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Pour Abdelmoula Abdelmoumni,
président de la Mutuelle générale
du personnel des
administrations publiques (MGPAP),
le Plan d'urgence mis en place vise à rétablir les équilibres financiers et à offrir de meilleures prestations
aux adhérents.
Libé : Comment était l'ambiance au sein de la Mutuelle à votre arrivée ?
A. A: Juste après l'installation de la nouvelle équipe et suite aux réunions qu'on a organisées avec le personnel, les cadres et l'administration, nous avons constaté que ces derniers manquent de confiance et qu'un malaise régnait au point de perturber le travail. Il fallait donc réagir, à plusieurs niveaux, pour leur redonner confiance ainsi qu'aux adhérents en leur Mutuelle et son rôle. Permettre au délégué élu d'accomplir sa vraie mission pour alléger les souffrances du mutualiste, à l'Administration de la MGPAP de s'acquitter de sa tâche principale et à l'employé de jouer pleinement son rôle conformément au règlement, toutes ces actions constituent notre souci majeur.
Quelles étaient vos priorités après ce check-up ?
Une fois à la tête du Conseil administratif, la première action, somme toute logique, était de rencontrer et de se réunir avec le personnel, les syndicats, les représentants des salariés pour établir un diagnostic minutieux qui nous a permis, malheureusement, de mettre le doigt sur la gravité de la situation de la Mutuelle et de l'urgence de passer à l'action concrète pour éviter le pire. Cette situation est marquée par des investissements non rentables, un système d'information boiteux, des ressources humaines en grandes difficultés, un dysfonctionnement organisationnel, des gaspillages et des perditions à volonté, des retards dans le paiement des prestations et des déficits qui s'installent et s'accentuent.
Pour surmonter cette crise profonde, l'intervention du Conseil d'administration était indispensable, puisque c'est à lui de prendre les décisions appropriées. Le 11 septembre, les membres du CA ont tenu leur réunion au cours de laquelle nous avons présenté plusieurs exposés sur l'état des lieux et remis aux membres du CA un rapport copieux de quelque 300 pages qui comporte les détails des exposés et les PV des nombreuses réunions du bureau administratif. A l'issue de cette réunion, les membres du CA ont été unanimes à confirmer que le temps est un facteur déterminant pour sauver les meubles et ont, après un long débat, approuvé un plan d'urgence susceptible de rétablir les équilibres financiers de cette institution et liquider le passif des dossiers de maladie. Un plan qui est en fait une feuille de route avec des priorités et des objectifs à moyen et long termes.
Pouvez-vous nous citer quelques recommandations de ce Plan d'urgence?
Le CA en a choisi une vingtaine, toutes aussi importantes, les unes que les autres, pour l'avenir de la Mutuelle dont la recommandation de trois audits : des comptes, des ressources humaines et du système d'information qui avait coûté à la MGPAP la bagatelle de 4 milliards de centimes et qui reste à ce jour, à 40% inopérant, la mise en œuvre de la loi des marchés publics appliquée par la CNOPS et les autres mutuelles.
Pour ce qui est des bilans financiers des exercices 2004 et 2005, ils ne pourront en aucun cas être crédibles dans la mesure où le représentant de l'Etat n'a pas pris part à la commission de contrôle. Les bilans de 2006, 2007, 2008 et 2009 n'ont pas encore vu le jour.
L'audit concernant les ressources humaines s'impose du fait que la masse salariale qui doit être comprise entre 7 et 13% constitue 55% des recettes de la Mutuelle. Pour avoir une idée plus précise des graves difficultés dont souffrent les ressources humaines, il y a lieu de citer l'augmentation exponentielle de 77% des charges du personnel, entre 2002 et 2008.
Qu'en est-il de votre relation avec les ministères de l'Emploi, des Finances et les responsables de la CNOPS ?
Il fallait changer leur vision, chose qui n'était pas aisée. Il fallait donc les convaincre et leur montrer la bonne volonté de la nouvelle équipe à travers des actions concrètes, car comme je le disais, le facteur temps est primordial pour redresser la barre.
C'était un défi que nous avons pu relever en moins d'un mois et demi, en donnant des signaux forts, notamment que nous sommes dignes et à la hauteur de cette responsabilité pour restructurer et sauver la Mutuelle et par là même assurer des prestations de meilleure qualité, optimiser les dépenses, assurer de bonnes conditions de travail du personnel, une bonne gouvernance, entre autres.
