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Lors de l’ouverture des travaux du conseil national du parti de la Colombe, tenu le week-end dernier à Skhirat, Salaheddine Mezouar n’a pas mâché ses mots pour critiquer le chef du gouvernement qu’il a accusé de vouloir imposer sa tutelle sur le RNI et de le priver de son indépendance. « Notre engagement auprès de la majorité n’annule pas notre droit d’ouverture sur d’autres potentialités politiques », a martelé Mezouar. Et de poursuivre : « Diviser les acteurs politiques en des alliés et des ennemis (allusion faite à Benkirane sans le nommer) conduira à la « fitna » et cela est en contradiction avec l’essence même de la démocratie ».
Le président du RNI est même allé plus loin. Il a estimé que l’actuelle majorité gouvernementale ressemble à une coalition plutôt qu’à une alliance. « La scène politique n’est pas faite d’ennemis mais plutôt de consensus et c’est pourquoi le chef de l’Exécutif nous a demandé de rejoindre son gouvernement dans une conjoncture où nos relations étaient exécrables. Alors je me demande comment on s’est transformés, du jour au lendemain, d’ennemis en alliés avant de devenir des traîtres », a-t-il lancé.
Les alliances conclues par le RNI avec le PAM lors des élections des présidents des collectivités territoriales ont été également remises sur la table. Le patron du parti de la Colombe a ainsi défendu celles-ci avec des propos identiques à ceux tenus il y a deux mois lors d’une rencontre nationale des présidents des communes et des conseils régionaux étiquetés RNI au cours de laquelle Salaheddine Mezouar n’a pas hésité à accuser les Pjdistes, sans les nommer, d’être les premiers à avoir trahi le Pacte de solidarité gouvernementale signé quelques semaines avant la tenue du scrutin du 4 septembre par les leaders du PJD, du RNI, du MP et du PPS et dont le RNI a respecté 70% des engagements avec la majorité. « On a réagi avec politesse face aux gens qui nous ont critiqués sur ce point mais je les mets en garde contre tout dépassement des lignes rouges », a-t-il lancé.
« La sortie médiatique du leader du RNI n’a rien de surprenant et sera certainement suivie par d’autres vu le contexte préélectoral actuel», nous a précisé Mohammed El Ghali, professeur de sciences politiques à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech. Et de poursuivre : « Ceci d’autant plus que l’alliance du RNI avec le PJD n’a jamais été naturelle. Elle a été dictée par un contexte particulier, à savoir la sortie des Istiqlaliens du gouvernement. Et certains observateurs se sont même demandés si cette alliance était conforme aux convictions et choix politiques du RNI ».
Notre source estime également que cette sortie des ténors du RNI trouve son explication dans les événements qui ont fait dernièrement débat auprès de l’opinion publique nationale, à savoir les grèves des médecins résidents et internes, des enseignants-stagiaires ainsi que la crise d’Amendis. « Le RNI veut se démarquer de la politique gouvernementale et il estime qu’il ne lui sera pas bénéfique de cautionner les politiques antisociales de l’Exécutif afin de préserver ses bases électorales», nous a-t-elle expliqué. Et de se demander : « Mais est-ce que le RNI a le droit moral de faire une telle critique de la majorité ? S’il est vrai qu’il a juridiquement le droit d’agir de la sorte, il reste pourtant difficile à juger cette sortie du point de vue de l’étique et des traditions politiques».
Rappelons que le RNI a déjà franchi le pas en faisant prévaloir ses principes de base au sein de la coalition gouvernementale, lors du débat sur l’héritage soulevé par le mémorandum du CNDH.
Un communiqué publié en novembre 2015 par le bureau politique du RNI a mis en garde contre les « pratiques injustifiées visant à imposer des positions » (PJD) concernant « la dignité et les droits de la femme ». Le parti de la Colombe s’est également accaparé une marge de manœuvre plus grande sur la question de la langue amazighe, appelant la société civile à se doter d'une vision qui permettrait d'élaborer les projets de lois appropriés et a mis aussi en garde contre le « danger que véhiculent des idées extrémistes ainsi que le double discours (modernisme et islamisme) alors que le pays œuvre sans relâche pour consolider la culture de la modération et du progrès».
C’est donc une triste image que la majorité gouvernementale renvoie d’elle-même à quelques mois seulement des élections législatives prévues en octobre prochain. Laquelle suscite plusieurs questions à propos de la solidarité gouvernementale et la capacité de la majorité à gérer les affaires du pays. Ainsi, il est légitime de se poser des questions à propos du degré de confiance que les composantes de la majorité placent les unes dans les autres et du crédit que l’on peut accorder à une majorité éclatée, censée relever le défi de la préparation du prochain scrutin électoral.