre hommage à Mahmoud Darwich à travers une rencontre avec Mohamed Berrada au sein de la Faculté des lettres et des sciences de l’Université Abdelmalek Essaadi.
Lieu de partage, d’échange, de débat et d’enrichissement mutuel, ce rendez-vous annuel désormais
incontournable, revient, pour la 13ème édition avec une autre formule. Tout au long de ce Salon, l’accent sera mis sur la rencontre entre la littérature et les autres formes de
création artistique. Littérature, cinéma, peinture, danse, photographie… seront donc à l’honneur
dans une ville telle que Tanger, cité à la croisée des cultures, à la croisée des arts….
Entretien avec Marie-Christine Vandoorne, Commissaire du Salon international de Tanger des livres
et des arts.
Libé : Après « l’Etranger dans la langue », « Identités fugitives », quel thème sera proposé pour cette édition ?
Marie-Christine Vandoorne : Vous l’aurez sans doute remarqué, le Salon change de conception. Il ne s’agit plus du Salon international du livre de Tanger mais « le Salon international de Tanger des livres et des arts ». Pour cette édition, nous avons choisi d’organiser le SIT autour de « L’au-delà des œuvres »…
Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce thème ?
Ce Salon sera l’occasion de vivifier la création artistique sous toutes ses formes. L’œuvre est l’aboutissement provisoire d’une création, sachant que chaque œuvre peut provoquer d’autres... Rien n’est définitif. L’artiste, pour s’inscrire dans l’aventure créative, doit aller « au-delà » des œuvres qui l’ont précédé. Ainsi, l’œuvre vit à son tour et se déploie bien au-delà d’elle-même, pendant ou après le siècle où elle émerge. Une démarche d’audace est nécessaire pour y arriver… d’ailleurs, que cherche l’écrivain, si ce n’est un au-delà à travers l’écriture, la découverte de la Beauté, la connaissance et la rencontre de l’Autre… De la même manière, le lecteur, le spectateur, à travers la musique, la littérature, le cinéma ou les musées, ne s’arrête pas à l’œuvre en elle-même mais cherche un moment de partage, un au-delà…
Justement, quels sont les principaux changements par rapport aux éditions précédentes ?
Cette 13ème édition apporte aujourd’hui une innovation de taille puisqu’elle associe résolument les livres aux arts… Ce Salon proposera une ouverture sur différentes formes de création artistique pour différentes raisons. Tout d’abord, il est à noter qu’il y a actuellement au Maroc un foisonnement singulier dans le domaine artistique à travers de nombreuses manifestations culturelles (cinéma, danse, photographie, musique…). Ce foisonnement de la création concerne plus particulièrement les arts plastiques avec l’ouverture de nouvelles galeries, l’organisation de biennales d’art contemporain et l’émergence de nouveaux talents. J’ai été moi-même fascinée par la surabondance autour des différentes formes de l’Art lors de mon passage à la direction de l’Institut français de la ville de Tétouan où se trouve l’Institut national des Beaux-Arts.
Alors, devant ce foisonnement explosif, il nous a semblé important de créer un moment où les artistes pourraient se rencontrer et parler avec le public ; une manière aussi de créer des «vases communicants» entre toutes les formes de l’Art. C’est pour cette raison qu’il devenait indispensable d’organiser une réflexion autour des diverses formes de la création artistique qui, toutes, appellent à une écriture. Tanger, riche de son passé à la croisée des arts, semble un lieu idéal pour y asseoir une telle réflexion.
Ce Salon se voudrait être le témoignage vivant de la création artistique à tous les niveaux. En s’ouvrant sur d’autres formes de l’Art, l’on accompagne ainsi le décloisonnement entre les cultures ; un décloisonnement possible par la création artistique. D’ailleurs, ce Salon qui s’ancre dans un échange entre l’Europe et la Méditerranée est la marque que l’enrichissement des cultures peut se faire au contact de l’Autre.
Vous avez indiqué que «l’accent sera mis sur la rencontre entre la littérature et les autres formes de la création artistique». Qu’en sera-t-il vraiment?
