Elyazghi condamne les propos de Chabat devant le Conseil de gouvernement : La mémoire salie de Ben Barka

Les déclarations incendiaires de Hamid Chabat, le secrétaire général de l’UGTM et membre dirigeant de l’Istiqlal, ont fini par rattraper les travaux du Conseil de gouvernement ce jeudi 23 avril. Selon des sources proches du gouvernement, Mohamed Elyazghi, ministre d’Etat sans portefeuille, a pris la parole pour exprimer très officiellement devant ses pairs sa forte protestation des propos tenus par M. Chabat à l’encontre de Mehdi Ben Barka. « Les ministres venaient tout juste d’achever leurs exposés et le premier ministre avait ouvert le débat général comme à l’accoutumée. M. Elyazghi s’est alors exprimé pour condamner les déclarations du secrétaire général de l’UGTM », confie un membre de l’Exécutif que dirige Abbas El Fassi. Selon le témoignage de plusieurs ministres présents, M. Elyazghi a retrouvé tout son talent d’avocat pour protester, dénoncer et condamner le fait que la mémoire d’un symbole du mouvement national soit éclaboussée et salie par un leader de syndicat proche du premier ministre. « Ben Barka a lutté contre l’occupation du Maroc, il était le pire ennemi du Maréchal Juin et s’est battu pour que le Maroc soit un pays libre et indépendant. Que ceux qui aujourd’hui remettent en cause son intégrité, son patriotisme, son militantisme seraient bien inspirés de demander au gouvernement français de lever le secret défense sur les archives qui pourraient contribuer à faire éclater la vérité sur l’assassinat du martyr Ben Barka. Ceux-là mêmes seraient inspirés de rappeler au Conseil consultatif des droits de l’Homme que le dossier Ben Barka est toujours en suspens et que le mystère n’est toujours pas résolu. Ceux enfin qui, aujourd’hui, contribuent à la falsification de l’Histoire et de l’histoire d’un emblème tel que Mehdi Ben Barka seraient beaucoup plus inspirés de convaincre ceux qui savent quelque chose sur les circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat du martyr Ben Barka  de témoigner devant la justice au nom de la vérité», aurait déclaré en substance Mohamed Elyazghi. Une pierre dans le jardin gouvernemental… Entre les lignes, Mohamed Elyazghi rappelle que le gouvernement devrait plutôt assumer ses responsabilités pour que la lumière soit faite sur l’enlèvement et l’assassinat de Mehdi Ben Barka La sortie de Mohamed Elyazghi vient remettre quelques pendules à l’heure. La surenchère de Hamid Chabat est loin de contribuer à la sérénité des relations de deux partis « alliés ». Et Abbas El Fassi, qui se plaint souvent d’avoir mal à sa gauche, semble dépassé par les agitations du patron de son aile syndicale. A l’approche des communales, véritable test pour la majorité, l’USFP et l’Istiqlal sont-ils en train d’affûter leurs armes ? En tout cas, les dirigeants des deux partis assurent, main sur le cœur, que leur alliance est stratégique. Quant à la cohésion gouvernementale, elle est loin d’être remise en cause. « Il faut dépasser tout cela. La solidarité et l’homogénéité du gouvernement sont plus solides que jamais. Nous nous en référons tous à la déclaration de politique générale », conclut le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, tout en s’interdisant de rendre compte de débats internes au Conseil de gouvernement.