-
Les communes de Lagouira et Dakar s’engagent à renforcer leur coopération décentralisée
-
Le soutien exceptionnel au secteur de la presse et de l'édition prendra fin mars prochain
-
Appel pour une approche scientifique et juridique bien réfléchie dans l'élaboration du nouveau Code de la famille
-
14ème Conférence des ministres arabes de l’Education à Doha : Adoption d'un document de référence pour renforcer l’enseignement inclusif
-
La Grande Mosquée de Paris antre de la propagande algérienne
Pour leur part, David Geoghan et Amanda Graig, couple finlandais, affirment que «cette initiative est un hommage à toutes ces femmes qui ont attendu leurs maris ou fiancés de longues années depuis leur incarcération dans ce bagne. Elles l'ont fait par amour. C'est pourquoi, elles méritent d'être remerciées pour ce noble sentiment qu'elles ont conservé malgré les mauvais tournants de la vie.» Pour leur part, ces 58 officiers se sont accrochés à la vie grâce au grand amour à leurs femmes et à leur pays. Certes, seuls 28 hommes ont survécu jusqu'à la fin. Mais cela n'empêche pas que les martyrs se soient accrochés à la vie avec courage. Les témoignages des survivants montrent que les détenus parlaient plus d'amour et de femmes de leur vie que d’autre chose. Ils pensaient aussi à leurs enfants et leurs amis qui les attendaient dehors. Ils ne pensaient qu'à une seule chose : le retour au foyer dans les bras de leurs êtres chers, notamment leurs femmes. «D'où cette initiative pour rendre hommage à ces couples déchirés physiquement par le geôlier. Mais leurs cœurs les unissaient malgré l'éloignement. Ce qui est formidable dans leur histoire, c'est que leurs femmes ignoraient complètement le lieu de leur incarcération. Pire, elles ignoraient même s'ils étaient encore vivants ou morts. Ces amoureuses ont vécu pour la mémoire de leurs hommes qui ont refusé de les oublier. En un mot : c'est le vrai amour. C'est pourquoi, ces couples méritent cet hommage.», explique Amanda Graig, sur sa page web.
Arrivés jeudi et vendredi, les neuf couples européens ont pris le chemin vers leur destination, la prison de Tazmamart. Ils y installeront un mini-camping de quelques tentes. La nuit du dimanche au lundi, «nous allumerons des bougies en hommage à ces couples déchirés pendant 18 ans. Nous leur offrirons des chansons d'amour. Des poèmes aussi. Nous partagerons avec eux ce noble sentiment à l'origine de l'univers qu'est l'Amour», conclut Youssef Rachik. Le groupe des 9 couples profite de cette initiative pour lancer un appel à toutes les consciences : «La vie ne mérite jamais les guerres et les douleurs. La vie est à partager avec plein d'amour et d'amitié. C'est d'ailleurs la philosophie de la Saint-Valentin que le monde entier célèbre chaque 14 février. Fêtons tous ensemble ce grand jour. Mais, pensons à tous ces couples déchirés par les guerres, les expulsions, les enlèvements… ».
Une page noire
des années de plomb
La prison de Tazmamart fut construite entre 1972 et 1973, juste après le premier coup d'État avorté de Skhirat contre le défunt Roi Hassan II, le 10 juillet 1971. Après l'échec de la tentative du général Oufkir dans le second coup d'État des aviateurs du 16 août 1972, 58 officiers et sous-officiers des Forces Armées Royales furent envoyés à la prison centrale de Kénitra et plus tard à Tazmamart. Une prison conçue spécialement pour eux dans le désert entre Midelt et Errachidia, plus précisément dans la région de Rich.
En 1991, sous la pression de groupes internationaux de défense des droits de l'Homme, ainsi que de certains gouvernements étrangers, Feu Hassan II décida de fermer la prison et de libérer les derniers détenus. Certains ont été exilés à l'étranger, d'autres restèrent au Maroc, mais furent dissuadés d'aborder publiquement leurs expériences à Tazmamart
Selon d'anciens détenus et associations des droits de l'Homme, les conditions de détention à Tazmamart étaient extrêmement dures. Y sévissaient torture et mauvais traitements ; les conditions de vie effroyables étaient les plus grandes menaces pour les détenus.
Les prisonniers étaient enfermés dans des cellules souterraines étroites, conçues pour une seule personne, 24 heures sur 24. Les contacts humains étaient interdits, pas de lumière, peu de nourriture, peu de protection contre les chaleurs torrides de l'été ou le froid glacial de l'hiver. Il n'y avait pas de soins pour les dommages causés par la torture ou les maladies type tuberculose. Les rations de nourriture étaient minimales. Il y eut même des simulacres d'exécution. Ce sinistre bagne est fermé depuis 1991.