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Une bactérie peut-elle survivre dans des graines pendant des mois voire des années sans perdre de sa virulence ? C'est la question qui se pose depuis que des semences de fenugrec «bio», une plante voisine du trèfle, produites en Égypte en 2009 et en 2010 sont suspectées par les autorités sanitaires européennes d'être à l'origine des deux épidémies d'Escherichia coli O 104 ; H4 survenues en Allemagne et à Bordeaux ces dernières semaines et responsables d'au moins 48 décès (47 en Allemagne et un en Suède).
Les bactéries E.coli sont en effet adaptées pour vivre dans l'intestin des mammifères, en particulier celui des ruminants. Un environnement chaud et humide aux antipodes des graines qui sont des produits très secs, donc peu propices à leur développement. En outre, contrairement à d'autres bactéries, comme les Clostridium, les E.coli sont incapables de se transformer en spores, un mécanisme de survie permettant à ces micro-organismes de résister à des conditions extrêmes.
Malgré cela, les spécialistes contactés par Le Figaro estiment que l'hypothèse, pour improbable qu'elle soit, n'en est pas moins plausible. Pour François-Xavier Weill, microbiologiste à l'Institut Pasteur à Paris, «la contamination a pu avoir lieu à l'intérieur de la graine dans un milieu moins sec qu'à la périphérie, et donc plus favorable à la conservation de la bactérie.» Et de citer une expérience menée sur une autre souche d'E.coli (O157 ; H7) où les chercheurs ont trouvé des bactéries à l'intérieur de plantules après germination.
Selon Gilles Salvat, le directeur du laboratoire de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) à Ploufragan (Côtes-d'Armor) la bactérie a pu survivre «sous les téguments de la graine».