-
Radja Nainggolan privé de liberté pour trafic de drogue
-
Il refuse de vendre sa maison et se retrouve encerclé par une autoroute
-
« Une odeur de chair en décomposition »… L’Australie se passionne pour cette fleur rare et puante
-
« Frustré », il envoie aux gendarmes qui lui ont sucré son permis une carte postale depuis la Thaïlande
-
120 jours immergé sous l'eau dans une capsule, un Allemand bat le record Guinness
San Josecito de Apartado - nominé au Prix Sakharov du Parlement européen pour la "liberté de l'esprit", qui sera décerné le 27 octobre - ressemble à beaucoup de villages colombiens: niché dans une jungle vallonnée, chaude et humide, dans la région bananière d'Uraba (environ 800 km au nord-ouest de Bogota) et presque inaccessible lorsque les pluies s'intensifient.
On y vit de la terre. Et de temps à autre, un des cochons se glissant parfois dans les habitations est sacrifié.
A l'entrée, un panneau distingue San Josecito des autres villages environnants. On y lit: "Communauté de paix".
Ici on "ne participe à la guerre ni de manière directe, ni indirecte", "on ne porte pas d'armes", "on ne livre aucune information sur les parties" au conflit, prévient le panneau.
"En 1996 les premières tueries commises par les milices paramilitaires ont commencé", explique Arley Tuberquia, 20 ans, porte-parole de la communauté.
Ces milices créées officiellement pour combattre la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes), chassaient la population. Ceux qui ne voulaient pas quitter leurs terres étaient assassinés, au nom de leur présumée complicité avec la guérilla.
Près de 173.000 homicides perpétrés par ces milices ont déjà été avoués, selon le parquet, portant sur une période commençant dans les années 1980-90 et s'arrêtant en 2005.
A San Jose "les militaires nous disaient: “Après nous, arrivent les coupe-têtes", les "paras", souvent alliés de l'armée régulière, se souvient le jeune homme en évoquant la première tuerie de six habitants, commise le 18 février 1997. Les victimes étaient "démembrées, avec des scies électriques".
Arley, à l'époque âgé de quatre ans, et sa mère, n'avaient nulle part où aller. Le 23 mars 1997, une poignée de familles, 500 personnes dont sa mère, a donc décidé de créer "une zone humanitaire", qui plus tard deviendrait cette "communauté de paix".
Quatorze ans après, quelque 1.300 personnes vivent encore à San Josecito, regroupant une douzaine de hameaux fondés en 2005 à quelques kilomètres de San José, sur des terres leur appartenant.
La communauté, dirigée par un conseil de huit membres élus, travaille collectivement la terre. Les revenus tirés de l'agriculture ou des donations internationales sont partagés. A midi, tous les jours, Liliana Flores Ramos, cuisinière à la "cantine communautaire" sert une quarantaine de repas gratuits pour les 28 enfants scolarisés et les onze personnes âgées du village.
Une vie solidaire assombrie par la paranoïa dans laquelle vivent aujourd'hui les habitants de cette région, où s'opposent encore les Farc et des bandes composées d'ex-paramilitaires démobilisés entre 2003 et 2006.
Selon eux, depuis 1997, 210 membres de la communauté ont été assassinés par les parties - armée, paramilitaires ou guérilla - refusant de croire à leur neutralité et les accusant de complicité avec l'un ou l'autre camp.
La sélection de San Josecito pour le Prix du Parlement européen, qui annoncera jeudi les trois finalistes, a d'ailleurs été contestée par l'organisation "UnoAmérica", luttant contre l'extrême gauche en Amérique latine et ayant accusé ses habitants, dans une lettre ouverte au Parlement, d'être des alliés de la guérilla.