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", en jargon militaire, a été l'un des plus grands scandales impliquant l'armée colombienne durant sa confrontation avec les rébellions de gauche. Bien que l'état-major nie toute pratique systématique, des officiers et des soldats ont admis devant la JEP leur implication dans ces crimes. Les militaires tenaient le compte des guérilleros et narco-trafiquants tués et ces résultats "positifs" leur valaient médailles, permissions et promotions. Mais des milliers de morts étaient des civils abattus de sang froid. Jusqu'à l'an dernier, le parquet a été saisi de 2.249 cas d'exécutions extra-judiciaires commises entre 1988 et 2014, dont 59% de 2006 à 2008, sous la présidence d'Alvaro Uribe qui a mené une féroce offensive contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). L'ex-président de droite, au pouvoir de 2002 à 2010 et opposé à l'accord de paix qu'il juge laxiste envers les anciens rebelles, a accusé jeudi la JEP de "discréditer" son gouvernement. Il a nié avoir incité les militaires à "violer la loi" quand il exigeait leur "efficacité". Selon Jorge Cuervo, professeur en politiques de justice et des droits humains de l'université Externado, l'instruction de la JEP "va beaucoup plus nous rapprocher (...) de la réalité de ce qui s'est passé durant le conflit armé colombien".
L'enquête au cas par cas du parquet est "insuffisante pour rendre compte" de la dimension de ces crimes, a-t-il estimé, saluant la décision de la justice de paix de regrouper les dossiers, comme pour les enlèvements commis par l'exrébellion marxiste. En janvier, la JEP a déterminé que 21.000 personnes ont été séquestrées et inculpé huit anciens chefs guérilleros. Le général en retraite Mario Montoya, ancien commandant de l'armée de terre, est le militaire de plus haut rang entendu par la JEP. En dépit de témoignages à charge, il nie avoir incité ses troupes à exécuter des civils. "Il y a 2.140 militaires impliqués dans des enquêtes sur des exécutions extra-judiciaires, soit 0,9% des hommes qui ont opéré dans l'armée de terre durant la période mentionnée (...) ce qui montre qu'à aucun moment, il n'y a eu de directive pour des faits aussi atroces", arguait son avocat Andrés Garzon lors d'une interview à l'AFP l'an dernier. Les ex-guérilleros, paramilitaires et militaires entendus par la JEP peuvent bénéficier de peines alternatives à la prison s'ils avouent leurs crimes. Sinon, ils risquent jusqu'à 20 ans d'emprisonnement devant la justice ordinaire. Blanca Monroy, dont le fils a été assassiné en 2008, s'est félicitée de l'avancée des investigations montrant "qu'il y a eu beaucoup de faux positifs sur tout le territoire"."Cela nous attriste que l'armée de terre, qui doit veiller sur nous (...) ait fait pleurer tant de mères, laissé tant d'enfants orphelins, tant de soeurs éplorées", a-telle déclaré à l'AFP.
La majorité des "faux positifs", dont 25% des 6.402 cas, ont été tués dans le département d'Antioquia (nord-ouest). "La IVe Brigade, qui contrôlait cette zone, pourrait être responsable de 73% des morts répertoriés dans le département entre les années 2000 et 2013", selon la JEP. Les restes de victimes ont été trouvés dans le cimetière de Dabeiba (Antioquia), grâce aux confessions de militaires sur des cas qui, dans leur majorité, "n'avaient par fait l'objet d'investigations par la justice ordinaire", at-elle précisé. Outre l'Antioquia, les départements du Norte de Santander (nord-est), de Huila (centre), du Casanare (est) et du Meta (sud), ainsi que la côte caraïbe sont considérés comme prioritaires par la justice de paix. Selon Tania Parra, avocate de deux militaires, le rapport publié jeudi montre qu'il y a eu "complicité" des autorités pour "occulter" les faits. Pour "les morts, une investigation est toujours ouverte", mais "ou il n'y a pas de résultats ou (...) les responsables sont absouts", a-telle déclaré à l'AFP. Au moins 20 des 219 militaires cités devant la JEP sont sous protection suite à des menaces consécutives à leurs dépositions.