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Lundi, alors que les premières cartes électorales étaient distribuées pour la présidentielle du 30 août, le Gabon est sorti lentement de sa torpeur pour s'inquiéter de l'avenir. «C'est le premier enjeu de ce scrutin. Le Gabon peut-il vivre en paix sans Bongo ?», affirme un diplomate africain.
La campagne électorale qui se termine n'a rien fait pour rassurer les Gabonais. Entre les 23 prétendants, les rivalités ont été vives, renvoyant au passé le temps où les tensions politiques étaient rares, et se réglaient le plus souvent à l'amiable dans les salons cossus du Palais des bords de mer. Les polémiques se sont succédé, à commencer par celle concernant la liste électorale.
Publiée officiellement le 18 août dernier, elle recense 813 164 inscrits, un chiffre immédiatement dénoncé par nombre de candidats. «C'est vrai que pour un pays de 1,5 million d'habitants plutôt jeunes cela paraît important. D'autant que l'an dernier, pour les élections locales, on ne comptait que 700 000 électeurs», détaille, prudemment un universitaire de Libreville. Si Alain Joyandet, le ministre français de la Coopération, estime «que le scrutin se prépare dans les meilleures conditions», l'opposition se montre nettement moins mesurée : «La liste électorale est fausse. Selon les ratios internationaux, il faudrait une liste comptant quelque 500 000 électeurs», juge le candidat, Zacharie Myboto.
Longtemps au cœur du pouvoir, l'homme soupçonne par avance des tentatives de fraudes en faveur du fils du défunt président, Ali Bongo. Quinquagénaire rondelet, Ali Bongo a écrasé la campagne et se place en favori à la succession. Riche, il fut le seul ou presque à pouvoir se permettre d'inonder le pays d'affiches et de gadget électoraux. Il a pu aussi compter sur l'appui du Parti démocratique gabonais (PDG), à la tête de l'État depuis quarante ans et redoutable machine politique.
Le PDG peine pourtant à «vendre» son poulain. Ali Bongo souffre d'une réputation qui mine durement sa popularité. On lui reproche les sources floues de sa fortune et des rumeurs l'accusent de n'être que l'enfant adoptif d'Omar Bongo. Ses supporteurs considèrent pourtant sa victoire comme acquise.
Seule certitude, Ali Bongo est l'homme à battre. L'élection, qui ne comporte qu'un tour, très ouverte, a tourné au «tout sauf Ali». «Ce n'est pas anormal. La plupart des rivaux sérieux d'Ali Bongo sont eux aussi très impliqués dans le système mis en place par Omar Bongo où ils ont eu des postes clés. Ils n'ont donc aucune raison de critiquer des dérives du passé», explique un observateur. Dans ce contexte les mots d'ordre de campagne ont souvent viré aux règlements de comptes fratricides.
La candidature surprise d'André Mba Obame, indéboulonnable ministre de l'Intérieur d'Omar Bongo en est le meilleur exemple : il a longtemps été considéré comme le «frère» d'Ali. Casimir Oyé Mba, ancien premier ministre, a martelé son refus d'une «succession dynastique». Dans cette liste, Pierre Mamboundou, opposant depuis 1989, apparaît presque comme une exception.
En filigrane de ce combat de personnes, se dessine celui des différentes ethnies que chacun d'eux entend incarner. Jamais franches, les allusions aux origines des candidats se font néanmoins de moins en moins discrètes au fil des semaines. Au risque de ranimer des querelles que le feu président avait su faire taire à la faveur de «cadeaux» et d'alliances improbables. Omar Bongo disparu, une élection aux résultats contestés achèverait sans doute de mettre à bas cette calme cohabitation et mettrait la paix gabonaise en danger.