"La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d'égalité et basé sur le respect mutuel", a indiqué devant la presse une porte-parole du ministère chinois du Commerce, tout en assurant que son pays allait "se battre jusqu'au bout" face aux droits de douane américains.
Imposée par l'administration américaine à un taux prohibitif de 125%, Pékin a riposté à 04H01 GMT avec des droits de douane de 84% sur l'ensemble des produits américains importés sur son territoire, dont la valeur a atteint 143,5 milliards de dollars en 2024.
Cette nouvelle escalade n'a pas empêché les principales places boursières asiatiques et européennes de rebondir, les investisseurs pariant sur une accalmie dans la guerre commerciale mondiale après le revirement inattendu du président américain mercredi soir.
Confronté au plongeon des marchés, l'ex-magnat de l'immobilier a en effet annoncé un gel de 90 jours des taxes à l'importation qu'il venait d'imposer à une soixantaine de pays et partenaires, dont l'Union européenne, ne maintenant à leur égard que le taux plancher de 10% entré en vigueur début avril.
"Il faut être flexible", a-t-il justifié lors d'un échange avec la presse à la Maison Blanche, en reconnaissant que sa retentissante annonce d'un matraquage douanier généralisé la semaine dernière "effrayait un peu" les investisseurs, rendus "fébriles".
Cette décision a été saluée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a loué jeudi une "étape importante vers la stabilisation de l'économie mondiale".
Egalement soulagés, les marchés asiatiques et européens ont fortement rebondi au lendemain d'une journée noire. La Bourse de Tokyo s'est ainsi envolée de 9% à la clôture et celle de Séoul de 6,6%. En Europe, la Bourse de Paris a décollé de 6,27% à l'ouverture, celle de Francfort de 7,81% et celle de Londres de 5,91%.
Les marchés espèrent la mise en place de négociations commerciales entre l'administration américaine et ses principaux partenaires, qui permettraient d'éviter un cycle de représailles sans fin susceptible de plomber la croissance et la consommation.
Jeudi, les ministres de l'Economie de l'Asean, bloc régional regroupant dix pays d'Asie du sud-est, se sont engagés à l'issue d'une réunion par vidéoconférence à "ne pas imposer de mesures de rétorsion" contre les Etats-Unis et se sont déclarés prêts à entamer un dialogue.
Membre de l'Asean, le Vietnam, qui était visé par des majorations douanières de 46%, a lui assuré vouloir entamer des négociations sur un accord commercial réciproque avec les Etats-Unis, et assuré vouloir acheter davantage de produits américains, y compris des équipements de sécurité et de défense.
Visée depuis mi-mars par 25% de taxes sur l'acier et l'aluminium, l'UE a, elle, voté mercredi des mesures calibrées contre plus 20 milliards d'euros de marchandises "made in USA".
Selon Donald Trump, "plus de 75 pays" se sont manifestés pour "négocier" avec les Etats-Unis. Dans un message posté dans la nuit sur son réseau Truth Social, le président américain a fait part de sa satisfaction après son revirement: "Quelle journée, et il y en aura d'autres!!!", s'est-il exclamé.
Ces dernières heures, plusieurs voix ont mis en cause son attitude, en évoquant une possible manipulation boursière. Quelques heures avant son revirement, qui a fait rebondir les marchés, le milliardaire avait en effet encouragé ses abonnés à investir en Bourse: "C'EST LE MOMENT D'ACHETER", avait-il écrit.
Les surtaxes américaines, censées convaincre les industriels de rapatrier leur production aux Etats-Unis, avaient frappé des économies dépendantes de leurs exportations. Elles avaient conduit des économistes à alerter sur les risques pour l'inflation et la croissance mondiale.
Ce risque n'est cependant pas complètement levé, d'autant que le bras de fer diplomatique et commercial entre Pékin et Washington ne montre pas de signes d'apaisement.
Selon la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, cette guerre commerciale pourrait réduire de "jusqu'à 80%" les échanges de marchandises entre la Chine et les Etats-Unis et effacer "près de 7%" du PIB mondial sur le long terme.
Les droits de douane américains auront un "grave impact" sur la stabilité de l'économie mondiale, a insisté jeudi le gouvernement chinois.