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Driss Lachguar : Le message de félicitations de S.M le Roi est une médaille d’honneur pour tous les Ittihadis femmes et hommes qui ont œuvré toutes ces années durant avec abnégation


Libé
Mardi 15 Février 2022

Nous sommes le parti le plus clair dans sa position sur l’ensemble des expressions de l’islam politique

Driss Lachguar : Le message de félicitations de S.M le Roi est une médaille d’honneur pour tous les Ittihadis femmes et hommes qui ont œuvré toutes ces années durant avec abnégation
Quelques jours après sa réélection à la tête de l’USFP, Driss Lachguar a accordé un long entretien à nos confrères de Maroc Hebdo, dans lequel il est notamment revenu sur les priorités du parti pour les cinq prochaines années, sur son rôle, en tant que formation d’opposition, dans la mise en œuvre du nouveau modèle de développement (NMD) et sur le déroulement des travaux de son XIème congrès. Il a également abordé la non participation de l’USFP à la majorité et la position du parti sur l’ensemble des expressions de l’islam politique.
Le Premier secrétaire s’est, en premier lieu, exprimé sur le message de félicitations que lui a adressé S.M le Roi Mohammed VI, à l’occasion de sa réélection à la tête du parti de la Rose. «Nous ne pouvons que ressentir de la fierté et de la gratitude envers Sa Majesté, qui a entouré à travers cette lettre notre parti de sa haute sollicitude. En même temps, cette lettre est une charge avant d’être un honneur», a-t-il souligné. «D’un autre côté, je la considère comme une médaille d’honneur pour tous les Ittihadis femmes et hommes qui ont œuvré toutes ces années durant avec abnégation, au milieu d’un torrent d’accusations gratuites, de rumeurs, de tentatives de calomnie et d’assassinats symboliques. Par conséquent, nous l’avons reçue avec grande gratitude en tant qu’appréciation Royale pour tous nos efforts et en tant que directive pour plus de travail, et rien d’autre», a-t-il poursuivi.
Répondant à une question sur le rôle du parti, en tant que formation d’opposition, dans la mise en œuvre du nouveau modèle de développement (NMD), Driss Lachguar a expliqué que lorsque le rapport de la Commission sur le modèle de développement a été publié, «nous avons déclaré qu’il y avait de nombreux recoupements entre le rapport et les positions du parti concernant l’Etat social, ainsi que la ligne idéologique du parti, c’est-à-dire la social-démocratie». «Et si vous revenez au programme électoral du parti, vous trouverez qu’il est le plus proche des conclusions des travaux de la commission sur le modèle de développement», at-il indiqué. Et d’ajouter : «Bien sûr, notre présence dans l’opposition, loin de la gestion des affaires publiques depuis la position du gouvernement, ne nous aidera pas à une mise en œuvre exemplaire de notre programme, mais même depuis la position de l’opposition, nous pouvons contrer et mettre à nu toute politique qui s’écarte du nouveau modèle de développement, et soumettre des propositions de lois qui enrichissent les politiques sociales. Nous donnerons pour orientations aux présidents et aux membres des collectivités territoriales issus de notre parti de prioriser les équilibres sociaux».
S’agissant des priorités du parti pour les cinq prochaines années, le dirigeant du parti de la Rose a tenu à rappeler qu’il y a des engagements qu’il a présentés dans sa feuille de candidature avant le congrès. «Et parce que ce sont des engagements multiples, cela nécessite de les agencer selon des priorités», a-t-il fait savoir. «Je peux résumer les priorités en deux axes. Un axe organisationnel qui comprend la poursuite du renforcement du parti à travers l’expansion organisationnelle et le renforcement et le développement des appareils de base et de direction dans trois sens : le premier est lié à la formation, le deuxième a une relation avec la digitalisation, et le troisième, qui est le plus important, est lié à une plus grande ouverture des branches et des organisations du parti à la société», a-t-il estimé. «Et en plus de l’axe organisationnel, un axe politique qui comprend l’accompagnement des deux groupes parlementaires pour une opposition forte surtout aux politiques susceptibles d’affecter les droits économiques et sociaux des classes moyennes et des pauvres, et l’accompagnement des élus du parti dans les collectivités territoriales et les Chambres professionnelles pour une lutte de proximité plus efficace. Tout cela dans la perspective d’habiliter notre parti à se classer premier aux élections de 2026», a-t-il précisé.
