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Libé: Voulez-vous nous donner un aperçu sur la nouvelle édition du Festival Tifawine?
El Houcine Al Ihssayni : Il faut dire que la quatrième édition du Festival Tifawine s'inscrit dans la continuité et la volonté du renforcement de l'identité tracée par les initiateurs de la manifestation depuis sa création. Une identité qui met en exergue, par excellence, le thème de la ruralité. Nous l'avons choisi dès le lancement de ce projet, dans le but de permettre la création d'une interaction culturelle fructueuse entre les différentes régions rurales du pays. Il suffit, pour s'en rendre compte, de survoler le programme élaboré pour cette nouvelle édition.Vous verrez que le Festival met à l'honneur manifestement l'Ahwach, comme art intrinsèquement lié à l'espace rural, dans toutes ses variétés régionales. On note la présence de l'Ahwach de warzazate, de Zagoura, celui de Bani de Tata, l'Ahyyad d'Aît Mimoun, l'Ahwach d'Imintanout, l'Ahidouss de Taza, celui de Klaat Mgouna, Lgadra de Goulmim, Ismgan de Oulad Jerrar, etc jusqu'à l'Ahwach des femmes de Tafraout. A travers cela, c'est en fait toutes les richesses patrimoniales rurales en la matière, que nous voulons explorer et les faire découvrir aux générations montantes qui ignorent ou méconnaissent ce trésor enfoui sous les décombres de l'histoire.
Dans le programme proposé cette année, on constate effectivement une présence manifeste et accrue des Ahwachs. Ne craignez-vous pas de susciter chez le public une certaine indigestion ?
Effectivement, 75% de notre plateau artistique comporte l'Ahwach des diverses régions. Mais, bien au contraire, je veux vous avouer que Tifawine a une ambition plus grande dans ce sens ; puisque nous comptons dans les prochaines éditions faire de notre Festival un lieu de rencontre par excellence des chants ruraux étrangers aussi. Nous allons ainsi inviter des créativités rurales en la matière de par le monde. Mais, parallèlement, cela ne nous a pas empêchés de proposer par ailleurs les prestations des chanteurs et artistes berbères, lesquels ont modernisé le registre musical berbère et sont appréciés notamment des jeunes. C'est en fait pour créer un plateau artistique, harmonieux et varié qui allie l'aspect traditionnel rural et contemporain de la chanson et musique amazighe, afin de mieux embrasser ces deux riches facettes de ce patrimoine inestimable, qui a besoin justement d'une continuelle exploration pour assurer sa pérennité. Par contre, je pense que le public apprécier acela. Car la plupart des gens qui viennent pour le Festival font partie de la diaspora tafraoutie vivant dans les grandes villes et à l'étranger. Une communauté donc qui entretient des liens solides avec Tamazirt (le bled) malgré son éloignement, mais dont les générations nouvelles continuent de « se chercher » dans une quête de racines à travers ces retours répétés vers la région, étant assoiffées de la découverte des racines et de la culture locales.
Le programme Méga, tant décrié par les détracteurs de cette prestation qualifiée de « mégalomanie », a jeté cette fois-ci son dévolu sur le thé marocain. Pourquoi pas un produit du terroir comme auparavant ?
D'abord, je dois avouer que notre prestation Méga a eu un retentissant écho auprès des visiteurs du Festival et de toute la région. Dans la mesure où cette manifestation a pu faire connaître au public les produits locaux phare de la région. Comme par exemple au niveau culinaire, le Méga Lbssis ou artisanal par la confection de la plus grande babouche locale (Adoukou) ou artistique par l'organisation du Méga Ahwach. Le principe est ainsi de présenter au grand public un produit ou mets à grande dimension pour impressionner et susciter sa curiosité. Le choix du thé lors de cette édition, relève de notre volonté de lever le voile sur les aspects cérémoniaux qui accompagnent la préparation traditionnelle locale de ce breuvage et le rôle qu'il a joué et continue de jouer dans le sens de la consolidation des liens sociaux (notamment à travers cette ancestrale tradition de Skar) entre les jeunes des différents sexes et sa place de choix comme emblème du séculaire accueil dans les rapports entre les différentes tribus de la région. La préparation localement du thé est soumise à un rituel et une méthode spécifiques dont le secret est tenu par seuls quelques fins connaisseurs de la région. C'est également ce que nous voulons faire savoir aux gens. Pour cela notre programme comporte une compétition en la matière dont la meilleure préparation est récompensée.
