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Dans ce cadre, quel diagnostic pourrait-on faire de la situation du Maroc ?
« Le Maroc à l’instar des autres pays du Maghreb traverse une situation très difficile. Les perspectives de croissance n’ont pas cessé de dégringoler. Même le chiffre prévu dans la loi de Finances n’a pas été retenu et on se retrouve avec une croissance économique très faible de l’ordre de 2,4 » comme l’a indiqué Lahcen Achy, enseignant chercheur à l’INSEA.
Selon lui, plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Sur le plan interne, et pour un pays dont l’économie dépend particulièrement de la clémence du ciel, les pluies n’étaient pas au rendez-vous cette année. D’où une saison agricole inférieure à la moyenne avec tout ce que cela engendre comme contraintes autant pour l’Etat que pour le citoyen. S’ajoute le fait que les soulèvements sociaux qu’a connus le pays en 2011 ont généré forcément des dépenses. L’augmentation des salaires et la Caisse de compensation qui a coûté à l’Etat plus de 50 milliards de DH ont creusé sensiblement le déficit budgétaire. Sur le plan externe, les données ne sont pas meilleures, comme n’a pas manqué de le souligner M. Achy. La balance commerciale est très largement déficitaire du fait que les exportations ne couvrent que 45 % des importations. Les recettes du tourisme et des transferts des MRE ne parviennent pas à maintenir l’équilibre. Le Maroc demeure très tributaire de l’Union européenne et la crise que traversent nos partenaires ne semble pas arranger les choses. Pire encore, les réserves de changes ne couvrent plus qu’une période de 4 mois. Est-ce une situation inédite ? La crise que traverse actuellement le Maroc se rapproche beaucoup de celle des années 80, a rappelé l’orateur.
Quid de la situation en Algérie ? Pour Nassim Oulmane, économiste à la commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le pays présente beaucoup de similitudes avec les autres pays du Maghreb. Mais compte tenu de la nature de l’économie algérienne axée spécialement sur les hydrocarbures, la conjoncture est plutôt bonne. Cela n’empêche toutefois pas la persistance d’un malaise social lié au chômage des jeunes. L’économie de rente est fortement ancrée. Les responsables gagneraient à utiliser les capacités de financement disponibles afin d’améliorer la structure économique du pays et opter pour une économie productive, diversifiée et compétitive, a conclu M. Oulmane.
La Tunisie, le pays d’où tout a commencé, a connu pour sa part des changements profonds. Une nouvelle constituante et un nouveau gouvernement sont mis en place juste pour une année. Le caractère de transition reste très dominant et ne manque pas d’avoir un fort impact sur l’économie, comme l’a souligné M. Achy. De ce fait il n’y a pas assez de visibilité. D’après le budget rectificatif établi, il apparaît que les perspectives en termes de croissance économique pour l’année 2012 tendraient à atteindre le chiffre de 3 %. Ce taux demeure très moyen après une régression de l’ordre de 1,8 % pour l’année 2011. Pour parer aux effets de la crise, le gouvernement tunisien et toujours dans le cadre du budget rectificatif, a eu recours à des ressources exceptionnelles. Ainsi 800 millions de dollars représentant les actifs pris sur l’ancien régime, 300 millions de dollars correspondant aux recettes de la campagne de solidarité lancée par le gouvernement et 400 millions de dollars d’aide et de dons extérieurs pourraient éventuellement aider les responsables à tirer le pays vers le haut.
Qu’en est-il des investissements étrangers dans les pays du Maghreb ?
Il apparaîtrait, d’après les intervenants, que l’Algérie ne privilégie pas beaucoup ce créneau. Beaucoup d’entraves sont à souligner notamment au niveau du système bancaire. Le Maroc et la Tunisie, pour leur part, ont déployé beaucoup d’efforts à cet effet. Une large ouverture s’est effectuée afin d’attirer le plus grand nombre d’investisseurs. Mais les investissements se font généralement dans l’immobilier, le tourisme et autres mais pas dans l’industrie. Et c’est cela qui pose problème. Pour promouvoir davantage l’économie, il faut se focaliser sur les industries à forte valeur ajoutée. Un climat d’affaires sain basé sur une bonne gouvernance, un appareil judiciaire et un enseignement performants guideraient mieux les investisseurs vers la région.
Et l’intégration économique régionale ? Ce serait sans doute la réponse à toutes les attentes. Une union politique et économique, un rêve tant caressé mais difficilement réalisable. Et pourtant tout le monde y gagnerait. Et l’Union européenne qui aura un partenaire plus solide et plus fiable et les pays du Maghreb dont le poids sera plus lourd en termes de négociations. Mais apparemment il y a un vrai blocage au niveau des instances politiques.
Toutes les opportunités dont regorge la région n’ont pas encore été saisies. Il est temps de les mettre à profit, ont assuré en chœur les intervenants.