Grâce au soutien du département de tutelle, au renforcement de nos équipes, au suivi rigoureux et à l'étroite collaboration avec la CNOPS, nous avons pu régler 550.000 dossiers de maladie (retraites, orphelins, décès, veuves, etc), soit 80% des dossiers dont certains remontent à 2007 et 2008. Une première dans les annales de la Mutuelle. Cette action y était pour beaucoup dans ce climat de confiance et le début d’une nouvelle ère de coopération.
Quelle démarche allez-vous adopter pour recouvrer les fonds de la Mutuelle auprès de la CNOPS ?
Une commission sera constituée incessamment entre le ministère de l'Emploi et le MGPAP pour étudier les voies et moyens à même de permettre à la Mutuelle de récupérer ses fonds auprès de la CNOPS. Ces fonds estimés à 6 milliards de centimes seront consacrés essentiellement au remboursement des dossiers de maladie et aux autres prestations.
Grâce également à la mise en place de quatre commissions mixtes (Emploi, Finances, CNOPS, MGPAP) qui ont pour mission d'élaborer les procédures à même de permettre de trouver des solutions aux nombreuses difficultés, nous sommes parvenus à régler 85% des dossiers avec la CNOPS.
Qu'en est-il des problèmes juridiques et financiers ?
Une commission tripartite formée des ministères de l'Emploi, des Finances et des responsables de la MGPAP a été créée pour trouver des solutions sinon établir des procédures pour parvenir à surmonter ce genre de problèmes.
Qu'avez-vous décidé pour les 16 régions ?
Nous avons opté pour une stratégie à moyen et long termes dont l'objectif est d’introduire une restructuration profonde. Nous prévoyons de doter les délégations provinciales de l'ensemble des attributions, en conformité avec les lois en vigueur, afin de leur permettre de s'acquitter de leurs missions dans les meilleures conditions. Nous visons une complémentarité entre l'administration et l'élu qui sera le porte-parole du personnel sur place. Au niveau de chaque région, une commission aura pour mission d'étudier ses problèmes, proposer les alternatives et les moyens adéquats et de les transmettre à l’administration centrale.
Quelles sont les perspectives d’avenir?
Nous sommes confiants, même si notre mission est des plus difficiles. Mais avec nos partenaires (Emploi, Finances et CNOPS), nous sommes prêts à relever le défi. Si nous avons mené une lutte acharnée contre l'ancienne équipe, ce n'est pas pour rien; mais pour changer la situation de crise que vit la Mutuelle et pour que notre institution soit gérée avec davantage de transparence et d’efficacité.
président de la Mutuelle générale
du personnel des
administrations publiques (MGPAP),
le Plan d'urgence mis en place vise à rétablir les équilibres financiers et à offrir de meilleures prestations
aux adhérents.
Libé : Comment était l'ambiance au sein de la Mutuelle à votre arrivée ?
A. A: Juste après l'installation de la nouvelle équipe et suite aux réunions qu'on a organisées avec le personnel, les cadres et l'administration, nous avons constaté que ces derniers manquent de confiance et qu'un malaise régnait au point de perturber le travail. Il fallait donc réagir, à plusieurs niveaux, pour leur redonner confiance ainsi qu'aux adhérents en leur Mutuelle et son rôle. Permettre au délégué élu d'accomplir sa vraie mission pour alléger les souffrances du mutualiste, à l'Administration de la MGPAP de s'acquitter de sa tâche principale et à l'employé de jouer pleinement son rôle conformément au règlement, toutes ces actions constituent notre souci majeur.
Quelles étaient vos priorités après ce check-up ?
Une fois à la tête du Conseil administratif, la première action, somme toute logique, était de rencontrer et de se réunir avec le personnel, les syndicats, les représentants des salariés pour établir un diagnostic minutieux qui nous a permis, malheureusement, de mettre le doigt sur la gravité de la situation de la Mutuelle et de l'urgence de passer à l'action concrète pour éviter le pire. Cette situation est marquée par des investissements non rentables, un système d'information boiteux, des ressources humaines en grandes difficultés, un dysfonctionnement organisationnel, des gaspillages et des perditions à volonté, des retards dans le paiement des prestations et des déficits qui s'installent et s'accentuent.
Pour surmonter cette crise profonde, l'intervention du Conseil d'administration était indispensable, puisque c'est à lui de prendre les décisions appropriées. Le 11 septembre, les membres du CA ont tenu leur réunion au cours de laquelle nous avons présenté plusieurs exposés sur l'état des lieux et remis aux membres du CA un rapport copieux de quelque 300 pages qui comporte les détails des exposés et les PV des nombreuses réunions du bureau administratif. A l'issue de cette réunion, les membres du CA ont été unanimes à confirmer que le temps est un facteur déterminant pour sauver les meubles et ont, après un long débat, approuvé un plan d'urgence susceptible de rétablir les équilibres financiers de cette institution et liquider le passif des dossiers de maladie. Un plan qui est en fait une feuille de route avec des priorités et des objectifs à moyen et long termes.
