-
Le régime syrien perd la ville d'Alep
-
L'Etat belge condamné pour le placement forcé d'enfants métis au Congo pendant la colonisation
-
Gaza compte le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde
-
L'Unrwa annonce suspendre la livraison d'aide par un point de passage clé depuis Israël
-
Biden en Angola pour tenir in extremis une promesse à l'Afrique
Des violences se sont produites dimanche lorsque des civils sont descendus dans les rues d'Urumqi, capitale de la province autonome. Des véhicules ont été saccagés ou incendiés et des heurts ont opposé manifestants et forces de sécurité.
Les autorités parlaient dimanche soir de trois civils de l'ethnie Han tués dans ces émeutes mais le chef du Parti communiste local, Li Zhi, a avancé lundi le bilan de 140 morts, selon l'agence semi-officielle de presse China News.
L'agence officielle Chine nouvelle a pour sa part fait état de 129 morts et 816 blessés, annonçant en outre l'arrestation de plusieurs centaines de personnes, dont dix seraient à l'origine du mouvement. Entre 300 et 500 personnes sont descendus dans les rues d'Urumqi dimanche, selon les autorités. Chine nouvelle a évoqué des émeutiers qui "se sont illégalement réunis en plusieurs endroits de la ville et se sont mis à frapper, détruire, piller et incendier". D'autres sources ont estimé le nombre de manifestants à 3.000. "La situation était sous contrôle" lundi matin et les autorités ont fermé les rues à la circulation dans certains quartiers, a écrit Chine nouvelle. On ne signalait pas de violences en d'autres endroits de la province.
Des habitants ont rapporté que l'accès à internet avait été coupé à Urumqi.
Les émeutes ont débuté après une manifestation contre la réponse du pouvoir chinois à des heurts entre des membres de l'ethnie Han et des ouvriers ouïghours, fin juin dans l'extrême sud-est de la Chine. Deux membres de l'ethnie ouïghoure, musulmane et turcophone, avaient été tués à Shaoguan, ville du Guangdong.
Un haut responsable local a imputé ces troubles aux forces extrémistes de l'étranger, laissant entendre que les autorités allaient sévir dans cette région sous haute tension.
"Après l'incident (de Shaoguan), les trois forces de l'étranger se sont évertuées à faire monter tout ça et ont saisi cette occasion pour nous attaquer, appelant à des manifestations dans les rues", a déclaré Nuer Baikeli, gouverneur du Xinjiang, dans un discours télévisé.
L'expression "trois forces" se rapporte à des groupes que le gouvernement accuse de velléités séparatistes, d'actions militantes et d'extrémisme religieux.
Un autre responsable chinois a déclaré à Chine nouvelle que "les troubles ont été ourdis par le Congrès ouïghour mondial ouïghoure dirigé par Rebiya Kadeer".
Rebiya Kadeer est une femme d'affaires exilée aux Etats-Unis après avoir passé plusieurs années en prison. Elle est accusée d'activités séparatistes.
Les organisations ouïghoures en exil ont nié l'existence d'un complot présumé et affirmé que les émeutes étaient le fruit de la colère grandissante envers les politiques gouvernementales et la domination de l'ethnie Han dans le secteur économique.
"Ils nous accusent afin de détourner l'attention des Ouïghours de la discrimination et de l'oppression qui ont provoqué cette manifestation", a déclaré Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès ouïghour mondial exilé en Suède.
"Cela a commencé comme une assemblée pacifique. Il y avait des milliers de gens qui criaient pour la fin des discriminations ethniques (...) Ils n'en peuvent plus de souffrir en silence", a-t-il ajouté.
Les accusations de complot à l'encontre de mouvements indépendantistes en exil font écho à celles lancées l'année dernière, lors des émeutes au Tibet imputées par Pékin à "la clique du dalaï-lama".
Pour Nicolas Bequelin, spécialiste de la Chine pour l'organisation Human Rights Watch, "cet incident risque de diviser encore davantage les groupes ethniques du Xinjiang (...) La réaction officielle sera grosso modo ce que nous avons observé au Tibet - plus de répression, un contrôle plus strict."