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On le sait, deux événements ont « servi » la cause du PJD. D’abord le film de Nabil Ayouch, « Much loved », qui a permis à la machine islamiste de sortir de l’ombre et de se déployer. Interdit par le ministre de la Communication himself sans que la commission de visionnage du Centre cinématographique marocaine ne l’ait vu, le long métrage en question a fait office de révélateur en se transformant en enjeu idéologique. Les islamistes au pouvoir se sont emparés de « Much loved » pour remobiliser leurs troupes, surfant sur la vague de la morale, des bonnes mœurs et de la religion. La polémique sur l’interdiction de ce film –qui en temps normal n’aurait probablement pas rempli les salles ni suscité des critiques de soutien– ne s’est pas encore tue, qu’une autre allait être de nouveau provoquée par Mostafa El Khalfi. Encore lui. Le concert de la star Jennifer Lopez donné en ouverture de Mawazine est diffusé en différé par 2M. Le PJD, ses figures et ses prolongements crient au scandale, les yeux braqués sur les jambes de la star mondiale.
A qui s’adresse le chef
du gouvernement ?
Le chef du gouvernement s’en mêle et demande des sanctions contre les responsables de 2M qui, dit-il, n’ont pas arrêté la diffusion d’un concert qui décidément préoccupe et occupe les plus hautes sphères gouvernementales. Il prend alors sa plume pour saisir, le 4 juin courant, Amina Lemrini, la présidente de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. La diffusion du concert de Jennifer Lopez est, estime-t-il, une infraction grave et une violation flagrante de la Constitution et de la loi audiovisuelle. Abdelilah Benkirane se fait sans la moindre hésitation le porte-voix des Marocains qui auraient été, selon lui, choqués par «les allusions sexuelles» de Jennifer Lopez, pointant un doigt accusateur sur les «passages et les allusions sexuelles portant atteinte à la pudeur et provoquant les valeurs religieuse et morale de la société marocaine ».
La lettre du chef du gouvernement à la présidente de la HACA soulève bien des questions. Et dans les rangs de l’opposition, on ne manque pas de se les poser. «C’est le chef de l’Exécutif qui a saisi l’autorité de régulation. Le ministre de la Communication passe au deuxième plan. Il est même placé sous la tutelle de la Primature. El Khalfi a beau jeu de publier la lettre de saisine du chef du gouvernement, il n’a plus la main », fait valoir ce député du Parti authenticité et modernité. « Benkirane serait-il le ministre de la Communication bis ? El Kahlfi serait-il sur le départ après avoir multiplié les polémiques toujours sur la thématique du bout de genou qui dépasse et de la mèche de cheveu au vent des femmes pas suffisamment habillées aux yeux du PJD? » , s’interroge avec perfidie notre interlocuteur.
Un gouvernement
qui ne voit que les jambes
de J. Lopez !
Dès mardi 2 juin, Driss Lachguar, le premier secrétaire du parti de la Rose, a dit sa façon de penser. Invité d’une émission de débat d’Al Oula, il a fustigé la posture d’un gouvernement incapable de gérer la crise sociale et économique et qui perd son temps à s’inquiéter des tenues de scène de Jennifer Lopez. « Il est bien triste de voir qu’un festival qui regroupe 5 scènes à travers la ville, réunit tout à la fois des stars mondiales, arabes et marocaines, donne la liberté de choisir son spectacle à des milliers de familles sortant tard le soir en toute sécurité, soit résumé par certains aux jambes de Jennifer Lopez ».
La polémique « Much loved » conjuguée à celle de Mawazine n’est que la partie visible de l’iceberg. A l’approche du scrutin, le PJD aiguise ses armes et menace par des voies détournées. En écrivant à la présidente de la HACA, le chef du gouvernement et patron du parti des islamistes s’adresse-t-il vraiment à la présidente de l’institution de régulation ou passe-t-il un message à quelques autres éventuels destinataires ; les organisateurs de Mawazine en l’occurrence ?