Les activités « off » commencent à devenir le parent pauvre du Festival à tel point que certains se sont permis de réduire cette manifestation à un simple rendez-vous pour distraire les gens par «Chtih Ourdih » ?
Si vous entendez par ces termes leur acception positive, à savoir l'aspect qui vise à créer de l'animation pour détendre les estivants affluant en cette période à la région, je pense que le festival offre bien une programmation adéquate dans ce sens. Par contre, je peux vous assurer que la manifestation tient à assurer également un ensemble d’activités off. En concevant des espaces de rencontres culturelles, théâtrales, sociales, sportives, etc. Il faut dire que notre programmation tient à maintenir un équilibre entre ces différents produits culturels.
Mais où sont passés le Festival du cinéma rural et les Universités rurales de Mohamed Khair Eddine dont la tenue a été lancée en grande pompe lors de la précédente édition?
Le Festival se tient une fois par an. Le reste du temps, c'est le vide ambiant. Tout le monde attend alors la prochaine édition pour avoir de l'animation culturelle dans la région. C'est pour cela que nous avons pensé à conférer à son action une certaine continuité en proposant l'organisation de rencontres culturelles tout au long de l’année afin de combler ce vide. Nous avons alors promis la tenue du Festival du cinéma rural au printemps et les Universités rurales de M. Khair Eddine en hiver. Certes, cela n'a pas eu lieu. Il faut avouer que le ambition est plus grande que le budget disponible. Notre obstacle reste le manque de moyens financiers. Mais nous promettons de faire prochainement en sorte que ces activités puissent voir le jour, surtout que pour les Universités rurales de Mohamed Khair Eddine, nous avons déjà commencé l'élaboration de son canevas depuis bien longtemps. Nous allons très prochainement lancer la date de sa tenue. Les Universités de Khair Eddine permettront l'exploitation de ce thème de la ruralité par les milieux universitaires, académiques et le tissu associatif local. C'est le but visé entre autres.
Beaucoup d'espoir est placé dans le Festival en tant que catalyseur pour l'amélioration des infrastructures, l'offre sanitaire, etc. Mais jusque-là, cela n'a pas eu lieu !
Le Festival n'est pas responsable de la détérioration des infrastructures locales. Mais on s'accorde à dire qu'il aurait pu inciter les décideurs à penser améliorer l'état des routes, offrir de meilleurs services sanitaires etc. Et ce, en mettant les responsables devant le fait accompli, puisqu'ils doivent bouger dans ce sens pour permettre à la région d'accueillir des milliers de visiteurs que le Festival attire dans de meilleures conditions. L'exemple de la route d'Amelne illustre bien ce triste constat d'abandon des infrastructures routières de la région. L'autre cas est l'hôpital de la ville, qui n'assure toujours pas plus que les prestations d'un dispensaire digne d'un village rural. Tifawine est un important produit d'appel qui réussit à attirer des flux de touristes et investisseurs pour la découverte de la région. Car, nous avions dès le début, la conviction que le développement rural doit passer d'abord par celui de la culture locale. C'est un tremplin incontournable pour la réussite du défi de développement local. Le Festival a donc bien joué son rôle. La balle est désormais dans le camp des responsables et des associations locales qui doivent réagir pour assurer l'accompagnement nécessaire.
Un dernier mot sur le budget de Tifawine cette année !
C'est triste à révéler : il y a une nette régression des apports financiers de la part de nos sponsors. Globalement, nous constatons une diminution de 30% de notre budget actuel par rapport à celui de notre édition précédente. Cela est dû principalement à la crise économique et financière qui a touché le monde entier et dont les répercussions se sont fait sentir au niveau national et local. A cela s'ajoute aussi le fait que l'un de nos principaux partenaires, en l’occurence l’IRCAM, a baissé substantiellement sa contribution lors de cette édition pour des raisons que nous ignorons.
