Diagnostic, traitement, anesthésie ou opération… : Réponse à toutes les questions sur le glaucome


Par Chakib Abderrahim
Jeudi 18 Mars 2010

Diagnostic, traitement, anesthésie ou opération…  : Réponse à toutes les questions sur le glaucome
Le monde vient de célèbrer cette année entre les 7 et 13 mars 2010 pour la 3ème fois la Semaine mondiale du glaucome.
Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’ophtalmologie marocaine, on connaît la prévalence du glaucome dans notre pays grâce à une étude prospective menée par une équipe d’ophtalmologistes et de professeurs sous la conduite du professeur Berraho Hamani Amina, chef de service d’ophtalmologie de l’hôpital des spécialités de Rabat. Faisant partie d’une communication au dernier congrès national d’ophtalmologie 2010, cette étude scientifique épidémiologique conduite entre mai et juin 2007 intéressant 1182 personnes de la région Rabat-Salé Zemmour-Zaër a conclu à une prévalence du glaucome de 2,2% dans notre pays, c'est-à-dire il existe à peu près 600.000 personnes qui souffrent de cette grave maladie. Cela doit nous (hôpitaux universitaires, publics, semi-publics, cliniques privées et organisations non gouvernementales) inciter à redoubler d’efforts pour dépister de façon précoce cette maladie oculaire et éviter la cécité irréversible.
En 2009, beaucoup de mes malades ayant lu l’article sur le glaucome publié dans une dizaine de journaux marocains, à qui je rends hommage et que je remercie d’avoir participé massivement à cette campagne mondiale de sensibilisation du public sur la gravité de cette maladie cécitante, m’ont demandé cette année d’informer le public sur les moyens de suivi de cette maladie et la chirurgie que beaucoup de citoyens marocains redoutent encore malgré les avancées technologiques en la matière.
Parmi les moyens de surveillance du glaucome, il existe l’examen du champ visuel et les moyens plus sophistiqués notamment l’OCT et l’HRT disponibles au Maroc. L’identification d’une progression du glaucome est capitale pour éviter la cécité irréversible. Sa détection est d’une importance capitale dans la prise en charge du glaucome en raison de l’efficacité des traitements actuels pour ralentir la dégradation du champ visuel et la vision du malade.
L’analyse de la tête du nerf optique repose sur une évaluation clinique bien documentée par un ensemble de paramètres et comparés à un examen antérieur pour juger de l’évolution ou non de la maladie. L’examen du champ visuel et de l’OCT vient compléter l’évaluation de l’état de la tête du nerf optique et nous donner une idée plus précise sur le degré de ses lésions. La fréquence des contrôles est adaptée à chaque situation clinique, en fonction du stade ou de la sévérité des lésions de la tête du nerf optique et du champ visuel. Plus le stade de la maladie est avancé, plus on rapproche les contrôles pour éviter la cécité.  Les nouveaux moyens d’imagerie apportent à l’ophtalmologiste une documentation objective qui améliore la précision diagnostique et la détection de la progression de la maladie incitant le médecin traitant à proposer le meilleur traitement pour éviter la cécité. Ces nouvelles imageries (OCT) sont surtout utiles pour les glaucomes au stade débutant et modéré ou moyen et sans intérêt dans les glaucomes très sévères.
Le glaucome est une maladie chronique qu’il faut traiter et suivre à vie. Il existe de nombreux traitements pour stopper la dégradation de la vision. La chirurgie est une arme efficace pour lutter contre cette maladie. Voici quelques questions que les malades posent toujours à leur ophtalmologiste traitant:

Pourquoi décide-t-on de m’opérer ?

Il existe différents traitements du glaucome : les collyres, le laser et la chirurgie.
Les risques et les effets positifs de chaque méthode sont calculés et on décide généralement d’effectuer une opération lorsque la maladie n’est plus contrôlée par le traitement médical, c’est-à-dire en cas de dégradation du champ de la vision liée à une tension oculaire trop élevée.
La décision est prise en fonction de l’évolution du nerf optique, du champ visuel et de la tension oculaire. Il ne s’agit pas d’une intervention de confort pour se passer des gouttes, mais d’une chirurgie de nécessité liée à l’évolution de la maladie ou à une intolérance aux traitements précédemment utilisés.

Comment est-on anesthésié?

Dans la très grande majorité des cas, l’intervention se déroule sous anesthésie locale. Le produit anesthésique est injecté à côté de l’œil. L’intervention est donc indolore. Cette injection peut entraîner une rougeur de l’œil ou de la paupière qui ne compromet pas le résultat de l’opération. Une consultation anesthésique est obligatoire avant l’opération chirurgicale.
Il est important de signaler tous les traitements que vous prenez ainsi que les investigations que vous avez eues et leurs résultats. Si vous prenez des anticoagulants ou d’autres types de médicaments qui fluidifient le sang : antiagrégants plaquettaires (aspirine, Plavix, Ticlid) signalez-le à l’anesthésiste. Il faut en effet ne pas prendre d’aspirine dans les 2 jours qui précèdent un acte chirurgical.

Comment se déroule l’opération ?

