En Corée du Sud, les "tatas" de la K-pop revendiquent leur passion

Le phénomène K-pop a débuté en Corée du Sud en 1992 avec le groupe Seo Taiji and Boys


Mardi 12 Mai 2015

En Corée du Sud, les "tatas" de la K-pop revendiquent leur passion
Elles n'ont pas le profil type des fans de boys band, mais les "tatas" quadragénaires de la K-pop de Corée du Sud sont tout aussi obsédées par leurs idoles que les groupies adolescentes.
A Séoul, les murs de l'appartement de Lee Un-Young sont entièrement recouverts de posters de Big Band, l'un des boys band les plus connus de la K-pop (pour "Korean Pop", ndlr), témoignage d'une décennie entière de dévotion.
Le fait qu'à 46 ans elle ait l'âge d'être la mère de chacun des cinq membres du groupe ne perturbe pas cette femme au foyer.
"Il y a beaucoup de quadragénaires comme moi qui ont commencé à suivre Big Band quand elles avaient une trentaine d'années", dit Lee Un-Young. Elle en pince particulièrement pour le leader du groupe, G-Dragon, qui a réussi en parallèle une belle carrière en solo.
Au début, avoue-t-elle, elle éprouvait de la "timidité" en se rendant aux concerts alors qu'elle avait déjà une bonne vingtaine d'années de plus que les adolescentes qui l'entouraient.
"Mais petit à petit, j'ai rencontré des fans de mon âge et on a immédiatement eu des atomes crochus", ajoute-t-elle. "Tous les mois, on est cinq à se retrouver et toutes nos conversations tournent autour de Big Band et de G-Dragon", rapporte l’AFP
Son mari, Park Tae-Kyun, admire la passion de son épouse, mais il se passerait volontiers des posters qui recouvrent jusqu'aux fenêtres de leur appartement. "Même l'été, on n'a pas la lumière du jour", dit-il.
Le phénomène K-pop a débuté en Corée du Sud en 1992 avec le groupe Seo Taiji and Boys, un trio de chanteurs de hip hop et rap : associant musiques pop occidentales et paroles sud-coréennes, le groupe a immédiatement fait fureur au sein d'une jeune génération qui grandissait dans un pays nouvellement entré dans la démocratie comme dans l'opulence.
Puis est arrivée la première vague des "idol groups" comme H.O.T., qui sont devenus à leur tour les modèles des boys band et girls band, lesquels ont exporté la K-pop par-delà des frontières pendant la décennie suivante.
La recette a évolué, mais les ingrédients de base restent les mêmes : les membres de ces groupes doivent être jeunes, beaux, doués d'un sens aigu de la mode et danser dans le cadre de chorégraphies savamment étudiées.
Le caractère obsessionnel de leurs admirateurs tend parfois à l'extrême puisque certains sont même connus sous le qualificatif "sasaeng" (harceleurs). Il s'agit en général de filles âgées de 13 à 17 ans qui n'hésitent pas à entrer par effraction chez leurs idoles.
L'immense majorité des amoureux de la K-pop sont adolescents ou à la rigueur âgés d'une petite vingtaine d'années.
Mais Baek Sung-Hee, femme au foyer, a la quarantaine bien tassée et ne voit rien d'étrange dans sa passion pour cette musique. "Pour moi, l'âge, ce n'est qu'un chiffre, rien de plus", dit-elle.
Avec son amie Park Si-Woo, 45 ans, elles adorent le groupe Super Junior-M, en particulier son chanteur sino-canadien de 25 ans Henry Lau, qui n'est pas Coréen, mais parle couramment la langue.
Park Si-Woo le trouve charismatique. Cette quadragénaire traversait une phase difficile en 2013 lorsqu'elle a entendu pour la première fois Henry chanter la chanson titre de son premier mini-album "Trap".
"J'étais très attirée par cette chanson. Elle me donnait envie d'être libre et de tout quitter", se souvient-elle. A tel point qu'elle a ouvert un snack à Séoul et l'a appelé "Cafe Henry", où elle sert des "Henry burgers".
Baek comme Park connaissent aussi des fans dévoués de la K-pop qui ont la soixantaine et sont un peu gênés par leur passion. "Certains m'ont dit qu'ils avaient tout simplement trop honte de l'admettre", confie Park.
Pourtant, les plus jeunes semblent faire preuve d'une grande tolérance à l'égard des "imos", les "tatas" en sud-coréen, leur témoignant davantage d'admiration que de mépris. 


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