El Houcine Al Ihssayni : Il faut dire que la quatrième édition du Festival Tifawine s'inscrit dans la continuité et la volonté du renforcement de l'identité tracée par les initiateurs de la manifestation depuis sa création. Une identité qui met en exergue, par excellence, le thème de la ruralité. Nous l'avons choisi dès le lancement de ce projet, dans le but de permettre la création d'une interaction culturelle fructueuse entre les différentes régions rurales du pays. Il suffit, pour s'en rendre compte, de survoler le programme élaboré pour cette nouvelle édition.Vous verrez que le Festival met à l'honneur manifestement l'Ahwach, comme art intrinsèquement lié à l'espace rural, dans toutes ses variétés régionales. On note la présence de l'Ahwach de warzazate, de Zagoura, celui de Bani de Tata, l'Ahyyad d'Aît Mimoun, l'Ahwach d'Imintanout, l'Ahidouss de Taza, celui de Klaat Mgouna, Lgadra de Goulmim, Ismgan de Oulad Jerrar, etc jusqu'à l'Ahwach des femmes de Tafraout. A travers cela, c'est en fait toutes les richesses patrimoniales rurales en la matière, que nous voulons explorer et les faire découvrir aux générations montantes qui ignorent ou méconnaissent ce trésor enfoui sous les décombres de l'histoire.
Dans le programme proposé cette année, on constate effectivement une présence manifeste et accrue des Ahwachs. Ne craignez-vous pas de susciter chez le public une certaine indigestion ?
Effectivement, 75% de notre plateau artistique comporte l'Ahwach des diverses régions. Mais, bien au contraire, je veux vous avouer que Tifawine a une ambition plus grande dans ce sens ; puisque nous comptons dans les prochaines éditions faire de notre Festival un lieu de rencontre par excellence des chants ruraux étrangers aussi. Nous allons ainsi inviter des créativités rurales en la matière de par le monde. Mais, parallèlement, cela ne nous a pas empêchés de proposer par ailleurs les prestations des chanteurs et artistes berbères, lesquels ont modernisé le registre musical berbère et sont appréciés notamment des jeunes. C'est en fait pour créer un plateau artistique, harmonieux et varié qui allie l'aspect traditionnel rural et contemporain de la chanson et musique amazighe, afin de mieux embrasser ces deux riches facettes de ce patrimoine inestimable, qui a besoin justement d'une continuelle exploration pour assurer sa pérennité. Par contre, je pense que le public apprécier acela. Car la plupart des gens qui viennent pour le Festival font partie de la diaspora tafraoutie vivant dans les grandes villes et à l'étranger. Une communauté donc qui entretient des liens solides avec Tamazirt (le bled) malgré son éloignement, mais dont les générations nouvelles continuent de « se chercher » dans une quête de racines à travers ces retours répétés vers la région, étant assoiffées de la découverte des racines et de la culture locales.
Le programme Méga, tant décrié par les détracteurs de cette prestation qualifiée de « mégalomanie », a jeté cette fois-ci son dévolu sur le thé marocain. Pourquoi pas un produit du terroir comme auparavant ?
D'abord, je dois avouer que notre prestation Méga a eu un retentissant écho auprès des visiteurs du Festival et de toute la région. Dans la mesure où cette manifestation a pu faire connaître au public les produits locaux phare de la région. Comme par exemple au niveau culinaire, le Méga Lbssis ou artisanal par la confection de la plus grande babouche locale (Adoukou) ou artistique par l'organisation du Méga Ahwach. Le principe est ainsi de présenter au grand public un produit ou mets à grande dimension pour impressionner et susciter sa curiosité. Le choix du thé lors de cette édition, relève de notre volonté de lever le voile sur les aspects cérémoniaux qui accompagnent la préparation traditionnelle locale de ce breuvage et le rôle qu'il a joué et continue de jouer dans le sens de la consolidation des liens sociaux (notamment à travers cette ancestrale tradition de Skar) entre les jeunes des différents sexes et sa place de choix comme emblème du séculaire accueil dans les rapports entre les différentes tribus de la région. La préparation localement du thé est soumise à un rituel et une méthode spécifiques dont le secret est tenu par seuls quelques fins connaisseurs de la région. C'est également ce que nous voulons faire savoir aux gens. Pour cela notre programme comporte une compétition en la matière dont la meilleure préparation est récompensée.