Pouvez-vous nous citer quelques recommandations de ce Plan d'urgence?
Le CA en a choisi une vingtaine, toutes aussi importantes, les unes que les autres, pour l'avenir de la Mutuelle dont la recommandation de trois audits : des comptes, des ressources humaines et du système d'information qui avait coûté à la MGPAP la bagatelle de 4 milliards de centimes et qui reste à ce jour, à 40% inopérant, la mise en œuvre de la loi des marchés publics appliquée par la CNOPS et les autres mutuelles.
Pour ce qui est des bilans financiers des exercices 2004 et 2005, ils ne pourront en aucun cas être crédibles dans la mesure où le représentant de l'Etat n'a pas pris part à la commission de contrôle. Les bilans de 2006, 2007, 2008 et 2009 n'ont pas encore vu le jour.
L'audit concernant les ressources humaines s'impose du fait que la masse salariale qui doit être comprise entre 7 et 13% constitue 55% des recettes de la Mutuelle. Pour avoir une idée plus précise des graves difficultés dont souffrent les ressources humaines, il y a lieu de citer l'augmentation exponentielle de 77% des charges du personnel, entre 2002 et 2008.
Qu'en est-il de votre relation avec les ministères de l'Emploi, des Finances et les responsables de la CNOPS ?
Il fallait changer leur vision, chose qui n'était pas aisée. Il fallait donc les convaincre et leur montrer la bonne volonté de la nouvelle équipe à travers des actions concrètes, car comme je le disais, le facteur temps est primordial pour redresser la barre.
C'était un défi que nous avons pu relever en moins d'un mois et demi, en donnant des signaux forts, notamment que nous sommes dignes et à la hauteur de cette responsabilité pour restructurer et sauver la Mutuelle et par là même assurer des prestations de meilleure qualité, optimiser les dépenses, assurer de bonnes conditions de travail du personnel, une bonne gouvernance, entre autres.
Grâce au soutien du département de tutelle, au renforcement de nos équipes, au suivi rigoureux et à l'étroite collaboration avec la CNOPS, nous avons pu régler 550.000 dossiers de maladie (retraites, orphelins, décès, veuves, etc), soit 80% des dossiers dont certains remontent à 2007 et 2008. Une première dans les annales de la Mutuelle. Cette action y était pour beaucoup dans ce climat de confiance et le début d’une nouvelle ère de coopération.
Quelle démarche allez-vous adopter pour recouvrer les fonds de la Mutuelle auprès de la CNOPS ?
Une commission sera constituée incessamment entre le ministère de l'Emploi et le MGPAP pour étudier les voies et moyens à même de permettre à la Mutuelle de récupérer ses fonds auprès de la CNOPS. Ces fonds estimés à 6 milliards de centimes seront consacrés essentiellement au remboursement des dossiers de maladie et aux autres prestations.
Grâce également à la mise en place de quatre commissions mixtes (Emploi, Finances, CNOPS, MGPAP) qui ont pour mission d'élaborer les procédures à même de permettre de trouver des solutions aux nombreuses difficultés, nous sommes parvenus à régler 85% des dossiers avec la CNOPS.
Qu'en est-il des problèmes juridiques et financiers ?
Une commission tripartite formée des ministères de l'Emploi, des Finances et des responsables de la MGPAP a été créée pour trouver des solutions sinon établir des procédures pour parvenir à surmonter ce genre de problèmes.
Qu'avez-vous décidé pour les 16 régions ?
Nous avons opté pour une stratégie à moyen et long termes dont l'objectif est d’introduire une restructuration profonde. Nous prévoyons de doter les délégations provinciales de l'ensemble des attributions, en conformité avec les lois en vigueur, afin de leur permettre de s'acquitter de leurs missions dans les meilleures conditions. Nous visons une complémentarité entre l'administration et l'élu qui sera le porte-parole du personnel sur place. Au niveau de chaque région, une commission aura pour mission d'étudier ses problèmes, proposer les alternatives et les moyens adéquats et de les transmettre à l’administration centrale.
Quelles sont les perspectives d’avenir?
Nous sommes confiants, même si notre mission est des plus difficiles. Mais avec nos partenaires (Emploi, Finances et CNOPS), nous sommes prêts à relever le défi. Si nous avons mené une lutte acharnée contre l'ancienne équipe, ce n'est pas pour rien; mais pour changer la situation de crise que vit la Mutuelle et pour que notre institution soit gérée avec davantage de transparence et d’efficacité.