El Waha des jardins de l'Agdal: Des veillées à la belle étoile


K.b
Lundi 16 Juillet 2012

El Waha des jardins de l'Agdal: Des veillées à la belle étoile
Si le boulevard Mohammed VI du quartier Gueliz Hivernage est un lieu de détente nocturne pour plusieurs Marrakchis et visiteurs, El Waha, situé au beau milieu des jardins de l'Agdal, est le lieu de rendez- vous des habitants de Sidi Youssef Ben Ali. Un endroit familier où des personnes se sentent en famille, entre amis et voisins, et qui s'habituent à se retrouver chaque soir, surtout avec ces dernières chaleurs, pour discuter, pratiquer différents jeux de société ou tout simplement partager le fardeau d'un quotidien devenu  stressant. « Quand on se retrouve avec des amis ou même des membres de la famille, on n'a pas l'impression d'être dans un jardin public, mais bien chez nous, dans nos propres maisons, tellement les visages nous sont familiers », rapporte un habitué des lieux.
Dès le coucher du soleil, des dizaines puis des centaines de visiteurs envahissent ce lieu magnifique, avec l'idée de se rafraîchir et de retrouver, non sans nostalgie, la notion de «nzaha», tellement chère à nos grand-parents, et qui consistait à l'époque à pique-niquer en famille ou avec les amis, surtout aux alentours du grand bassin de la Ménara. Mais si la « nzaha » était le plus souvent réservée à la gente masculine, le jardin El Waha est ouvert à tous. Hommes et femmes, chacun a sa place et son groupe de prédilection. Depuis le début de la soirée, les discussions s'enflamment, les parties de cartes se corsent, sans pour autant dépasser le seuil du respect de l'autre; les verres du thé à la menthe font surface, car pour tous, c'est le seul liquide qui a la vertu de rafraîchir le corps. Ces sorties nocturnes ne font pas la joie des seuls promeneurs, car, beaucoup de commerçants ambulants, se font un petit bénéfice. En plus des épiceries et autres crémeries qui s’activent à servir une clientèle qui se fait rare pendant la journée, à cause de la canicule, des vendeurs de saison, en l'occurrence ceux des saucissons remplissent la place et font concurrence à ceux déjà existants depuis toujours. Mais conscients que chacun a sa part de « marché » en cette période estivale, tous ces commerçants se sont habitués à coexister lors de ces soirées nocturnes, même si de temps en temps un petit malentendu se termine généralement par l'intervention des amis d'à côté.
A partir de minuit, certaines personnes commencent à quitter les lieux, car une nouvelle journée de travail les attend le lendemain. D'autres, plus libres peut-être, prennent encore un peu plus de temps avant de se décider à aller regagner les bras de Morphée. Mais les plus hardis, ceux qui fort l'exception, préfèrent passer la nuit à la belle étoile et ne rejoignent chez eux qu’aux premières lueurs du jour.  Tout cela se passe sous l'œil bienveillant des forces de l'ordre qui, sans trop se faire remarquer, assurent la protection et la sécurité de tous ces noctambules des périodes chaudes. Ces veillées, loin de causer une gêne, constituent un trait d'union entre tradition et modernisme dans une ville où ils ont encore leur place.


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