Concernant la non participation de l’USFP à la majorité, le Premier secrétaire a tenu à rappeler que «tout parti qui participe aux élections a pour but de faire partie du pouvoir exécutif». «Sur cette base, il se présente face aux électeurs. Nous avons présenté un programme pour la gestion des affaires publiques, non pour l’opposition. Il était donc naturel que notre ambition soit de faire partie du gouvernement, surtout que nous avions doublé nos sièges, et que notre programme est le plus proche de ce qui est indiqué dans le rapport de la Commission sur le modèle de développement en termes de plaidoyer pour un Etat social. Mais cette participation dépend d’abord de l’existence d’une proposition sérieuse et claire, et qu’elle soit le résultat de consultations liées à un accord sur les éléments les plus importants du programme gouvernemental», a-t-il souligné. Et le dirigeant socialiste de préciser : «Du moment que le chef du gouvernement désigné ne nous a pas présenté d’offre sérieuse et a choisi ses alliés à ce stade, cela a tranché notre choix de l’opposition. Nous n’avons rejeté aucune offre sérieuse et claire parce qu’elle ne nous a pas, à la base, été présentée. Mais nous n’avons supplié personne non plus. Nous avons compris qu’il y avait une volonté de former une majorité hégémonique au Parlement et dans les institutions territoriales de la part du trio classé premier aux élections. En conséquence, nous avons choisi l’opposition. Nous avons été clairs sur le fait que l’une des priorités de cette opposition est d’affronter cette hégémonie qui menace le pluralisme».
Interrogé sur l’éventualité d’avoir été utilisé pour neutraliser le Parti de la justice et du développement (PJD), Driss Lachguar a répondu que «personne ne nous a utilisés pour affronter le PJD, mais plus que cela, nous sommes le parti le plus transparent dans sa position sur le PJD et l’ensemble des expressions de l’islam politique en général». «Nous considérons le PJD comme un parti légal avec lequel nous pouvons participer au gouvernement mais avec un programme précis et convenu qui n’entre pas en conflit avec notre identité progressive, et nous pouvons nous coordonner avec lui dans l’opposition dans le même pays, c’est-à-dire dans ce qui ne contredit pas nos valeurs modernistes et progressistes», a-t-il ajouté. «Lorsque nous avons participé avec eux dans le gouvernement El Othmani, la différence avec eux était liée à nos orientations modernistes, et je vous renvoie au retrait par le frère Mohamed Ben Abdelkader, lorsqu’il était ministre de la Justice, du projet d’amendement du Code pénal élaboré par son prédécesseur Mustapha Ramid (issu du PJD, ndlr), car il comportait des clauses incompatibles avec notre défense des libertés individuelles», a-t-il indiqué. «Aujourd’hui, quand nous jugeons le gouvernement actuel, c’est à partir du même référentiel. C’est pour cela que nous disons que sa politique ne diffère pas, dans son essence conservatrice, de la politique du parti ayant dirigé le gouvernement précédent. Malheureusement, il n’y a pas en son sein d’expression partisane qui puisse jouer le rôle que nous jouions, c’est-à-dire la défense des valeurs de modernité, d’émancipation et de libertés individuelles et collectives», a estimé le Premier secrétaire.
Revenant sur le déroulement des travaux du XIème congrès de l’USFP et répondant à une question concernant les 94% de votes avec lesquels il a été reconduit à la tête du parti, Driss Lachguar s’est d’abord interrogé : «Quelle est la relation entre le pourcentage de votes obtenus et la démocratie d’un congrès ou non ?». «Sur cette base illogique, nous considérerons le vote pour la Constitution de 2011 comme antidémocratique du moment que le pourcentage de votants pour le oui a dépassé 90%, et le fait que le vote pour la Constitution est un des plus forts indicateurs de la transition vers la démocratie dans notre pays. Aurions-nous dû modifier les résultats du scrutin pour satisfaire le désir de certains et leur compréhension de la démocratie ? Aurions-nous dû ramener ceux qui ont retiré leur candidature, ou ceux qui ont boycotté le congrès par la force pour qu’il n’y ait que deux candidats ? Je ne peux vraiment pas comprendre ces supputations ?», a-t-il martelé. «Pour moi, la question est très simple. Il y a des congressistes qui ont assisté au congrès après les élections dans leurs branches. Personne ne s’est opposé aux résultats de la délégation des congressistes, et la commission préparatoire n’a reçu aucun recours à leur propos. Les congressistes ont exercé leur droit de vote individuel secret en présence des médias, que ce soit dans la tribune centrale à Bouznika, ou dans les tribunes régionales. Le dépouillement a été fait et les résultats ont été annoncés devant tout le monde», a-t-il tenu à rappeler, avant de préciser : «Par conséquent, le traitement objectif du congrès pour nous nécessite de présenter les faits tels qu’ils sont avec impartialité, et il n’y a rien de mal à exposer les points de vue sur ces faits, mais en précisant leur source et non en généralisant, surtout que nous avons organisé un congrès qui était ouvert aux médias depuis le moment de son ouverture jusqu’à sa fin».
