Entre le développement du pays et l’économie de rente, il faut choisir : Agréments et désagréments


KAMAL MOUNTASSIR
Jeudi 3 Mars 2011

Entre le développement du pays et l’économie de rente, il faut choisir : Agréments et désagréments
Peut-on aspirer à l’évolution de notre économie sans que l’on se débarrasse de pratiques archaïques, surannées et venues d’un autre âge ? Il va sans dire que l’économie de rente qui continue de profiter  à certains privilégiés nuit à l’économie nationale et constitue un boulet qui empêche l’économie du pays d’avancer au rythme souhaité. Le secteur du transport routier reste l’un des domaines économiques les plus touchés par ces pratiques qui font obstacle à toute évolution et toute amélioration des services rendus.
Environ dix mille agréments de transport public de voyageurs profitent à des   privilégiés. Titre négociable à revenu fixe ou revu à la hausse  au terme du contrat avec l’exploitant et émis par l’Etat au profit de certaines personnes. Et contrairement à ce que l’on veut faire croire, ce ne sont pas les résistants ou leurs familles qui en profitent. Selon des sources fiables, seules quelques centaines de résistants ou leurs héritiers bénéficient de ces autorisations de transport alors que les vrais bénéficiaires appartiennent à une classe des intouchables dans les rouages des institutions de l’Etat : des hauts fonctionnaires, des proches d’anciens décideurs politiques et des hautes sphères….profitent de ces rentes de situation d’où ils tirent avantage du seul fait qu’ils disposent d’une situation protégée, établie et basée uniquement sur une position administrative, militaire ou autre. Ces privilégiés font en sorte de ne pas s’exposer au-devant de la scène et leurs noms n’apparaissent pas directement sur les dossiers. Ce sont des intermédiaires, des membres de la famille ou parfois des employés, des bonnes  ou des chauffeurs qui endossent cette responsabilité. L’agrément dans la poche, le bénéficiaire perçoit une somme pour signer un contrat d’exploitation (qu’on appelle café) et touche un montant mensuel et cela nuit à la profession, au citoyen, à l’exploitant et à l’Etat, donc à toute l’économie nationale.
Professionnellement, les gérants qui exploitent ces agréments sont dans l’obligation de constituer un dossier et d’être en règle envers l’administration et en particulier avec le fisc. Si l’on ajoute la somme de la rente versée au bénéficiaire, toutes les taxes et les charges que nécessitent le circuit d’où passe un autocar, il est impensable de voir ce secteur évoluer. Par ailleurs, l’Etat est lésé dans la mesure où de grosses sommes vont dans les poches de ces  privilégiés sans payer d’impôts, ni de taxes ou de charges. C’est de l’argent facile offert  par le ministère sur des critères et des bases que tout le monde connaît. Certes Abderrahmane Youssoufi avait lancé le projet de libéralisation du secteur pour mettre fin  à toutes ces magouilles et réglementer le secteur. Le programme avait été instauré dans le transport des marchandises mais a été mis aux oubliettes depuis le départ de Si Abderrahmane. Et pourtant la législation des transports est claire à ce sujet : «Tout transporteur agréé doit dans le mois qui suit la notification de la décision d’agrément, justifier, auprès du ministère des Travaux publics, de son inscription au registre du commerce et à la patente, et demande l’autorisation pour les véhicules que son agrément lui permet de mettre en service. A défaut de ces formalités, l’agrément peut lui être retiré par le ministre des Travaux publics suivant la procédure indiquée à l’article ». Chose qui ne se fait jamais puisque, excepté les personnes qui exploitent leur agrément, (et elles sont rares) la loi est bafouée et le lobby ainsi que les poches de résistance à l’équité, l’égalité des chances et la démocratie subsistent toujours dans les méandres de l’Etat. Cette situation fait que le secteur du transport ne peut évoluer et les services rendus au citoyen restent précaires. L’économie de rente qu’on trouve également sous d’autres aspects dans d’autres domaines fait obstacle et va à l’encontre de l’édification d’une économie de production, du mérite et de la concurrence loyale. Le combat économique ou la révolution économique doit se faire dans ce sens afin de permettre une meilleure productivité pour notre économie. Il va sans dire que si la situation persiste, le secteur du transport risque fort de vivre une véritable crise avec la faillite de plusieurs sociétés et individus opérant dans le transport des voyageurs. Si l’on ajoute les autres aspects de l’économie de rente dans les autres secteurs économiques, on s’aperçoit à qu’elle point cet état de faits est générateur de sentiments de haine et d’injustice. 


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