Les activités « off » commencent à devenir le parent pauvre du Festival à tel point que certains se sont permis de réduire cette manifestation à un simple rendez-vous pour distraire les gens par «Chtih Ourdih » ?
Si vous entendez par ces termes leur acception positive, à savoir l'aspect qui vise à créer de l'animation pour détendre les estivants affluant en cette période à la région, je pense que le festival offre bien une programmation adéquate dans ce sens. Par contre, je peux vous assurer que la manifestation tient à assurer également un ensemble d’activités off. En concevant des espaces de rencontres culturelles, théâtrales, sociales, sportives, etc. Il faut dire que notre programmation tient à maintenir un équilibre entre ces différents produits culturels.
Mais où sont passés le Festival du cinéma rural et les Universités rurales de Mohamed Khair Eddine dont la tenue a été lancée en grande pompe lors de la précédente édition?
Le Festival se tient une fois par an. Le reste du temps, c'est le vide ambiant. Tout le monde attend alors la prochaine édition pour avoir de l'animation culturelle dans la région. C'est pour cela que nous avons pensé à conférer à son action une certaine continuité en proposant l'organisation de rencontres culturelles tout au long de l’année afin de combler ce vide. Nous avons alors promis la tenue du Festival du cinéma rural au printemps et les Universités rurales de M. Khair Eddine en hiver. Certes, cela n'a pas eu lieu. Il faut avouer que le ambition est plus grande que le budget disponible. Notre obstacle reste le manque de moyens financiers. Mais nous promettons de faire prochainement en sorte que ces activités puissent voir le jour, surtout que pour les Universités rurales de Mohamed Khair Eddine, nous avons déjà commencé l'élaboration de son canevas depuis bien longtemps. Nous allons très prochainement lancer la date de sa tenue. Les Universités de Khair Eddine permettront l'exploitation de ce thème de la ruralité par les milieux universitaires, académiques et le tissu associatif local. C'est le but visé entre autres.
Beaucoup d'espoir est placé dans le Festival en tant que catalyseur pour l'amélioration des infrastructures, l'offre sanitaire, etc. Mais jusque-là, cela n'a pas eu lieu !
Le Festival n'est pas responsable de la détérioration des infrastructures locales. Mais on s'accorde à dire qu'il aurait pu inciter les décideurs à penser améliorer l'état des routes, offrir de meilleurs services sanitaires etc. Et ce, en mettant les responsables devant le fait accompli, puisqu'ils doivent bouger dans ce sens pour permettre à la région d'accueillir des milliers de visiteurs que le Festival attire dans de meilleures conditions. L'exemple de la route d'Amelne illustre bien ce triste constat d'abandon des infrastructures routières de la région. L'autre cas est l'hôpital de la ville, qui n'assure toujours pas plus que les prestations d'un dispensaire digne d'un village rural. Tifawine est un important produit d'appel qui réussit à attirer des flux de touristes et investisseurs pour la découverte de la région. Car, nous avions dès le début, la conviction que le développement rural doit passer d'abord par celui de la culture locale. C'est un tremplin incontournable pour la réussite du défi de développement local. Le Festival a donc bien joué son rôle. La balle est désormais dans le camp des responsables et des associations locales qui doivent réagir pour assurer l'accompagnement nécessaire.
Un dernier mot sur le budget de Tifawine cette année !
C'est triste à révéler : il y a une nette régression des apports financiers de la part de nos sponsors. Globalement, nous constatons une diminution de 30% de notre budget actuel par rapport à celui de notre édition précédente. Cela est dû principalement à la crise économique et financière qui a touché le monde entier et dont les répercussions se sont fait sentir au niveau national et local. A cela s'ajoute aussi le fait que l'un de nos principaux partenaires, en l’occurence l’IRCAM, a baissé substantiellement sa contribution lors de cette édition pour des raisons que nous ignorons.