La littérature, le cinéma, la photographie, les arts plastiques, la musique et la danse s’entrecroisent. Toutes ces formes de la création artistique seront à l’honneur à travers des rencontres de différents types. Nous organiserons notamment une table ronde intitulée «Ecriture littéraire contemporaine, héritière du cinéma ?». Partant de mon expérience d’écriture, j’ai pu constater que le cinéma apporte des images et des caractéristiques visuelles qui inéluctablement interpellent l’écrivain dans sa création…A travers la danse, l’on montrera la vitalité et la présence de la création artistique. Nous sommes d’ailleurs très fiers d’accueillir, en amont du Salon et dans le cadre d’une résidence de création, huit professionnels de la Compagnie Thomas Duchatelet qui, en collaboration avec les jeunes artistes du groupe tangérois Break or Die Crew, inventeront des moments impromptus tout au long du Salon ; une manière de montrer la création en train de se faire… A l’issue du Salon, cette création quotidienne prendra la forme d’un spectacle pluridisciplinaire offert au public.
Quels sont les différents lieux qui abriteront l’événement ?
Comme pour la dernière édition, c’est le Palais des Institutions italiennes également connu sous le nom du Palais Moulay Hafid, qui sera le cœur du Salon. Bien entendu, c’est un salon qui est ouvert et qui investira d’autres lieux: le Consulat général de France, la Salle Beckett, l’Université, l’Institut français. Il est à remarquer que nous avons programmé différentes rencontres dans d’autres villes de la région : Tétouan, Larache, Martil et Chefchaouen. Le Salon proposera également dans son programme le vernissage d’une exposition espagnole intitulée « Frequencias » qui aura lieu dans la Galerie de l’Institut Cervantès.
L’un des moments qui rencontrent un franc succès est incontestablement la table ronde organisée par les étudiants. Cette tradition de donner la parole aux jeunes générations sera-t-elle reprise pour cette édition ?
La jeunesse ouvrira le Salon puisque dès le premier jour, une table ronde sera organisée autour de Fouad Laroui et Mahi Binebine qui converseront avec des étudiants de l’Université Abdelmalek Essaadi sur le «Choix de la création littéraire et artistique par des hommes des sciences». Il est à noter que Fouad Laroui et Mahi Binebine sont deux hommes de sciences qui ont choisi l’engagement de la création artistique ; l’un est actuellement écrivain et l’autre plasticien et écrivain également.
La jeune génération n’a pas été oubliée puisque des moments inédits lui seront entièrement dédiés tout au long du Salon. L’une des nouveautés de cette édition a été d’organiser un concours de lecture « Au plaisir de lire»; un concours qui a débuté il y a deux mois par la distribution de livres dans plusieurs établissements scolaires (collèges, lycées). Il a été demandé aux jeunes lecteurs de lire les cinq livres proposés puis de rédiger un texte sur le livre de leur choix destiné à concourir pour le Prix de la meilleure critique. De plus, une rencontre entre les élèves et les auteurs des livres sélectionnés sera organisée à Tanger et à Tétouan.
Un hommage posthume sera rendu à Aimé Césaire et Mahmoud Darwich… De quelle manière ?
Un hommage sera en effet rendu à Aimé Césaire dont l’anniversaire de la disparition coïncide avec le Salon. Nous souhaitons lui rendre un hommage artistique à travers la présentation de toiles et de sculptures inédites de l’artiste Mahi Binebine qui exposera à la Galerie Delacroix. Le public pourra admirer des collages dédiés à l’œuvre du grand poète conçus tout spécialement pour le Salon. De plus, pour la première fois au Maroc, les œuvres exceptionnelles du grand artiste cubain Wifredo Lam seront présentées. Il s’agit d’eaux-fortes illustrant les poèmes d’Aimé Césaire. Ces deux expositions artistiques consacrées à l’homme de lettres qu’est Aimé Césaire montrent que les rapports entre les différentes formes de la création artistique ont une grande puissance.
Nous avons également voulu rendre hommage à Mahmoud Darwich à travers une rencontre avec Mohamed Berrada au sein de la Faculté des lettres et des sciences de l’Université Abdelmalek Essaadi.