L’intervention se déroule en étant allongé. Après avoir anesthésié l’œil, un champ opératoire (drap stérile) est placé sur le visage, avec un tuyau d’oxygène qui arrive en dessous près du nez pour aider à respirer. La tension artérielle est vérifiée régulièrement (brassard qui se gonfle sur le bras). L’intervention est réalisée sous microscope par le chirurgien aidé par un assistant. Elle ne dure pas longtemps (une demi-heure). Un pansement est placé sur l’œil en fin d’intervention après instillation de gouttes d’antibiotique et corticoïdes. Il est enlevé le lendemain à la première consultation de contrôle postopératoire

Combien dure l’hospitalisation?

Elle est courte. La chirurgie peut être réalisée en chirurgie ambulatoire : entrée le matin et sortie l’après-midi.

En quoi consiste l’opération ?

Le but de l’intervention est de créer une “soupape” qui permet en cas d’élévation de la pression intraoculaire de faire baisser celle-ci. Elle est créée sous la paupière supérieure : c’est “la bulle de filtration”. Il est donc normal après l’opération d’avoir une petite “grosseur” au-dessus de l’œil qui est cachée par la paupière supérieure. Les noms techniques des interventions chirurgicales sont : trabéculectomie, sclérectomie profonde, viscocanalostomie ou valve d’Ahmed. Tout dépend de l’état de l’œil et du stade du glaucome.

Dois-je poursuivre mon traitement jusqu’à l’opération ?

Oui, sinon votre tension intraoculaire remonte. Il faut poursuivre le traitement prescrit jusqu’à l’intervention.

Quel est le traitement à suivre après l’intervention ?

Après l’intervention, un traitement anti-inflammatoire et antibiotique en collyres est prescrit pendant quelques mois. La cicatrisation de l’œil est surveillée régulièrement.
Des consultations postopératoires sont donc nécessaires. Elles sont plus nombreuses que pour une chirurgie de la cataracte. En cas de cicatrisation excessive, on peut être amené à modifier le traitement ou à injecter des substances pour freiner cette cicatrisation excessive qui peut compromettre le résultat de la chirurgie. Comme chaque œil cicatrise différemment, ce traitement diffère d’un individu à l’autre. Les collyres anti-inflammatoires prescrits sont à base de cortisone. Ne vous inquiétez pas si vous lisez sur la notice de ces produits “contre-indiqué en cas de glaucome”. Cette contre-indication ne s’applique pas à la période postopératoire.
Les gouttes contre le glaucome sont arrêtées pour l’œil opéré. Dans certains cas, si la baisse de la pression intraoculaire est jugée insuffisante, les collyres anti-glaucomateux peuvent être repris en complément de la chirurgie.

Quelles sont les précautions à prendre après l’opération ?

Vous pouvez vivre normalement : lire, regarder la télévision, aller au bain turc, faire du sport... Vous pouvez garder vos lunettes dans la journée si vous en portez.

Comment sera ma vision après l’opération ?

Il est normal de voir flou après l’opération. Ce flou transitoire est lié à la petite inflammation liée à l’opération, la baisse de la pression intraoculaire ou à l’instillation de gouttes qui dilatent la pupille. La vision de l’œil opéré revient ensuite au niveau qu’elle avait avant l’opération. Le but de l’intervention n’est pas d’améliorer la vision, mais de diminuer la dégradation du champ visuel qui peut atteindre le centre de la vision. En cas de chirurgie de la cataracte associée, il peut y avoir une amélioration de la vision mais généralement moindre qu’en cas de cataracte isolée sans glaucome.

Peut–on opérer une cataracte en même temps ?

Oui. Il s’agit d’une intervention couramment pratiquée dite chirurgie combinée cataracte et glaucome. L’anesthésie est également locale, mais le temps opératoire est un peu plus long (entre 45 mn et une heure). Il est souvent bénéfique d’opérer en même temps les deux maladies, ce qui permet d’améliorer la vision et d’alléger le traitement.

Est-ce que l’opération du glaucome l’enlève complètement ?

Le glaucome est une maladie chronique comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Le but de l’opération est de normaliser la tension oculaire pour essayer de stopper l’évolution de la maladie.
Une surveillance à vie est donc nécessaire même après l’opération du glaucome. Aucun moyen de nos jours ne peut guérir le glaucome.

L’intervention comporte-t-elle des risques ?

Le risque zéro n’existe pas et toute intervention comporte des risques y compris graves bien que très rares. Les anciennes techniques chirurgicales comportent plus de risque postopératoire que les nouvelles.
On décide d’opérer, car le risque de laisser la situation en l’état (tension trop élevée, dégradation du champ de la vision) est beaucoup plus important que le risque opératoire.


Lu 1979 fois


1.Posté par mutuelle le 20/03/2010 10:48
Merci pour l'article c'est intéressant.

2.Posté par kone le 20/11/2011 22:31
salut a tous,je suis un jeune ivoirien dont le pere soufre du glaucome depuis tres jeune et par manque de moyens son cas s'agrave de jour en jour,cherche un bon traitement pour mon pere et des gens de bonne fois desireux de maider voici mon mail YoulBriner2011@live.fr

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.










    Aucun événement à cette date.


Inscription à la newsletter



services