Interrogé par nos confrères de Maroc Hebdo si le fait d’être élu à l’unanimité peut être problématique par rapport à la démocratie interne, le dirigeant ittihadi a d’abord expliqué qu’il n’y a pas d’unanimité autour de lui, car il n’est pas prophète. «J’ai été élu à la majorité et non à l’unanimité. Et puis, j’ai exprimé dans ma première déclaration après le congrès et dans une lettre aux membres du parti que je suis le Premier secrétaire de tous les Ittihadis, indépendamment du fait qu’ils aient voté pour moi ou non, qu’ils soient ou non d’accord avec moi. Concernant la démocratie interne, il y a le statut du parti, il y a aussi un règlement intérieur, et il y a même des dispositions à cet égard dans la loi sur les partis politiques», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Ce sont toutes des références auxquelles je suis soumis, et je suis un juriste avant d’être le Premier secrétaire du parti, et donc il n’y a aucune crainte pour la démocratie interne, en particulier en présence d’un comité de déontologie et d’arbitrage auquel peut recourir quiconque constate une dérive vis-à-vis de la démocratie interne, et le Premier secrétaire est soumis aux décisions de ce comité. Nous sommes donc, un parti d’institutions et non de personnes qui monopolisent les décisions».
Pour ce qui est de l’existence de courants qui ont historiquement fait partie de l’ADN de l’USFP, le Premier secrétaire a expliqué que «la question des courants n’est pas liée à un quelconque refus de principe. La question est liée à l’absence de courants dans le parti, car il faut faire le distinguo entre les courants et les différences d’appréciation». «Dans le passé, il y avait au sein de l’Union nationale des forces populaires (UNFP) par exemple des courants croyant à la violence révolutionnaire, des courants réformistes et d’autres, mais après le congrès extraordinaire de 1975, la ligne de la lutte démocratique a été approuvée comme une voie claire pour le parti. Par conséquent, les divergences au sein du parti après cela sont liées à des différences d’appréciation au sein d’un seul courant qui croit à la lutte démocratique. On ne peut pas considérer la différence qu’il y avait entre les partisans de la participation aux élections et les partisans de leur boycott comme une expression de l’existence de courants, autant qu’elle exprime une différence d’appréciation», a-t-il fait savoir.
Si d’aucuns estiment, selon nos confrères de Maroc Hebdo, que dans de nombreuses circonscriptions l’USFP a été représenté par des notables et non par des Ittihadis au profil plus «classique», Driss Lachguar a précisé que «la majorité des élus au nom de l’USFP au Parlement et dans les institutions territoriales sont ceux qui sont montés en grade au sein du parti et étaient membres du parti avant les élections». «Les rares qui n'étaient pas membres avant étaient liés au parti d’une façon ou d’une autre, ou étaient proches du parti du fait de leurs convictions démocratiques et progressistes. Leurs candidatures ont été acceptées sur la base d’engagements sans équivoque, en tête desquels la défense des options social-démocrates du parti, et sur la base de l’appartenance au parti. Ils font partie des cadres qui constitueront une valeur ajoutée aussi bien dans le parti, le Parlement que les institutions territoriales», a-t-il ajouté, avant de conclure : « L’USFP d’aujourd’hui est l’USFP d’hier à l’aune des valeurs nobles qu’il défend, et l’USFP d’aujourd’hui n’est pas l’USFP d’hier à l’aune des programmes, des formes de lutte, de plaidoirie, de formation et d’encadrement. Sinon nous serions un parti stagnant».


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